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AUX COMMISSAIRES ET DIRECTEURS GENERAUX RESPONSABLES DE LA COOPERATION AU DEVELOPPEMENT DE L’UNION EUROPEENNE

(Juin 2011)

La Coopération européenne fait fausse route …. Oser une autre politique

 

 

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Depuis la prise de fonctions de la Commission actuelle,  je vous ai signalé la publication de deux « Lettres ouvertes » (Février 2010 et Janvier 2011), sur le site « eurocooperation-contreregard.org » .

Le Président Barroso informé de ma Lettre 2011, a pris la  peine de me faire répondre par les Services d’« EuropeAid ». Je l’en remercie mais constate avec une certaine  impatience que ces derniers  me renvoient à des études et rapports « participatifs » dont le moins qu’on puisse dire, est qu’ils sont loin de répondre à l’urgence et à la dimension des problèmes de notre coopération. En effet, le Livre Vert sur la politique de développement de l’UE est plein de bonnes intentions et de mots séduisants quant aux objectifs et au contenu (croissance inclusive, développement durable, gouvernance, coordination, efficacité, …) mais on y reste dans une désolante routine et dans un très utopique « wishful thinking » en matière d’approche politique pays, de stratégies de terrain et de cadre de gestion. On affirme à certains détours de phrase qu’il faut « réexaminer » certains de ces points sans avoir toutefois,  le courage d’en faire le cœur de la réforme (voir  « réflexions sur le contexte » ci-après).

Ces documents permettront sans doute de justifier pour quelque temps encore, le fait de ne pas trop bousculer nos vieilles habitudes ni bien sûr, nos interlocuteurs en développement. Or, ce n’est pas ainsi que l’Europe gagnera leur respect et qu’elle pourra justifier auprès des contribuables européens de l’efficacité optimale  de son aide. Continuer dans la routine du laisser-faire actuel est en revanche, le plus sûr moyen d’échouer dans la résolution pacifique des problèmes de géostratégie, de concurrence et de flux migratoires dont la pression sur l’Europe s’accroît chaque jour !

 

Messieurs et Mesdames les Commissaires et Directeurs Généraux de l’Union Européenne, comprenons-nous bien !

 

On ne demande pas à la Commission qui n’en a pas le pouvoir ni la capacité sinon l’ambition, de prendre en charge tous les problèmes de l’Europe et encore moins de la refonder ! Sur ce dernier point, les Gouvernements des Etats-Membres semblent vouloir mettre en place directement, avec la collaboration de la Commission lorsque cela se justifie, un dispositif de coopération et d’action plus opérationnel. Les initiatives franco-allemandes en matière d’économie et de finances, franco-britanniques en matière de défense ou franco-italo-espagnoles pour la politique méditerranéenne en tracent la voie depuis les années 2007/2008.

On ne demande en fait, à la Commission que de remplir efficacement les tâches de coordination et de gestion qui lui ont été confiées, en faisant clairement passer les intérêts de l’Europe et des européens avant un certain nombre de principes ou idéaux exagérément idolâtrés par elle, par exemple en matière de commerce et de concurrence, de circulation des personnes et d’immigration, de coopération et d’aide au développement, etc... 

En ce qui concerne plus particulièrement  la « coopération au développement », il appert que le Livre Vert n’est pas la véritable « révolution » des approches, des stratégies et de la gestion qu’il lui faut.  Or, vous avez dans ce domaine toute l’autorité et les moyens pour enclencher la réforme à savoir :

·         « Réexaminer » (c’est l’expression employée dans le Livre Vert !) les utopies bien-pensantes mais totalement irréalistes de la Déclaration de Paris, du Consensus Européen, des accords d’Accra, etc… dans le sens d’une approche politique plus ferme et moins « angéliste » des pays partenaires. Un dispositif strict de « co-décision et co-direction » doit en vérité, être établi à tous les niveaux du processus d’étude, de décision et suivi des financements ainsi que d’exécution, gestion, contrôle des actions et projets ainsi financés ou co-financés. Ceci suppose qu’on abandonne l’idée très sympathique mais très naïve que les élites auxquelles on s’adresse, se responsabiliseront et se conformeront  au  principe d’intérêt général par la vertu du Saint Esprit et que l’efficacité naîtra de l’alignement de nos actions sur leurs politiques et leurs procédures pour ne pas dire sur leurs caprices et velléités.

·         A l’opposé, revoir les stratégies de terrain dans le sens du principe de responsabilisation/autonomisation lorsqu’il s’agit des bénéficiaires finaux de nos financements, programmes ou projets (communautés de base, collectivités locales, entreprises, institutions de terrain, etc…). Le but est d’aider lesdits « bénéficiaires » à se muer en « acteurs responsables», et osons le dire, de les aider à « s’enrichir par le travail et par l’épargne ». Il faut alors abandonner les pratiques actuelles de fausse participation et d’assistanat qui ne font que renforcer le cercle vicieux du laxisme, de l’irresponsabilité et de la dépendance perpétuant ainsi une assistance éternellement renouvelée, à l’opposé de ce que l’on veut.

·         Rebâtir l’imbroglio des règles et procédures qui bloque les décisions et paralyse l’action en renonçant à rechercher une fausse sécurité de gestion  qui privilégie le confort du gestionnaire européen aux dépens de  la flexibilité et de l’efficacité des projets et par conséquent, des résultats sur le terrain, le seul critère en vérité permettant de mesurer l’utilisation adéquate des fonds européens !

Sur tous ces points, le contexte mondial devrait ardemment inciter les autorités européennes et d’abord la Commission, à prendre quelques risques. L’aboulie, l’attentisme et l’hésitation sont désormais suicidaires face aux défis du monde extérieur. L’Europe doit donc se débarrasser au plus vite, des poncifs de la bien-pensance qui amollit les caractères et tue l’idée même de démocratie responsable ! N’ayez pas peur ! Osez !

 

 

P.S. Réflexions sur le contexte et l’évolution du monde.

Amis intellectuels, politiques, journalistes, entrepreneurs, syndicalistes, travailleurs riches ou pauvres, acteurs de la « société civile » et citoyens de nos pays ! Libérez-vous des poncifs de la bien-pensance qui gâchent votre intelligence et vous découragent d’agir !

 

Le Livre Vert sur « la politique de développement de l’UE en faveur de la croissance inclusive et du développement durable » sera-t-il  le déclencheur du changement que tous les acteurs attendent ?

L’ambiguïté de ce document est gênante. En effet  :

·         On y reste confortablement installé dans les utopies bien-pensantes de la Déclaration de Paris, du Consensus européen et des Accords d’Accra  … et malgré cela, on déclare dans la Conclusion du Livre Vert que « la Commission présentera une communication sur une politique modernisée de l’UE qui s’interrogera entre autres, sur l’opportunité d’un réexamen du consensus européen pour le développement » … et au § 2.7 , on envisage « un réexamen complet de l’instrument appui budgétaire » … Serait-ce vraiment le  tournant révolutionnaire que l’on attend ?  Compte tenu de l’historique des « réformes » des vingt dernières années à la  Commission et des pesanteurs institutionnelles et administratives qui y prévalent, nous sommes plutôt d’avis qu’il s’agit là de déclarations visant à montrer que « tout bouge (ou pourrait bouger !) afin que rien ne  change » ! (selon la moquerie du Prince Salina à propos de la révolution italienne dans l’ouvrage de Lampedusa)

·         On s’abstient par ailleurs, de tirer les conséquences du problème de la non-fiabilité des élites des pays « partenaires » et de la faiblesse et/ou de la corruption des structures d’action et des moyens de contrôle des institutions nationales et locales.  Le point 2.3 du Livre Vert et le document « Supporting democratic governance through the governance initiative » sont à cet égard, animés de purs wishful thinkings avec leurs GAP (governance action plans) et leurs modalités de « paiements par tranches » dont chacun reconnaît déjà qu’ils sont « peu opérationnels » faute d’outils  de mesure adéquats et de confiance entre les acteurs mais aussi en raison d’excès d’angélisme et de tolérance à l’égard de nos partenaires. A propos des GAPs, on lit encore (voir « conclusions and lessons learned ») que « the credibility of the plans may be increased by associating all democratic actors in the countries concerned » : vaste programme ! où une planification inéluctablement artificielle et pratiquement infaisable prendra plus de place, plus d’énergie, plus  d’argent  et plus de temps que la réalisation elle-même si toutefois, elle ne la paralyse pas. C’est une vue de l’esprit théorisée dans les bureaux et totalement déconnectée des réalités, que vient confirmer l’étrange affirmation du § 2.1 du Livre Vert : « nous devons montrer de manière convaincante des résultats positifs de la coopération développement de l’UE (sic !) et pour ce faire, nous devrons intensifier nos efforts pour renforcer les systèmes de suivi-évaluation et de « reporting » tant au sein de l’UE que dans ses pays partenaires » … alors qu’on sait pertinemment que ces systèmes sont rarement capables d’évaluer correctement les résultats concrets du terrain et sont essentiellement des outils centrés sur le contrôle des engagements et des réalisations budgétaires !

On croit rêver : on a là, l’illustration exacte de l’esprit bureaucratique en marche

Par la suite, on accèdera peut-être à la demande de quelques opérateurs de terrain, institutions, ONG ou « think tanks » qui auront envoyé leurs commentaires sur le Livre Vert, en faisant quelques modifications à la marge des procédures et des pratiques actuelles. En effet, on voit déjà  à la lecture des contributions publiées que sauf exception, chacun concentre ses critiques et suggestions sur les problèmes propres à son domaine de compétence technique sans véritable vision de la problématique d’ensemble de la coopération au développement. Ceci n’a rien que de très normal de la part des opérateurs mais la question est de savoir si la Commission est bien consciente que cette vision d’ensemble du contexte et de la réforme relève par nature de son  rôle « souverain » et donc de sa seule responsabilité (et ceci même dans le cas où l’on souhaiterait pour faire plaisir à tous, pratiquer une analyse dite participative du problème et des solutions). 

Bref, on ramène la « grande réforme » au niveau de quelques problèmes méthodologiques, techniques ou administratifs qui sont en effet, à considérer avec la participation et au niveau des opérateurs de terrain. On évite ainsi de prendre trop de risques en s’aventurant sur le terrain beaucoup plus difficile des stratégies régionales, nationales, locales ou sectorielles et sur celui encore plus compliqué des approches politiques à adopter face aux pays partenaires et à leurs décideurs, dont la Commission est et doit rester seule responsable.

 

 

Cohésion sociale, vivre ensemble, identité, « problèmes sociétaux », etc… les réalités trop longtemps tues deviennent explosives.

Par exemple, il n’est pas « indigne » mais au contraire, salutaire d’affirmer les choses suivantes même  si elles vont contre la bien-pensance politiquement et socialement correcte :

·         Contrôler la nature et les flux de l’immigration n’est pas immoral ni indigne mais nécessaire et juste pour aider ceux qui sont déjà là et qui en font l’effort, à mieux s’intégrer au tissu européen. Il est vital en effet, de préserver l’identité et la cohésion de la société européenne pour lui donner la possibilité d’évoluer sans exploser face à des flux trop massifs ou mal réglés sur ses besoins à court et long terme.

Les risques sont grands en effet, dans la phase très tendue de transition économique du monde du 21è siècle avec ses déséquilibres de populations, de niveau de développement et de disponibilité de richesses naturelles sans compter les ambitions politiques et les conflits qui s’ensuivront.

Au reste, l’Europe sauf ponctuellement, n’a pas besoin de main d’œuvre ou de compétences immigrées malgré les déclarations farfelues de quelques membres du patronat qui y voient une source d’économie sur le coût de la main d’œuvre et les professions de foi de quelques belles âmes, chercheurs ou politiciens idéalistes qui prétendent que « l’immigration est une chance et une richesse » !  Cela peut être, mais peut être aussi une catastrophe … et les peuples, les cultures ou les civilisations se sont toujours enrichis sans qu’on ait eu besoin pour cela de prôner comme une urgence, le métissage mondial généralisé et massif !

Laissons aussi de côté les larmoiements sur le sort des immigrés et sans-papiers. Ils sont souvent dans la détresse et beaucoup d’ONG s’en occupent, par charité le plus souvent mais aussi trop souvent pour des raisons politiques. Le problème de l’immigration est beaucoup plus vaste et ne concerne pas que les quelques dizaines de milliers d’immigrés, légaux ou illégaux, mais aussi les millions d’européens qui les reçoivent … et les gouvernements des pays dont ils  sont les resssortissants. N’oublions pas non plus que leurs transferts d’argent permettent de soutenir leur famille au pays et constituent  un formidable appoint à la balance des paiements des pays d’origine qui devrait être mieux utilisé (en particulier  Maroc, Algérie, Philippines, Amérique Centrale, Afrique, Asie du sud, etc…)

De fait, la France et l’Angleterre n’ont aucune raison démographique ni économique de favoriser l’immigration. Elles doivent au contraire la réduire en faisant un gros effort pour intégrer définitivement les immigrés qui sont déjà là. L’Allemagne et d’autres pays européens peuvent s’inquiéter de la chute de leur natalité mais ils ont le droit (et le devoir vis-à-vis des autres pays d’Europe) de choisir qui ils veulent recevoir en fonction de leurs besoins économiques et de leurs capacités d’accueil. Michel Rocard alors Premier Ministre français, était déjà en 1990 obligé d’asséner aux « généreux bien-pensants » de son parti, l’évidence que « nous ne pouvions pas accueillir toute la misère du monde » !!

Il est temps que les Etats-Membres et l’Union coordonnent leurs politiques dans cet esprit et au besoin adaptent le cadre Schengen, sans s’aveugler de bons sentiments et en tenant compte des réalités c'est-à-dire de l’urgence politique et économique, du niveau de pression des flux en provenance de l’extérieur et des besoins de l’Europe ainsi que des ses capacités d’intégration/assimilation.

Les « printemps arabes » s’ils aboutissent comme il faut l’espérer, à l’émergence d’un véritable sentiment démocratique dans les pays concernés (et aux réformes constitutionnelles concernant l’organisation des pouvoirs et la référence à la chari’a comme source de droit !)aideraient grandement à la régulation des flux en éliminant ceux qui relèvent de l’asile politique et en responsabilisant les nouveaux gouvernants sur leur ardente obligation de stabiliser leur population en servant l’intérêt général plutôt que le leur, par le développement économique et social de leur peuple ! De même, l’éviction de Présidents autocrates, paranoïaques et criminels comme Laurent Gbagbo en Afrique noire, est un signal donné aux élites africaines de s’occuper de leurs peuples plutôt que leurs intérêts propres, pour éviter que ces peuples aient à chercher ailleurs, leur avenir !  Attendons de voir et espérons car si ces mouvements n’aboutissaient pas au résultat espéré, il faudrait prendre des mesures autrement drastiques !

 

·         On ne met pas l’Islam en cause quand on demande que chacun, national ou étranger, respecte la loi du pays où il se trouve. C’est aussi une évidence qu’il faut rappeler de plus en plus  souvent !  La religion relève de la sphère privée et il est inconvenant de tenter d’en imposer les signes extérieurs trop visibles et dérangeants à ses concitoyens sans même parler de vouloir leur imposer ses pratiques religieuses ou ses coutumes par la force ou la pression morale ou sociale.

Il est donc logique qu’une telle attitude soit punie et les islamistes (ou musulmans intégristes) qui tenteraient de le faire doivent être surveillés et punis comme les intégristes des autres religions juive, protestante (quelques sectes d’origine américaine en particulier) voire hindouiste qui pratiquent un prosélytisme violent dans plusieurs pays du monde.

Il est en conséquence important pour la cohésion des sociétés européennes de ne pas céder aux tentatives des islamistes d’imposer dans la sphère publique, des pratiques ou des coutumes dérivées de la chari’a ou des différentes écoles, interprétations ou pratiques locales de l’Islam. Ne nous laissons pas endormir par les « jésuiteries » des discours de théologiens comme Tariq Ramadan qui prêchent auprès du public européen, la tolérance et le respect de la loi du pays d’accueil mais affirment aussi qu’il faut « comprendre », donc « excuser » pour mieux « accepter » et pourquoi pas « justifier » et imposer ensuite ces fameuses pratiques au nom d’une tradition qui n’a le plus souvent rien à voir avec la « sunna ».

L’Islam doit évoluer, les ‘ulémas théoriser cette évolution, les imams la prêcher, … et les musulmans prier chez eux  lorsqu’il n’y a plus de place à la mosquée et surtout s’imprégner du fait que les femmes puissent vivre, penser et agir dans la société sans avoir besoin de chaperon mâle autoproclamé…  abandonner enfin, le concept du « dar el Islam » et  la « dhimmitude » sans parler de la « chasse aux chrétiens » qu’on pratique dans beaucoup trop d’endroits ! Les gouvernements marocain et algérien sont sur cette ligne. Les nouveaux gouvernants des « révolutions arabes » doivent en apporter la confirmation  …. et réviser leur Constitution en abandonnant notamment la référence à la chari’a comme source du droit.

 

·         Punir un délinquant n’est pas non plus, une « indignité » quelles que soient les excuses qu’on puisse lui trouver (pauvreté, chômage, défaut d’intégration, défaut d’éducation, etc…). Trop de juges et de « criminologues » y répugnent après avoir été élevés au laxisme soixante-huitard de nos belles âmes et penseurs germanopratins, devenus les prêtres de la bien-pensance qui submerge nos sociétés développées. Chaque individu a les mêmes droits mais aussi les mêmes devoirs et un pauvre, un immigré, un jeune n’a pas plus de droits ni moins de devoirs du fait qu’il est pauvre, immigré ou jeune !

Un délinquant est d’abord un homme responsable avant d’être un « pauvre délaissé voire corrompu par la société ». Tous les pauvres ne sont pas des délinquants ni tous les « jeunes » de banlieue au chômage !

L’ « excuse » peut éventuellement jouer au premier délit pour en atténuer la sanction et redonner une chance à notre délinquant mais  la récidive relève du redressement. Il faut donc s’en donner les moyens. Si l’on ne peut rétablir le service militaire pour tous qui était une vraie école de mixage social et d’apprentissage de la discipline et de l’effort, les expériences de redressement/réinsertion des voyous volontaires dans des structures à encadrement de type militaire, s’avèrent positives dans la grande majorité des cas. L’esprit de responsabilité ne disparaît donc pas chez les voyous, il suffit de les mettre en situation de recouvrer leur honneur d’homme et de leur montrer où il se situe.

Pour les « irrécupérables », il restera la prison … ou comme étape intermédiaire, pourquoi pas rétablir tel ou tel châtiment corporel mieux à même de dissuader nos jeune machos  pré-délinquants que la prison dont ils se targuent après coup auprès de leurs copains et des filles ?

 

·         Il y a toujours eu des riches et des pauvres.  C’est malheureux mais c’est une réalité et ce n’est pas un phénomène « indigne » de nos sociétés modernes … elles ont au contraire, considérablement réduit l’écart. La plupart des religions (sauf peut être les Mormons) tiennent le riche en suspicion mais elles ne le condamnent pas et dans leur sagesse, se bornent à lui recommander la charité ou la zakat.

L’inégalité est en effet, dans la nature des choses. Les plus riches sont généralement aussi les plus intelligents, les plus actifs, les plus efficaces … ou les plus forts, les plus malins et ce sont eux quoi qu’on veuille, qui font bouger la société. Mais pour éviter que ces derniers n’abusent par malhonnêteté et ne nuisent au bout du compte à l’ensemble, ladite  société s’est dotée d’institutions de direction et de contrôle dont la mission est d’établir et faire respecter le droit sans bloquer la dynamique  de progrès c-à-d l’initiative des plus intelligents et des plus actifs. Et s’ils s’enrichissent, tant mieux pour eux et pour ceux qu’ils entraînent dans leur sillage et à qui ils procurent du travail et des revenus !

L’égalitarisme est donc une imbécilité à laquelle malheureusement, la masse moyenne européenne et surtout  le petit bourgeois français sont devenus trop sensibles depuis la Révolution et que ne manquent pas de ressortir les partis de gauche à chaque élection, y compris le parti socialiste français qui n’a toujours pas fait sa mue socio-économique !

Le jour en effet, où il n’y aura plus de riches, il ne restera que des pauvres comme l’ont montré les pays « socialistes soviétiques » … ou que des saints à l’instar des ordres monastiques ou des ascètes des diverses religions. Ce n’est pas cela le genre humain !

A l’approche des élections, « les inégalités » reviennent en force dans les discours. Contrairement à ce dont on nous rebat les oreilles, elles ne s’accroissent pas malgré les quelques « très  riches » un peu trop voyants et les « très pauvres », toujours moins nombreux grâce au filet de protection sociale qui les couvre toujours mieux.

 

 

·         L'’école et l'’éducation restent l’'outil fondamental de la cohésion sociale et de l'’intégration des populations immigrées. Encore faut-il que les parents éduquent  et que les enseignants enseignent !  Il y a là en effet, de quoi s’indigner car, depuis quarante ans, les parents n’osent plus éduquer et tout a été fait pour détruire la discipline à l’'école en cassant l’'autorité des maîtres et des professeurs au nom d’'idéologies éducatives dérivées des lubies de Mai 68 (« il est interdit d’'interdire, jouissez sans entrave, … »).  Lubies inoculées à l’'origine dans nos esprits par nos faux-penseurs politiques, de  Sartre (« l'’enfer c'’est les autres ! ») aux philosophes de Normale Sup derrière Althusser et autres déviants du marxisme en passant par les belles âmes de la bourgeoisie germanopratine, judiciaire ou enseignante. Pour eux, la responsabilité de l’'individu est secondaire et ils enseignent que  « le délinquant doit être excusé parce qu'’il est probablement un individu que la société est coupable de ne pas avoir convenablement traité ni éduqué » ! Nous y voilà !

Résultat : beaucoup de voyous, riches autant que pauvres, et surtout beaucoup de « paumés » dont seuls les plus forts pourront résister à l’absence des repères de base que leurs parents et professeurs omettent désormais de leur donner. Bref, nos pédagogues, psychologues, sociologues et autres « penseurs de l’éducation » auront été la catastrophe de la deuxième moitié du 20è siècle en ruinant l’efficacité de l’enseignement et l’esprit de responsabilité des  jeunes par leur pusillanimité et leur laxisme éducatifs. Les lycéens et les étudiants sont là pour étudier et non pour contester ce qu’on leur enseigne ni pour gaspiller leur avenir sans parler de l’argent de l’Etat et de leurs parents !

Le dérèglement de l’école s’avère particulièrement grave dans les quartiers où se concentrent les populations immigrées parce que l’intégration s’y fait mal. Les taux d’échec scolaire, de chômage et de délinquance montent alors à  des niveaux hors de proportion avec ceux du reste du pays, au point de devenir un grave problème national (voir à ce sujet les études du Haut Conseil à l’Intégration).

Le problème de fond n’est pas le manque de moyens (le manque de profs !) mais bien l’indiscipline au travail .  La baisse générale du niveau des élèves et la détérioration du classement de nos écoles, collèges, lycées et universités ne tient pas au nombre de maîtres d’écoles ou professeurs mais bien au fait que lorsque quelques uns chahutent, jouent ou bavardent en classe voire injurient leur « prof » au lieu d’écouter ou de travailler, ils n’apprennent rien et empêchent les autres d’apprendre.

Rendre leur autorité aux maîtres et professeurs et rétablir la discipline au travail des élèves, est la tâche du Ministre c'est-à-dire du « politique ». C’est à lui de décider après consultation (et non aval !) des principaux acteurs, ce que doivent être les contenus et les méthodes ainsi que le cadre et les conditions de l’enseignement. Il doit donner les ordres et faire appliquer les instructions. Les fonctionnaires quant à eux, doivent obéir. Les syndicats ne sont pas là pour co-diriger le Ministère mais seulement pour défendre les intérêts de leurs mandants en tant que fonctionnaires employés de l’Etat ou des collectivités mais pas en tant que « corporation ». La mission d’enseignement est de la responsabilité du Ministère, pas des syndicats !

L’éducation nationale coûte fort cher au  contribuable, il faut donc qu’elle soit efficace. Le  même principe vaut pour tous les services publics dont il faut continûment améliorer le rapport coût/efficacité.

 

·         Comme pour l’Education Nationale, il est « incorrect » mais vrai (même si cela déplaît), d’affirmer que le problème du secteur public en général, n’est pas un problème de moyens mais d’organisation plus efficace du travail. Cela s’applique à l’éducation nationale mais aussi à la police, à la justice, aux hôpitaux et aux services sociaux et de manière générale, à tous les services publics ou para-publics du  secteur protégé. La France n’est pas un pays  sous-administré mais pléthoriquement donc mal administré où chacun s’évertue à créer son petit cocon ou sa grande forteresse bureaucratique aux dépens du bon fonctionnement de l’ensemble ! Il y a bien assez d’agents publics pour assurer le service au niveau qui leur est demandé mais ils sont mal distribués et leur travail est mal organisé. Il y a par ailleurs des rigidités de statut et des pratiques qui vont à l’encontre de l’efficacité. Il est bien évident qu’il est plus agréable de faire ses 35 heures assis  sur sa chaise qu’à patrouiller dans les quartiers, qu’il est bien agréable de pouvoir compléter ses congés statutaires avec quelques arrêts maladie, qu’il  est devenu normal et syndical de « récupérer » travail de nuit ou du dimanche au double du temps travaillé ces jours là ! etc… , etc… Quant à la débauche de recrutements injustifiés et de clientélisme politique à laquelle on assiste dans les collectivités territoriales, elle va bien au-delà  des besoins de personnel liés aux  transferts de compétences et de charge de travail du programme de décentralisation.

Le Gouvernement a donc engagé un travail courageux de réaménagement des cartes scolaire, hospitalière, judiciaire, policière et militaire pour mieux adapter les moyens aux besoins qui  évoluent selon le temps et le  lieu et améliorer le rapport coût/efficacité des services publics (il est normal par exemple de supprimer des classes où il y a moins d’élèves et d’en rajouter où la population augmente, de rationaliser l’utilisation des équipements et du  personnel hospitalier entre le niveau local et niveau régional, de faire patrouiller des policiers dans les quartiers plutôt que de leur faire garder des locaux inutiles, de cordonner l’action des services sociaux nationaux et municipaux en quadrillant efficacement les quartiers pour mieux prévenir les problèmes scolaires et la pré-délinquance , etc…).   Naturellement, les syndicats et « la gauche » dont  la fonction publique est un gros client, ont crié au crime de « lèse-service public » car ce faisant, on bousculait  trop d’habitudes bien ancrées et un agréable confort de gestion fort répandu dans l’administration nationale et territoriale.

Il est attristant  de constater cette démagogie primaire et surtout cette déviance dans la conception du service public. Ce dernier doit être efficace en termes  de volume comme de qualité des services rendus aux citoyens et à la collectivité nationale et en termes de coût car il est payé par l’impôt du peuple tout entier. Il n’est pas fait pour donner du travail aux fonctionnaires ni devenir un exutoire au chômage ni aux cas sociaux qui sont traités par ailleurs. Il est encore moins la propriété des syndicats à qui les gouvernements successifs ont beaucoup trop  cédé de prérogatives.

Ce phénomène de bureaucratisation et de socialisation  progressives du service public n’est bien sûr, pas propre à la  France. La Commission en est un exemple flagrant au niveau européen et tous les pays  européens souffrent d’une certaine  pesanteur de leur administration.   Mais la France dans ce domaine, se distingue par l’acuité du phénomène qui la  frappe d’autant que l’importance du secteur public et le niveau de protection sociale dont bénéficient les français, sont assez nettement supérieurs à la moyenne européenne sans parler des Etats Unis ou du reste du monde. Ce haut niveau de « socialisation » de la société française serait idéal dans l’hypothèse d’une efficacité optimale du service public mais devient un sérieux handicap lorsque ce dernier se révèle trop pesant pour s’adapter comme il convient à l’évolution du monde et que son coût s’avère alors  hors de proportion avec les services rendus.   De là, la volonté toute simple du Gouvernement français, de réformer le service public !

 

·         Les intellectuels n’ont pas nécessairement l’intelligence du monde … ils sont dans la parole ou dans le rêve, pas dans la décision ni dans l’action … c’est à eux qu’on devrait donner la cigüe « quod juventutem corrumperant » …

Déjà avant la guerre et pire encore depuis, la plupart de nos grands penseurs, philosophes, sociologues, écrivains, vulgarisateurs et artistes,  passés ou non par Normale Sup, habitant ou non du côté de Saint Germain des Prés, ont mis une vie entière à reconnaître les lubies, turpitudes et crimes du communisme qu’ils tenaient pour l’horizon indépassable de l’évolution de la société (« l’illumination sartrienne » après la « gidienne » !). Pour se remettre de leur échec intellectuel, ils ont plongé dans l’excès de tolérance,  l’indignation démocratique, la compassion et la repentance sur tous les sujets sociétaux qu’ils avaient mal appréhendés ou niés à travers le corset du marxisme appliqué et des avatars qu’ils s’étaient efforcés de lui trouver. Ils étaient très doués pour la ratiocination et les analyses au long cours des concepts les plus théoriques et des « démarches artistiques» les plus farfelues (Duchamp, Sartre, Althusser, et tant d’autres en France, en Europe et aux Etats-Unis ont mené ce glorieux combat !) mais ils se sont révélés fort peu inspirés dans la recherche de solutions pratiques aux problèmes du monde réel. On admire certes, leur brillante mécanique intellectuelle ou leur sensibilité artistique exacerbée mais on reste pantois devant leur manque d’intelligence du monde.  Ce fut un jeu indigne de leur part car ils ont fait perdre leur temps à des générations de jeunes gens qu’ils ont sciemment trompé … ou alors, ils étaient des imbéciles inconscients de ce qu’ils faisaient !

L’imprégnation intellectuelle du penser-faux était telle que certains de ceux qui avaient « résisté » pendant la guerre voire participé au CNR (Conseil National de la Résistance ») ou qui s’autorisent à l’invoquer, se sont demandé en 1958 si De Gaulle à son retour au pouvoir, ne risquait pas d’être « un peu fasciste » !  Au nom des bons sentiments et de leurs fantasmes (la démocratie et la République seraient en danger !) , ils poussent maintenant une jeunesse gâtée et  « cocoonée »,  peu habituée à l’effort et à la rigueur, dans le sens de la récrimination généralisée, de la contestation et du relativisme (« tout se vaut /tous pourris ») au lieu de l’encourager à se prendre en mains plutôt que se plaindre de tout, à l’image de ses parents qui lui donnent le mauvais exemple depuis quarante ans. Ils participent ainsi à la perversion de l’esprit public alors que le combat qui nous attend, est le plus dur que l’Occident a jamais eu à livrer !

Bref, à court d’idéologie, nos intellectuels sont un peu perdus et en viennent à diluer leurs bons sentiments dans l’égalitarisme compassionnel où les documents de programme du Parti Socialiste français, semblent également vouloir se fourvoyer avec une constance têtue dans le conformisme idéologique !  Peu importe qu’on sache pertinemment que ce soit une vue de l’esprit et qu’elle ne puisse déboucher que sur le  totalitarisme et la pauvreté généralisée d’un système de type soviétique  ou d’un communautarisme pur comme dans les communautés indiennes des Andes !

Ils ont apparemment du mal à se débarrasser des fausses idéologies et tournent en rond !

Beaucoup se lancent aussi dans la voie plus moderne du « durable » et de l’écologisme qui risque de devenir le nouveau totalitarisme de la bonne conscience (d’autant que la grande masse des troupes écologistes a été éduquée à l’école du gauchisme !). La « prêtrise » et la logorrhée des droits de l’homme sont aussi un débouché fructueux pour nos  intellectuels en recherche de vérité (de Dieu ?).

Il serait donc temps de revenir sur terre et de ne plus s’abîmer dans l’apitoiement permanent en mêlant  bons sentiments et politique, compassion pour le malheur  de quelques-uns et développement de la société dans son ensemble. Il y a en effet, d’un côté, les intérêts supérieurs d’une société, d’un pays, d’une nation ou d’un groupe de pays ( l’Europe par exemple) et de l’autre,  des cas spécifiques que l’on doit certes, traiter du mieux possible mais qui ne sauraient justifier qu’on fasse prévaloir le particulier sur l’intérêt général au risque de compromettre le devenir de l’ensemble. L’Europe a un combat difficile à mener face aux autres puissances et au monde en développement qui nous bouscule et ce n’est pas de la complainte des malheurs particuliers qu’on fera le bonheur et l’avenir de nos peuples.

 

 

Le « social » ne va pas sans « l’économique ». C’est lui qui fait l’emploi, le pouvoir  d’achat et la protection sociale …. même si certains  veulent  maintenant  tout mesurer en  termes  de « bonheur national » !

 

L’Europe a inventé depuis la Renaissance, une civilisation de progrès qui a permis au monde entier de croître et multiplier d’une part, de progresser dans son bien-être matériel d’autre part.

Est-ce un bien comme le pensent  les progressistes ? Est-ce un mal comme l’affirment les tenants du Club de Rome et maintenant, les « écolos-décroissants » ? Est-ce tenable comme l’espèrent les défenseurs d’une croissance durable ?

Toujours est-il que depuis la guerre de 39-45, le sort matériel des populations européennes n’a cessé de s’améliorer et celui des populations du tiers-monde n’a pas empiré malgré leur quadruplement ou quintuplement. Mieux encore, certains pays émergents progressent à grande vitesse devenant de redoutables compétiteurs pour nos productions et au-delà, pour l’utilisation des ressources disponibles d’un monde désormais clos. Ceci pose bien évidemment, des problèmes géostratégiques importants et génère des risques majeurs  de concurrence voire de conflit entre puissances ainsi que l’obligation de faire des choix d’adaptation du modèle de développement que l’Europe a répandu sur la terre.

Ce modèle  a permis un enrichissement tel des populations européennes et occidentales en général, qu’elles peuvent consommer comme jamais et bénéficient d’une protection sociale sans précédent (éducation, santé, chômage, retraite, vieillesse et coups du sort) à laquelle les étrangers immigrés, même illégaux, ont également droit. Notre société n’est plus faite de castes ni de classes mais est devenue dans sa masse, une société de petits bourgeois moyennement enrichis avec tous ses défauts : peur de prendre le moindre risque, peur du changement, peur de perdre ses « avantages acquis » (en fait acquis par l’effort des générations précédentes), peur des « autres », récrimination et complainte à propos de tout, égalitarisme jaloux du succès des autres, engouement pour les modes socio-culturelles et peurs millénaristes (dénigrement du progrès, climat, nucléaire, etc…), engouement pour la fonction publique (et son « statut ») comme horizon indépassable de l’ambition de nos jeunes (voir les sondages parus à ce sujet) !!! , etc, etc… … Ce comportement de peur et de refus du combat commence précisément à régner au moment où la pression du monde extérieur oblige notre société à s’adapter d’urgence pour être plus efficace sous peine de faillite de nos entreprises, de chute de l’emploi, de ruine de la protection sociale et de submersion de nos pays par les produits du monde en développement voire par leurs populations beaucoup plus dynamiques et volontaristes.

Nos syndicats bien évidemment et très hypocritement, sont à la pointe du combat dans cette lutte pour  le conservatisme économique et social qu’ils savent parfaitement perdue d’avance. L’objectif (en fait un réflexe pavlovien ancré par des dizaines d’années de marxisme et d’élucubrations post-marxistes) est de s’opposer à tout changement du système de production et de protection sociale quitte à le laisser se fossiliser jusqu’à la rupture . Les exemples abondent en France où ce furent entre autres, les manifestations contre le CPE en 2006 (contrat de travail plus flexible permettant de faciliter l’embauche des jeunes sans expérience), contre la réforme des retraites en 2010 ou plus imbécile encore, le blocage mortel des ports français par la CGT des dockers devenue une véritable « corporation de destruction » de notre activité portuaire, ou encore l’opposition quasi-idéologique des « pédagogistes » syndicaux à la réforme des contenus et méthodes d’enseignement de l’Education Nationale, etc…, etc… En Angleterre, ce sont les protestations contre les réformes prévues du gouvernement Cameron tandis qu’en Allemagne et en même en Italie, le secteur public et la fonction publique ont déjà été en grande partie recadrés.

Nos gouvernements savent depuis longtemps qu’il faut faire ces réformes et maintenant (obligés par les différentes crises de 2008-2010 !), ils ont commencé à ne plus reculer. Le recadrage s’opère progressivement au niveau de la gestion des entreprises comme du secteur financier et des finances publiques à la recherche d’un équilibre acceptable entre compétitivité économique à long terme et protection sociale durable. Du coup, les allemands eux-mêmes malgré leur (obsessionnelle) vertu monétariste, ont admis qu’il leur fallait faire preuve eux aussi, d’une solidarité contrôlée mais sans faille avec les autres pays même si la « vertu » de ces derniers restait à prouver, et ceci sous peine de voir l’Europe entière sombrer. La France et l’Allemagne prennent la tête du mouvement à cet égard et l’Europe se rassemble peu à peu dans un effort commun de coordination de ses politiques économiques et sociales. Le salut de l’Europe est là car il faut faire face à la pression grandissante des concurrents du monde développé comme de ceux du monde émergent et du monde en développement.

Pour souligner en creux l’importance de ces mesures de redressement, observons l’attitude des socialistes français et de leurs affidés (autres partis de « gauche » et écologistes) qui n’ont toujours pas fait leur « aggiornamiento » économique et social. Ils s’affichent encore une fois à contre-courant de l’évolution du monde dans leurs embryons de programme électoral et dans les discours de leurs différents responsables. Ils détournent la tête pudiquement lorsqu’on leur parle des folies passées de la retraite à 60 ans, des nationalisations et de la gabegie économique et sociale de François Mitterand  (leur héros maintenant ressuscité !) ou de la réduction du temps de travail à 35 heures de Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry. Ils continuent de croire que l’on peut faire du social en s’endettant à l’infini et font mine de ne pas comprendre que ce ne sont pas les agences de notation qui l’empêchent mais bien les épargnants français et étrangers, à savoir le bon peuple qui, perdant confiance, n’achètera plus la dette française. Ils en sont restés au slogan primaire du gauchisme : « les riches paieront ! » comme l’affirmait encore Martine Aubry sur France Inter le 9 Mai 2011 en s’indignant qu’il y ait des riches d’un côté et des pauvres au RSA (revenu de solidarité active) de l’autre…  mais ne seraient-ce pas les impôts des riches qui payent le RSA des pauvres et ne seraient-ce pas les entreprises des « riches actionnaires » qui leur fournissent des emplois ?

Eliminons donc les riches, il n’y aura plus que des pauvres et tout le monde sera égal pour s’occuper de tout le monde : c’est la société du « care », nouveau concept (anglo-saxon ?) inventé récemment par la Première Secrétaire de notre bien-pensant Parti Socialiste.  Quant à Ségolène Royal, elle veut tout faire par la démocratie participative (retour à l’autogestion bien vite abandonnée du Rocard des années 60 !). Ne parlons plus de Dominique Strauss-Kahn déconsidéré par sa triste aventure new-yorkaise où l’on ne sait qui est le  plus ridicule, de lui et de sa pantalonnade ou du système judiciaire et policier américain au service d’une démagogie  puritaine hypocrite et pleine de frustration ! Il jouait néanmoins habilement l’ambiguïté entre le « libéralisme rigoureux » du FMI et le souvenir de ses inventions très  socialisantes de 1997 lorsqu’il était  chargé de mettre au point le programme du parti.  Incorrigibles et peu sérieux socialistes ! Ils reviennent toujours à leur doxa, leurs bons sentiments et leur démagogie centenaires quand ils croient que cela plaira au peuple !

L’Europe quant à elle, doit cesser ses palinodies en matière de libre-échange et de concurrence dont les bons principes ne doivent pas se transformer  en idéologie « libre-échangiste ». L’Europe doit être ouverte au nom des principes mais capable de protéger ses entreprises et son emploi au nom de ses intérêts. Face aux importations sauvages de pays qui ne respectent pas les critères minimaux en matière sociale, monétaire, environnementale ou de concurrence, ou face à des pays qui ne donnent pas aux entreprises européennes les facilités d’installation minimales et équitables, il ne faut pas hésiter à faire valoir nos droits et nos exigences ni à aider nos entreprises à l’étranger. Les autres ne s’en privent pas, on le  sait bien !

La Commission a eu trop tendance à pratiquer  un généreux laxisme tout en privilégiant certaines fois la rigidité des principes et d’autres fois un laisser-faire coupable (parfois condescendant il est vrai) comme elle tend encore à le faire en matière de mesures contre le réchauffement climatique (pour donner l’exemple !) ou plus récemment en matière d’immigration et de circulation des personnes. Les exemples abondent aussi dans le domaine de la coopération développement.

Elle est régulièrement paralysée par une bien-pensance tenace et n’ose pas affirmer son existence en imposant ses conditions comme il est normal de le faire. L’équilibre du monde étant en train de changer et notre richesse relative moins assurée, il importe de se montrer plus pugnace au FMI, à l’OMC ou au G 8 et au G 20 où se jouent les grandes parties mondiales.

Les G7, 8 et 20 sont en place pour trouver et adapter en permanence les grands équilibres économiques, monétaires, commerciaux et de compétitivité économique et sociale entre les puissances, les régions et les blocs. Dans ces enceintes, les Etats-membres doivent coordonner au mieux leur action pour faire valoir un front européen cohérent et donner le tempo à la Commission pour qu’elle soit moins idéologique et plus machiavélienne dans l’intérêt de l’Europe et des européens.

Les grands sujets ne manquent pas et les G 8 et G 20 sous présidence française révèlent des agendas particulièrement voraces : lutte contre le trafic de drogue, valeur des monnaies, excédents et déficits commerciaux, excédents et déficits budgétaires, régulation des flux financiers, évolution du climat, diversification des sources d’énergie, etc… Sur ces deux derniers points, il est bien évident qu’on ne pourra se passer de l’énergie nucléaire malgré les incantations des écologistes qui ne sont pas à une  contradiction près après avoir trouvé le Saint Graal des énergies renouvelables en dépit de leur coût actuellement exorbitant, de leur irrégularité dans la production (pas de vent ou pas de soleil donc pas d’électricité !) et de « l’espace naturel » qu’ils occupent pour produire, à l’instar de l’aberration des bio-carburants. Seul le nucléaire peut pour l’instant, satisfaire aux deux exigences de notre temps : assurer aux  masses du tiers-monde un accès durable à l’énergie à un coût raisonnable (il paraît difficile en effet, de leur prêcher la décroissance !!!), tenter de limiter au mieux le recours aux hydrocarbures et autres énergies à effet de serre, en attendant les réacteurs de quatrième génération qui brûleront la quasi-totalité de la matière et l’énergie de fusion qui ne produira pratiquement plus de déchets. 

Les hésitations allemandes et la récente officialisation du  renoncement de l’Allemagne au « nucléaire »  dans les dix années qui viennent, créent l’ambiguïté et, comme l’an passé à propos de la crise de l’euro (au moment de l’affaire grecque), ne facilitent pas la définition d’une politique commune européenne. On verra bientôt si le pari d’Angela Merkel est payant politiquement. Il ne l’est certainement pas économiquement ni financièrement et encore moins écologiquement puisqu’il faudra bien brûler encore plus d’hydrocarbures pour compenser les déficiences et intermittences éoliennes ou photovoltaïques après l’arrêt de la « base » de production nucléaire du pays.

 

 

L’Europe, la guerre et la paix

 

Les crises libyenne et ivoirienne montrent à quel point l’Europe reste à faire en matière de politique étrangère et de défense. Encore plus que pour la crise de l’euro avec l’Allemagne,  il a fallu que la France prenne l’initiative et fasse le travail pour la Côte d’Ivoire, avec le concours de la Grande Bretagne pour la Libye. A la lumière de l’affaire libyenne, on mesure l’importance de l’accord militaire franco-anglais de Novembre 2010 lorsqu’il s’agit d’intervenir dans les régions du monde où les intérêts européens sont essentiels (Méditerranée, Afrique du Nord, Proche et Moyen Orient, Afrique et Océan Indien, Atlantique évidemment). On a vu également à quel point était nécessaire à cet égard, non seulement une entente cordiale entre les Etats européens mais aussi la création d’un état-major européen qui donne à l’Europe une autonomie suffisante d’intervention hors des structures de l’Otan et sans avoir besoin du concours de nos alliés américains dont les objectifs et intérêts ne coïncident pas nécessairement avec les nôtres.

Après les initiatives prises pour répondre à la crise de 2008 lors de la présidence française de l’Union,  celles concernant la crise de l’euro et celles du G 8 et du G 20, et maintenant les affaires de Côte d’Ivoire et de Libye, la France semble de plus en plus sollicitée de prendre les initiatives fortes au nom et pour le compte de l’Europe. Dans le demi-siècle qui vient, ce sera probablement le destin de la France que de reprendre son rôle séculaire de puissance pivot en Europe. L’histoire et la géographie y tendent naturellement ainsi que l’évolution de la démographie française par rapport au reste de l’Europe, Allemagne, Italie, Espagne, etc…

Quoi qu’il advienne  à moyen terme, la démonstration est faite que dans les situations de crise, la décision et l’action ne peuvent procéder que des principaux Etats-Membres : la France et l’Allemagne au minimum pour les affaires économiques et financières et en tout cas pour la zone euro, la France et la Grande Bretagne au minimum pour les affaires militaires et interventions outre-mer, la France avec l’Italie et l’Espagne pour les affaires méditerranéennes, l’Allemagne avec la France et l’Italie pour l’Est européen.  Il n’y a plus lieu d’avoir peur désormais de parler de « directoire européen » et de vouloir le consolider de façon que l’Europe puisse saisir immédiatement les opportunités offertes par l’évolution du monde actuel et faire face aux difficultés que cette évolution engendrera inévitablement.

En effet, ne pouvant attendre que les 20 à 30 Etats-Membres de l’Union Européenne se mettent d’accord sur tous les sujets, en particulier lorsque l’urgence commande, il convient de  mettre en place un dispositif de décision et d’action opérationnel entre les quelques Etats les plus concernés.  La tâche de ce noyau dur sera de faire converger leurs politiques économiques et de définir leurs positions communes en matière de politique étrangère et de défense. Les Etats-Membres du deuxième cercle suivront s’ils  le veulent et contribueront à l’effort commun selon leurs capacités mais sans pouvoir opposer un quelconque veto aux options du groupe d’Etats dirigeants dans les domaines considérés. Quant à « l’élargissement » au sens qu’on lui donne actuellement, il ne saurait  évidemment en être question qu’au sein d’un troisième cercle sous forme d’association. La coopération au sein de l’UPM (Union pour la Méditerranée) ou une politique européenne de voisinage rénovée peuvent en être l’expression à condition de les débarrasser des défauts qu’on reproche à la coopération actuelle de l’Union (ALA, MEDA, ACP, TACIS, PEV, etc…)

Il s’agit donc de mettre en œuvre  une étape intermédiaire dans le processus de « fédéralisation » de l’Europe (vilain mot mais réalité qui s’avance !) et s’il faut modifier les Traités pour faciliter ces coopérations renforcées,  lever les obstacles à une action européenne d’urgence et éliminer définitivement l’inertie politico-bureaucratique à laquelle est institutionnellement soumise la Commission, n’ayons pas peur et faisons-le !

Il en va de l’avenir de l’Europe face aux défis du monde nouveau et on a déjà perdu assez de temps.

 

 

Agitation électorale, excitation médiatique, désespérance du peuple … et redressement

 

Une grande agitation électorale et, espérons-le, démocratique semble submerger le monde en 2011 et 2012 : France, Allemagne, Etats-Unis, les « révolutions arabes » et beaucoup d’Etats africains sont concernés. Il est heureux à cet égard que Laurent Gbagbo saisi par la folie du pouvoir (et probablement envoûté par ses nouveaux « messie et gris-gris évangélistes » !), ait été poussé dehors. C’était un très mauvais exemple pour tous les potentats africains non encore jetés dans les abysses infernaux comme Mugabe, Omar el Bachir, etc… ou plus ou moins acceptés dans le « club » même si leurs priorités restent essentiellement claniques ou tribales comme ceux d’Afrique du Sud, du Nigéria, Tchad, Ouganda, Congo, Gabon, Kenya, etc… bref, presque tous !

Quant aux « révolutions arabes » dont nos grandes âmes démocrates et nos journalistes, inquisiteurs soudain devenus brebis,  se sont tant entichés au cours des derniers mois, attendons de voir qui les urnes amèneront au pouvoir et comment il sera exercé. L’avènement d’une démocratie acceptable sur la rive sud de la Méditerranée, permettrait enfin, d’engager une coopération confiante et efficace pour régler les problèmes communs de développement, de migration et de civilisation sans nécessairement vouloir recréer l’Empire Romain pour cela ! Ce serait un évènement géo-politique considérable qui éloignerait le spectre d’une grande partie des problèmes majeurs que le monde du 21è siècle pourrait connaître.  Gardons espoir mais on a vu en Asie, en Amérique latine, en Afrique et dans le monde arabe comme en Europe de l’est,  tant d’autocrates, d’oligarchies, de régimes militaires voire de régimes théocratiques confisquer la démocratie que l’on doit attendre encore un peu avant de se réjouir !

Du côté des pays occidentaux où la démocratie est maintenant bien installée, on voit se développer deux phénomènes complémentaires qui caractérisent notre « nouvelle société » de petits-bourgeois bien homogénéisée par le progrès matériel et la protection sociale : d’une part un rejet par le peuple de ses gouvernants et le refus borné des efforts qu’ils n’osaient d’ailleurs plus lui demander depuis longtemps (cela semble-t-il, est en train de changer !), d’autre part un phénomène grégaire d’accompagnement  et d’amplification de la morosité et de la désespérance du peuple de la part de journalistes, commentateurs et « communicants » irresponsables mais malheureusement très efficaces dans ce domaine !

 

Sur le premier point, une population gâtée et protégée comme elle ne l’a jamais été au cours de l’histoire de l’humanité, abusée par les bons pasteurs de « l’assistanat » généralisé, ressasse  la complainte permanente d’un sort qu’elle prétend misérable. Etant habituée depuis l’enfance à ce que l’Etat ou ses parents prennent tout en charge sans qu’elle ait vraiment à fournir de gros efforts, elle est prise de paranoïa chaque fois qu’on lui demande de « se secouer un peu ». Elle se met alors à détester les méchants gouvernants, autoritaires et « fascisants », qui refusent de continuer à satisfaire ses caprices ou osent lui dire qu’il faudra modérer sa gloutonnerie et pour le moins, changer quelques-unes de ses habitudes.

Une démagogie effrénée s’empare alors des partis d’opposition, des syndicats et des associations bien-pensantes et les gouvernements changent de droite à gauche puis de gauche à droite au gré des élections successives prises comme la mesure des hauts et des bas des humeurs de notre petit bourgeois. La gauche en effet, formule et met en œuvre (à demi seulement !) la bien-pensance et la droite n’ose pas (à demi encore !) aller contre cette même bien-pensance ! L’esprit public alors s’amollit et le peuple ricane, récrimine et perd confiance tandis que les extrêmes (droite et gauche) ainsi que les écologistes (béats et/ou totalitaires) prospèrent sur des raisonnements simplistes et avancent des solutions fausses et souvent dangereuses à de vrais problèmes.

 

Sur le deuxième point, nos journalistes et commentateurs s’emploient avec frénésie et beaucoup d’hypocrisie (hypocrisie en général dérivée de leur idéologie) et les plus bêtes avec bonne conscience, à asséner un discours convenu, bien installé dans la bien-pensance et la médiocrité régnantes, qui conforte nos auditeurs/lecteurs, consommateurs/électeurs dans leurs frustrations et leurs peurs existentielles, leurs fantasmes passagers,  leur égocentrisme et leur désintérêt pour la société dans laquelle ils vivent.  Ils  se passionnent pour les derniers faits divers sociétaux : attentats, crimes en tout genre, suicides de para-fonctionnaires qui refusent le changement au travail, mariages princiers, squats d’immigrants illégaux, petites phrases ou frasques de politiciens, paroles de ministres sorties de leur contexte, rumeurs de turpitudes sans preuve, etc…. Certains journaux et les media internet (Mediapart en France , Wikileaks ailleurs …) se sont érigés en « inquisiteurs » spécialisés dans le scandale à bon marché qu’on enfle à plaisir pour faire des auditeurs/lecteurs. La plupart des autres media vont dans le sens du vent pour cette même raison. Le ricanement et la dérision s’installent en prenant la position centrale dans la ligne éditoriale. Le succès des « humoristes » qui envahissent radios et télévisions, confirme ce phénomène de déliquescence éditoriale et de « morosification » des foules car comment faire rire (ou sourire !) auditeurs ou téléspectateurs sinon en allant dans le  sens du vent dominant et des obsessions ou frustrations les plus répandues ?

Etant toujours dans l’urgence d’écrire ou de parler, ils n’ont pas le temps d’approfondir ni de prendre le recul nécessaire afin de ne pas dire n’importe quoi. Ils alimentent ainsi le désarroi et la morosité d’un peuple qui se croit déjà malheureux  et l’enfoncent dans la désespérance au lieu de lui montrer quels sont les tenants et aboutissants des problèmes qu’il doit affronter et ainsi lui redonner l’espoir d’une solution et le courage de la mettre en œuvre . Très peu cherchent à informer le peuple et lui montrer la voie.

Mais faire cette lumière sur les évènements et les remettre dans une perspective historique et dans leur contexte, demande du temps, de l’expérience et de la sagesse. La plupart des journalistes n’ont pas le temps ni l’expérience, ils sont jeunes et pressés. Quant aux autres qui ont plus d’expérience ou de sagesse, ils en viennent trop souvent à pontifier ou à radoter sans vraiment mettre leurs fichiers à jour !

Les  journalistes rejoignent donc nos chers intellectuels dans le monde de la parole où il n’y a jamais de sanction à la légèreté ni à l’irresponsabilité, bien au contraire car cela rend plus pétillant et plus brillant aux yeux des mondains ! …. à la différence de l’homme d’action, le politique qui doit rendre compte au peuple ou l’entrepreneur qui doit satisfaire à la fois ses actionnaires et ses salariés. C’est là qu’est la véritable injustice !

 

Bref, le peuple est désorienté et n’a pas d’idée claire sur ses heurs et malheurs fantasmés ou réels, actuels ou potentiels puisque tout le monde (les experts en particulier !) lui dit tout et son contraire. Faute que les thuriféraires de la bien-pensance et du penser-faux à gauche et ceux qui n’osent pas aller  au bout de leur « mal-pensance » à droite, lui fournissent une réponse immédiate à ses problèmes (car le petit-bourgeois veut tout, tout de suite !), il se réfugie dans l’abstention ou la contestation en refusant de voir que l’évolution du monde ne lui permet plus ses caprices de gosse de riche mais exige de lui de gros efforts d’adaptation !

Malgré cette attitude infantile de leur électorat, et parce qu’ils ne peuvent plus reculer, les Gouvernements tiennent bon ! La France par exemple, est en train de faire un effort gigantesque pour surmonter les crises de 2008/2009 et grâce à un subtil dosage de mesures économiques, sociales et financières, elle replace progressivement son économie en situation de compétitivité tout en préservant un niveau  de protection sociale parmi les plus élevés du monde (mise à niveau des services publics en matière de ratio de coût/efficacité , réforme des cartes scolaire, hospitalière, judiciaire, réforme des universités, réduction des déficits publics et stabilisation de l’endettement, défense de l’euro et solidarité monétaire européenne, initiatives au G 20 sur les équilibres monétaires, commerciaux, financiers,  les matières premières, le climat, etc… ).

L’économie française recommence à créer des emplois et le pouvoir d’achat continue d’augmenter tandis  que la croissance s’établit sur une pente de l’ordre de 2 %. L’Allemagne, la Grande Bretagne et les autres pays  européens  sont sur la même voie et l’économie européenne repart : la production et l’emploi augmentent à nouveau depuis le début de l’année 2011 ! 

Espérons donc que les peuples européens ne se laisseront pas abuser par ceux qui les entretiennent dans l’illusion de la facilité et lui mentent au sujet des combats à venir …  et que les « mal-pensants » sauront persévérer et  leur redonner espoir et confiance en leur avenir, celui de leur pays et celui d’une Europe diverse mais capable d’agir vite et fort dans le  tourbillon du monde actuel.

 

 

 

 

 

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LETTRE OUVERTE AUX COMMISSAIRES ET DIRECTEURS GENERAUX RESPONSABLES DE LA COOPERATION AU DEVELOPPEMENT

(Janvier 2011)


« La Coopération européenne fait fausse route …  Oser une autre politique »

 

Notre coopération a progressivement perdu son dynamisme puis son efficacité, et sa crédibilité s’effondre. Le rythme de ce délitement s’accélère  depuis une dizaine d’années alors que l’Europe doit faire face à l’émergence de compétiteurs  nouveaux dans  un monde désormais clos.

 

Vos prédécesseurs ont laissé la coopération s’embourber (….  poids de la bien-pensance, peur de déplaire, « benign neglect » ou encore, préférence pour le confort de la routine  ….).

 

Or, la Commission ne peut plus se permettre une coopération inefficace en raison des impératifs budgétaires et parce que le développement des peuples du tiers-monde, et d’abord ceux du continent africain, est le seul moyen de faire face aux flux migratoires incontrôlés qui enflent dangereusement vers les pays européens …. Sans parler évidemment, des raisons philanthropiques qui depuis l’origine, justifient l’aide aux pays pauvres mais commandent des résultats infiniment plus probants.

 

Le redressement implique trois réformes fondamentales :

 

1. L’approche politique des pays « partenaires » et de leurs élites dirigeantes, compte tenu de leurs pesanteurs idiosyncrasiques quant à la notion d’intérêt général, doit passer sous processus de co-décision, co-direction et co-gestion de l’aide et des projets, loin des utopies complaisantes de la Déclaration de Paris, Consensus européen, Accra Agenda, etc…  

2. Quant à la réalisation des projets, l’objectif est de promouvoir l’autonomisation et la responsabilité des acteurs du terrain à l’opposé de la pratique actuelle de fausse « participation » (ou de vrai « assistantialisme ») qu’on maquille sous le vocable galvaudé de « partenariat », entretenant ainsi le cercle vicieux de l’irresponsabilité et de la dépendance, 

3. Enfin, les « Règlements » doivent être totalement refondus en privilégiant la réactivité pour de meilleurs résultats sur le terrain plutôt qu’une fausse (et coûteuse) sécurité de gestion financière pour l’institution et ses agents.

 

Dans ces trois domaines, qu’avez-vous fait en 2010 ? Que pensez-vous faire en 2011 pour secouer notre coopération ?  

Les acteurs de notre coopération attendent encore que vous preniez vos responsabilités et quelques décisions fortes. Osez ! 

                                  

                                                           xxxxxxxxxxxxxxxxxx                                             

 

Post Scriptum : Eclairage sur le contexte européen et mondial

Les réflexions qui suivent, complètent les analyses et propositions faites dans le site « Eurocooperation » ainsi que dans la Lettre Ouverte 2010  et les Synthèses de Juillet et Janvier 2009 (voir Adds & Comments sur le site).

Certains d'entre vous pourront être choqués du caractère politiquement incorrect des observations et jugements portés sur le contexte européen et particulièrement le contexte français. L'objectif est simplement, de rendre compte du bain culturel amollissant et du cadre de pensée paralysant que la bien-pensance impose à la Commission et aux Gouvernements des Etats-membres. Peurs irraisonnées, complexes existentiels et bons sentiments en effet, submergent le monde développé. Aussi compréhensibles voire louables soient-ils dans un absolu tout théorique, ils débilitent en pratique, toute volonté de changement et donc d'adaptation aux réalités d'un monde qui évolue  rapidement.

Ces éléments du contexte font à la Commission « l’ardente obligation de se secouer » face aux défis du changement du monde. L’Europe doit trouver un juste équilibre entre les politiques du glaive et du bouclier à savoir, la définition de politiques industrielles et de compétitivité très actives d’une part, l’adaptation (et si nécessaire la sauvegarde) du marché intérieur et de l’emploi face à une concurrence extérieure hors  normes d’autre part. La coopération au développement quant à elle, doit être réformée en profondeur de façon à préparer efficacement les pays en développement à  devenir de véritables partenaires de l’Europe.

Pour l’heure, tous les Etats européens en sont arrivés au point de rupture des politiques de laisser-faire économique et d’assistanat social. Ils cherchent à reprendre le contrôle des évènements et à redynamiser leurs populations pour  faire face aux défis compétitifs du monde émergent. La Commission doit en faire autant dans ses domaines de compétence, pour appuyer activement le mouvement voire en prendre la tête.

 

En France

Le gouvernement agit …

 

Le gouvernement français vient de décider une réforme des retraites qui languissait depuis vingt ans et qui pour la première fois, remet en cause sans contrepartie, un « avantage acquis », octroyé en 1982 à contre-courant de l’évolution du monde par l’ancien Président François Mitterand. Cela ouvre la  voie à d’autres réformes urgentes, en particulier la réorganisation des structures et l’amélioration de la gestion des systèmes de santé, le rétablissement de la discipline dans les établissements scolaires et l’abandon des utopies de « l’autoconstruction des savoirs » et enfin, la remise en ordre des services publics en général dont le coût s’avère hors de proportion avec le volume et la qualité des services qu’ils rendent. Le dernier budget prévoit d’ailleurs, un gel global des dépenses de l’Etat et de ses subventions aux collectivités territoriales dont les dépenses (hyper-inflation de personnel, voracité dans la communication, appétence pour les investissements somptuaires et les subventions socialement correctes, ….) se sont accrues sans commune mesure avec le poids de leurs missions en raison de la « générosité » et du clientélisme des élus locaux dont il va falloir sérieusement cadrer les fantaisies.

C’est espérons-le, le début de la remise à flot de l’économie du pays après les contresens socio-économiques des divers gouvernements socialistes et les hésitations d’une droite trop souvent paralysée par le penser-faux de nos belles âmes plus enclines à théatraliser leurs bons sentiments qu’à se colleter avec les réalités du monde.

 

… et la « bien-pensance » réagit  pour que rien ne change !

 

La France comme souvent, a eu droit en Septembre-Octobre, à un de ces « happenings » dont son peuple, trop gâté, a le secret, guidé et abusé par ses « bêta bloquants » habituels : quelques sections syndicales archaïques ou « révolutionnaires » (ex-admirateurs de Staline, trotzkystes ou ex-trotzkystes, gauchistes divers ou anarchistes ?) qui ont entraîné leurs unions, fédérations ou confédérations presque à leur corps défendant ; les éternels groupuscules ex-trotzkystes ou anarchistes qui cassent toujours plus qu’ils ne sauraient construire ; et bien sûr, la bien-pensance socialisante et des droits de l’homme qui (à la manière  des bonnes sœurs tant moquées du 19è siècle) met en avant les droits des pauvres gens tout en poussant de façon irresponsable mais très politicienne, les « jeunes » » dans la rue pour brailler leurs slogans de « cocooning » et d’assistanat au lieu de les encourager à l’effort.

« La gauche » en effet et ses « penseurs » s’évertuent à prouver chaque jour, dans la rue et dans les media (et malheureusement aussi quand ils gouvernent, retraite à 60 ans, 35 heures, « toujours plus » social, etc…), qu’ils n’ont de culture économique que très sommaire : on peut selon leur dialectique, gagner plus en travaillant moins ! il suffit que l’Etat dépense, augmente les salaires et distribue aux pauvres en prenant aux riches … on dynamise ainsi l’économie en faisant le bonheur des gens ! peu importe si la productivité s’effondre, peu importe la concurrence galopante du reste du monde, peu importe s’il n’y a plus personne pour « produire l’argent » … on le fabriquera ! puis on fermera les frontières et l’Etat investira à la place des capitalistes !

En conséquence et comme toujours, le  gros des manifestants était composé de fonctionnaires ou para-fonctionnaires confortablement installés dans leur emploi « sécurisé » et parmi eux, une majorité d’enseignants dont les slogans très primaires n’étaient pas dignes du niveau de leurs études. Au contraire, on attend des fonctionnaires, serviteurs (et non pas propriétaires !) de l'Etat et des services publics, qu'ils donnent l'exemple en reconstruisant un service public plus flexible, plus efficace et moins coûteux ... et qu'ils ne se servent pas de ce prétexte pour défendre le statu quo et leurs intérêts propres contre toute réforme que le Gouvernement oserait vouloir leur imposer au nom de l'intérêt général dont ce dernier est, seul, le représentant légitime parce que directement issu de l'autorité élue par le peuple. 

Et pourtant …. l'homme européen et le français en particulier, n'a jamais été aussi riche ni aussi protégé ! Après le creux de fin 2008 et début 2009, l’emploi est reparti dès mi-2009 et le taux de chômage est resté tout au long de la période, inférieur à son niveau de 2005 ou de 1999 ! Le pouvoir d’achat quant à lui, a continué d’augmenter régulièrement entre 1 et 2 % par an.  On peut toujours se plaindre et manifester mais « la crise » aurait pu très mal tourner si nos gouvernants n’avaient eu les réactions qu’il fallait pour la contenir ! Soutenons-les encore dans leur œuvre de consolidation de l’euro et de redressement budgétaire de nos Etats et secteurs publics respectifs pour remettre les économies européennes sur des bases solides face à la compétition du reste du monde.

 

Les problèmes de banlieue et la délinquance ne sont pas assez vigoureusement traités  …

 

Quelques casseurs sont aussi venus de banlieue que la culture de l’excuse (« ce n’est pas votre faute, c’est la société qui est responsable ! ») promue par nos belles âmes depuis les années 60-70, conduit irrémédiablement sur le chemin d’une délinquance toujours plus violente. En effet, les "pauvres", les immigrés et les jeunes français enfants d'immigrés, dans leur immense majorité, ne sont ni des voyous ni des délinquants. Ce n'est donc pas parce qu'on est pauvre, immigré ou fils d'immigré qu'on est délinquant mais ce n'est pas non plus parce qu'on est pauvre, immigré ou fils d'immigré qu'on devrait nécessairement être "excusé" quand on commet des délits ! Il serait temps que "la Gauche" rejette définitivement cette absurdité bien-pensante et abandonne ses complexes sociétaux. Cette gauche en effet, n'a pas une grande culture de l'économie mais elle s'enlise à coup sûr dans la culture de l'excuse et dans celle de la culpabilisation.

La répression bien sûr, il la faut pour les cas graves mais l’important est d’éviter qu’il y ait des fautes sans punition (beaucoup trop de juges semblent avoir  un problème avec la tolérance zéro ou la simple punition et refusent d’admettre la réalité de l’engrenage !).

La prévention et l’action sociale bien sûr, sont nécessaires pour essayer de pallier les déficiences  des parents et de l’école dans l’éducation des enfants et éviter ainsi la commission d’« incivilités » qui dégénèrent bientôt en délinquance plus grave. Il faudra développer tous les moyens de rééducation/réinsertion y compris les systèmes d’encadrement rigoureux, civil ou militaire, pour les « voyous volontaires » (il est dommage qu’on ne puisse rétablir le service militaire obligatoire ou mieux encore, recruter tous les jeunes désœuvrés des banlieues dans les troupes professionnelles : ils font en général d’excellents soldats forts en gueule mais disciplinés et respectueux des gens et des valeurs qu’ils défendent ! ).  Réfléchir aussi à l’introduction de types de punitions mieux adaptés à l’idiosyncrasie de nos jeunes « sauvageons » (par exemple, le fouet - ou le martinet d’autrefois – administré en public ou devant les représentants du voisinage, ferait sans doute beaucoup plus peur à nos jeune mâles « machos » et beaucoup plus de mal à leur orgueil, que les quelques jours ou quelques mois de  prison dont ils ne manquent pas de s’enorgueillir quand nos juges pleins de compassion veulent bien les condamner !). Ce sont des châtiments pratiqués dans beaucoup de pays -notamment les pays d’origine de l’immigration- qui s’en portent très bien n’en déplaise à  nos  belles âmes qui veulent traiter les problèmes de société par l’angélisme et l’excuse rédemptrice.

Bien sûr aussi, il faut remettre à niveau les conditions de vie et possibilités d’emploi ainsi que le fonctionnement  des services publics, dans certaines zones mal servies (beaucoup a déjà été fait à cet égard par les « politiques de la ville » qu’il faut souvent recommencer après que les vandales soient à nouveau passés par là). L’emploi malheureusement ne se décrète pas : il dépend de l’activité économique générale mais aussi de la volonté des individus concernés d’en trouver un et/ou de créer dans les quartiers les conditions de sécurité et de convivialité qui peuvent attirer les créateurs d’emploi. Jeunes, associations et municipalités devraient pouvoir le faire sans tout attendre d’un gouvernement nécessairement plus lointain !

 

Mais le problème de fond est de redresser l’école que les faux-penseurs ont ruinée par le laxisme de leur idéologie « moderniste »

 

Dans les quartiers bourgeois comme dans les banlieues ou dans les campagnes, on n’y apprend plus le « respect » (c’est pourtant la première chose que réclament nos jeunes voyous pour eux-mêmes !) ni la discipline ni la relation entre droits et devoirs et on n’y enseigne même plus convenablement à lire, écrire et compter. L’école n’est pas faite pour  faire du  « cocooning » ou laisser les enfants « s’exprimer » en rêvant qu’ils « auto-construiront ainsi leurs savoirs » en vertu des théologies pédagogiques qui confondent permissivité et éducation, chahut et créativité voire injures ou violence et expression de soi-même ! L’école est faite pour leur donner des points de référence à partir desquels,  plutôt que de flotter au gré de leurs fantasmes et des modes ou lubies passagères, ils  pourront plus tard organiser eux-mêmes leur pensée et leur action pour affronter la compétition féroce du monde nouveau.

Le Ministre et la hiérarchie de l’Education Nationale doivent rapidement, mettre en œuvre les mesures nécessaires pour remettre l’Institution dans le sens de la marche à savoir, rétablir l’autorité des maîtres, rejeter les innovations pédagogiques fumeuses, désidéologiser les contenus trop "correctement" orientés des enseignements (histoire, économie, société en particulier)  et ceci nonobstant les oppositions abusives des noyaux syndicaux qui, outrepassant leurs droits et méconnaissant leurs devoirs, ont oublié que notre Education est "neutre idéologiquement et nationale politiquement".  Elle doit donc obéir au Ministre nommé  par le pouvoir démocratiquement élu et non pas à telle ou telle instance de représentation/défense des intérêts du personnel qui aurait tendance, au nom d'une conception erronée de la "défense du service public", à s'ériger en "gouvernement corporatiste".  On a perdu trop de temps et on ne peut plus espérer que le redressement se fasse tout seul, le temps qu’une nouvelle  génération de professeurs et d’élèves se débarrasse des mauvais « acquis » des trois ou quatre dernières décennies de l’éducation nationale. Il y a urgence car la qualité du processus d’intégration/assimilation des enfants des populations immigrées et donc la cohésion sociale du pays, en dépendent.

En attendant, il faudra bien en passer par la prévention/rééducation en commençant par la responsabilisation (y compris financière) des parents et la sécurisation (y compris policière) des écoles pour « réapprendre le respect » à nos enfants des quartiers, … et par une répression sévère lorsqu’ il s’agira de punir les quelques grands et petits trafiquants qui gangrènent les cités en se protégeant derrière des gamins stipendiés.

On doit agir vite car l’immense majorité de nos jeunes de banlieue n’est pas irrémédiablement contaminée mais elle souffre durement du désordre physique, mental et social créé par la minorité délinquante. Le délabrement de l’école et la ruine de l’esprit civique ne viennent pas d’eux mais bien de nos mauvais penseurs qui depuis quarante ou cinquante ans ont ramolli l’esprit public en récitant le catéchisme désespérément correct de la bien-pensance, du développement de l’ego, du relativisme et de l’irresponsabilité des individus.  C’est donc de salubrité mentale qu’il s’agit quand on veut se débarrasser du laxisme et de la facilité, et de survie de nos nations quand on veut redonner aux jeunes de nos pays, l’envie et la capacité de se battre, face aux défis du monde nouveau.

 

… et les journalistes font toujours autant de vent !

 

Obsédés par la recherche du « scoop », de l’audience ou de la notoriété, ils n’ont pu s’empêcher de grossir outrageusement l’importance de quelques détails aguicheurs aux dépens d’une honnête mise en perspective de la situation d’ensemble. C’est un défaut il est vrai, très répandu dans l’internationale journalistique quand ou voit la façon dont sont maintenant traités les Présidents Obama et Sarkozy ou la Chancelière Angela Merkel qui étaient autrefois encensés comme les faiseurs d’un nouveau monde (Madame Merkel était même devenue la « mutti » de l’Europe !). Malgré l’adversité, ils ont mené chacun dans leur pays, des réformes fondamentales mais, soudainement décérébrée, « l’opinion médiatisée » oublie qu’il y a eu une crise grave et se met à piailler pour leur reprocher de ne pas avoir encore rétabli le plein emploi, augmenté le pouvoir d’achat (en supprimant les bonus sans doute !), ni résolu les problèmes de la guerre et de la paix dans le monde !  C’est consternant !

En France, les journalistes et amuseurs du service public, France 3 et France Inter en particulier, se sont une nouvelle fois, particulièrement distingués dans cette comédie de l’information (sans pour cela se priver de « faire grève », oubliant le principe constitutionnel opposé de continuité du service public !) ainsi que les habituels commentateurs bien-pensants de Marianne, du Nouvel Observateur, du Monde, de Libération et des journaux internet (ah ! les Zorro de Mediapart prenant le relais de nos célèbres juges-justicier(e)s, sectateurs de la nouvelle religion de la transparence et nouveaux « inquisiteurs » qui, en vertu de leur interprétation de la règle morale ou de droit, se refusent à prendre en compte d’autres impératifs politiques, économiques ou sociaux de beaucoup plus d’importance pour le peuple et pour le pays !) …. Promoteurs de la morosité et de la désespérance publiques ou spécialistes des remuements nauséabonds (créer un scandale où il n'y en a pas pour éventuellement « se payer un ministre » !),  ils continuent de croire avec une morgue et une insolence grotesques mais très étudiées, qu’ils « sont » l’opinion alors qu’ils n’en sont que le vent. Au lieu de s’employer à l’enfler par une démagogie facile, il serait plus honnête de leur part et plus utile au pays, qu’ils prennent le recul nécessaire pour montrer au peuple  le fond des dossiers plutôt que leur écume. Il n’y a pas de quatrième pouvoir dans une démocratie, pas plus celui de la rue que celui des journalistes !

 

Conclusion pour 2010 : le petit-bourgeois va devoir ouvrir les yeux

 

Tout est maintenant rentré dans l’ordre et les français vont pouvoir recommencer à travailler normalement mais les « minorités manifestantes » ne semblent toujours pas vouloir comprendre que le monde n’est plus celui d’avant-guerre ni même des années cinquante ou soixante. Les masses laborieuses d’antan sont devenues des amalgames hétéroclites d’individus et de groupes sociaux au comportement de petit-bourgeois enrichis mais décidément insatisfaits d’un sort que leurs parents n’imaginaient même pas dans leurs rêveries les plus folles. Ils font figure de nantis accrochés à leurs avantages (privilèges ?), au regard des vrais pauvres, ceux du monde en développement qui les contemplent avec étonnement et envie (pas encore avec méchanceté ni haine !) depuis leurs bidonvilles crasseux loin des forteresses statutaires et syndicales sécurisées du monde développé.

Attention ! Leur envie se fait rapidement imitation et se transforme sous nos yeux en une concurrence redoutable qui nous oblige déjà à accélérer le tempo ! D’où la scandaleuse malhonnêteté des élites bien-pensantes qui, très jésuitiquement, poussent les manifestants et en particulier les jeunes dans la rue, au mépris des plus élémentaires réalités qu’elles connaissent parfaitement mais qu’elles veulent ignorer par idéologie ou taire par démagogie.

 





 

En Grande Bretagne

 

Le gouvernement britannique de son côté, a publié en Octobre des prévisions budgétaires réduisant considérablement les dépenses de l’Etat (nombre de fonctionnaires, équipements, dépenses sociales) et augmentant significativement ses recettes fiscales pour faire face à la situation financière délicate de l’Etat et du système bancaire britanniques qui se sont eux-mêmes, mis en danger en tolérant voire en favorisant les excès d’un libéralisme économique et financier débridé. Seuls échappent à la hache, les services de santé dont on accepte  un léger accroissement du budget.

A la différence de la France, les britanniques semblent accepter les efforts qu’on leur demande et cette annonce n’a pas jusqu’ici, provoqué de mouvement notable de protestation syndicale ou populaire. A suivre cependant, car si les anglo-saxons sont généralement moins démonstratifs que les français et les autres latins, ils n’ont pas encore souffert des remèdes qui leur sont proposés et ils pourraient alors s’agiter sous la douleur.

Comme un signe de la “nécessité”, nous venons d’assister à la signature d’un nouveau type d’accord militaire entre la France et la Grande-Bretagne : les deux pays  ont décidé de coopérer non seulement en matière de développement d’équipements pour leurs forces terrestres, navales et aériennes mais aussi pour la maintenance et éventuellement la recherche en matière de forces de dissuasion nucléaire. Ceci dépasse de beaucoup le simple objectif de réduction des dépenses publiques bien que ce dernier ait pu en l’occurrence, en être l’aiguillon. Il s’agit aussi d’une ouverture vers une défense européenne pour peu que les deux pays persévèrent loyalement dans leur collaboration et que d’autres les rejoignent bientôt. Ce serait là une vraie dynamique du futur pour l’Europe !

 

Du côté allemand

Le gouvernement allemand poursuit l’effort de contention des dépenses publiques qu’il a initié il y a dix ans. La constance et le sérieux de l’Allemagne dans la  gestion de son économie et de ses finances doivent être salués mais elle ne doit pas oublier qu’elle ne peut vivre sans les autres pays européens qui sont de plus, ses plus gros clients. Sa vertu en effet, ne la dispense pas du devoir de solidarité européenne ainsi qu’elle a voulu très égoïstement s’en défausser au printemps, au moment de la « crise grecque » et récidivant à l’automne à propos de l’Irlande, aux dépens même de ses propres intérêts à long terme.

Il semble que le gouvernement et le peuple allemands aient maintenant compris où se trouvait leur intérêt à plus long terme c'est-à-dire avec celui de l’Europe tout entière en commençant par la zone euro. L’Allemagne dès lors, serait fondée à demander en échange, que les autres pays européens fassent un plus grand effort de bonne gestion. Cela aussi semble en bonne voie et la Commission d’ailleurs, doit y participer.

 





 

Dans les autres pays européens

Il y a certes, beaucoup à apprendre des « sages pays du nord » dans certains domaines du champ économique ou social mais il est sans doute illusoire de penser que toutes leurs solutions puissent être d’application concrète dans les pays plus grands ou dans les pays méditerranéens dont l’idiosyncrasie est si différente.

Ces derniers sont les héritiers d’une antique civilisation où le sérieux n’est pas toujours aussi constamment considéré comme la matrice essentielle de la vie mais où la légèreté et la vivacité compensent souvent son absence momentanée. Le bon sens et finalement, le peu d’appétence des peuples latins pour les excès démesurés finit en général par l’emporter. On peut donc raisonnablement espérer que les politiques sévères de redressement engagées par les pays méditerranéens bousculés par la crise et par l’amicale pression de leurs partenaires de l’euro, soient effectivement menées à terme avec succès.

Quant aux pays d’Europe centrale et orientale qui ont rejoint l’Union récemment, ils sont encore en période d’adaptation politique en raison de leur malheureuse expérience de l’ère soviétique, et doivent poursuivre leur mise à niveau socio-économique.

Les situations respectives sont donc très différentes entre les différents groupes d’Etats-membres et la convergence prendra encore beaucoup de temps même en ne parlant que des aspects économiques au sens large. Or le monde continue d’avancer et l’Europe ne peut actuellement répondre à ses défis que par le biais des politiques de quelques-uns de ses Etats-membres qui, individuellement, risquent de ne plus peser bientôt d’un poids suffisant pour influer de façon décisive sur les choix mondiaux. C’est pourquoi, il faut ouvrir très rapidement l’option d’une harmonisation/intégration plus complète et très rapide des politiques des quelques Etats-membres qui voudront aller de l’avant, pressés comme ils le sont par la nécessité de faire rebondir l’Europe dans la conjoncture actuelle et par l’urgence de commencer à construire « l’Europe-puissance » du futur. 

 

 

Les défis du G 20

 

Le G 20 quant à lui, doit être le sauveur des grands équilibres monétaires, commerciaux et financiers du monde en appelant les peuples et leurs gouvernements à mieux gérer leurs trésoreries respectives, privées comme publiques. Ils devront pour cela, réfréner leur gloutonnerie de consommation à crédit. Les organismes compétents devront mieux contrôler les flux financiers erratiques et « réguler » plus strictement les flux commerciaux pour mieux tenir compte des paramètres sociaux qui faussent la concurrence entre les grands blocs économiques, ainsi que des facteurs environnementaux et de disponibilité (ou substitution) des ressources naturelles qui peuvent à plus long terme mettre en péril le bien-être futur de l’humanité.  

Les Etats-Unis et la Chine sont à cet égard en première ligne des efforts à faire, les premiers pour calmer leurs consommateurs trop endettés et ne pas faire payer leurs excès par les autres pays en laissant filer leur monnaie au prétexte de relancer leur économie, et la seconde pour s’occuper du « développement durable » de sa consommation intérieure plutôt que de submerger ses partenaires commerciaux de produits à bas prix ou de technologies plus ou moins « piratées » qui ne respectent pas les règles et les normes du commerce international et profitent outrageusement d’une monnaie sous-évaluée. Il en résultera une croissance moins vive mais rééquilibrée, plus durable et socialement plus acceptable pour le plus grand bonheur  de tous.

L’Europe quant à elle, ne doit pas se laisser abuser par la vertu supposée d’un libéralisme et d’un libre-échangisme érigés en dogmes. Elle a développé un modèle socio-économique qui fait une balance assez juste (plus juste en tout cas que celle des Etats-Unis ou du Japon et plus encore  de la  Chine et des autres pays en développement) entre les préoccupations de protection sociale et les exigences de compétitivité. Ce modèle souffre actuellement de la compétition sauvage des pays à système de protection sociale moins avancé ou inexistant mais aussi du coût excessif de nos services publics qui pèse sur la compétitivité de notre système de production.  Il convient donc de ménager une période de transition/adaptation qui permette de réduire ces déséquilibres en poursuivant les réformes structurelles du secteur public en Europe, en pratiquant une politique industrielle qui soutienne efficacement les efforts de productivité des entreprises européennes et si nécessaire, en défendant mieux nos frontières dans les cas d’urgence. Cette période de transition devrait durer jusqu’à ce que les coûts de production des pays en développement aient atteint un niveau tel que nos entreprises n’aient plus à délocaliser leur production pour survivre et que lesdits pays en développement puissent se recentrer sur leur marché intérieur plutôt que de pousser frénétiquement leurs exportations en pratiquant sans retenue le « dumping » social, monétaire et environnemental, qui fait leur actuel succès. L’Europe est le premier marché du monde ; elle a donc des atouts de poids à faire valoir dans les négociations sur la régulation du commerce, des flux financiers et des monnaies ainsi que sur les éléments de base des politiques industrielles que devront mener les grands blocs. Elle a les moyens d’imposer son point de vue lorsque c’est nécessaire mais à condition qu’elle soit rassemblée.

Les animateurs du G 20 vont  devoir  beaucoup « prêcher », convaincre et négocier sur les modalités d’organisation et de gestion de cette transition car tous les pays et d’abord les puissances du G 20 (y compris naturellement les pays émergents !) devront faire de gros efforts internes et des concessions pour éviter la guerre et assurer l’équilibre du monde au 21è siècle.

Il faudra ajouter à la négociation, les paramètres de ressources disponibles et de « maintenance » environnementale de la planète qui conditionnent le développement durable de l’ensemble des économies du monde : l’adoption des quelques principes affirmés à la Conférence de Cancun sur le climat, est à cet égard encourageante (objectif de température + 2 ° à horizon 2050, efforts de limitation des émissions exigés de tous y compris des pays en développement et avec contrôle, 2è phase de Tokyo applicable aux pays développés, « fonds vert » de 100 milliards par an). Il est cependant évident que nonobstant les criailleries des Verts, alter-mondialistes et autres agitateurs de tabous, la limitation puis la réduction en temps utile des émissions de gaz à effet de serre devront passer par un développement massif et urgent de l’énergie nucléaire car le développement des énergies renouvelables n’y suffira pas et reste exagérément hasardeux et  coûteux. Quant à l’aide au développement, faudra-t-il la doubler ou simplement la réorienter ?  

 

Dans  ce contexte, l’Europe va-t-elle enfin, prendre forme à force de crises économiques et de « menaces extérieures » qu’il faudra bien traiter ensemble ? 

 

Trouver le chemin d’une Europe forte et décidée

 

Entre le libéralisme forcené de certains y compris la Commission elle-même, la vertu monétaire obsessionnelle des autres et le comportement trop dépensier des derniers, va-t-on pouvoir trouver un chemin commun ? Le rapprochement des politiques économiques française et allemande rendu nécessaire par la crise va peut être nous amener à resserrer les rangs pour refonder une Europe européenne, forte et capable de décider seule, à laquelle se joindra peut être un jour l’Angleterre (la coopération militaire franco-anglaise qui vient d’être confirmée, pourrait en devenir le pilier « souveraineté »). L’aréopage européen actuel est en effet, beaucoup trop large et inconsistant pour avancer de manière efficace et rapide. L’admonestation de Guy Verhofstadt reste plus que jamais d’actualité : « dans un monde qui avance, l’Europe doit cesser d’ergoter, cesser de se plaindre, adapter son modèle pour être compétitif dans le monde nouveau, définir les politiques communes nécessaires au sein d’un noyau dur et ouvert qui aille de l’avant sans attendre les hésitants ni les mous ».

Il y a urgence en effet pour sauvegarder « l’européanité » et l’indépendance de choix de notre Europe. Le cercle pourra ensuite s’élargir lorsque les autres seront prêts et que l’essentiel sera préservé.

Il est rassurant à cet égard de voir le Premier Ministre britannique au Forum de Davos, exhorter les européens à se battre sans complexe pour les valeurs européennes pendant que le Président français fixait le programme d'action du G 20 ! On n'attendait pas une telle profession de foi européenne de la part d'un Premier Ministre britannique (et conservateur !) ... ni surtout dans une telle enceinte. Un triangle franco-germano-britannique serait-il en formation ? Ce serait là à coup sûr, l'évènement de ce début du 21è siècle qui forcerait le retour de l'Europe sur le devant de la scène mondiale.

 

… sans s’égarer dans de débilitants débats sur de fausses interprétations des « droits de l’homme » et de nos rapports aux  autres

 

L’Europe  par ailleurs, ne doit pas s’abîmer dans la facilité amollissante de la religion des Droits de l’homme sur des sujets comme l’immigration et l’intégration, l’éducation et l’emploi des jeunes, la remise en ordre des quartiers « difficiles », la délinquance, etc…  Au lieu d’y « perdre son âme » comme le croient les bien-pensants, elle doit  au contraire attaquer de front ces sujets pour barrer la route aux extrémismes politiques et religieux qui naissent de l’incurie des gouvernants et de l’exaspération du peuple (l’émergence de la droite populiste dans beaucoup de pays européens et le développement de la rétrogression islamiste dans les pays musulmans, en sont la meilleure illustration).

N’oublions pas en effet, que les « Droits de l’Homme » sont originellement un concept européen auquel la plupart des autres pays du monde sont loin d’accorder la même valeur (nous ne pensons pas cependant que les enseignements de Lao Tseu, Confucius, Bouddha ou Mahomet soient fondamentalement différents de ceux de Socrate ou du Christ sauf lorsque leurs ouailles se laissent pervertir pour un temps, par de nouvelles idéologies comme le communisme ou des interprétations déviantes comme l’Inquisition autrefois ou le radicalisme islamiste de nos jours ). Faut-il alors accepter comme normal que ces pays ne respectent pas les droits de l’homme chez eux ou pire encore, culpabiliser lorsqu’on exige, même par la contrainte, qu’ils les respectent chez nous ? Bien que certains pays  comme la Chine, l’Iran et d’autres le nient pour des raisons passagères de politique interne (ou par peur de perdre à nouveau la face vis-à-vis des anciennes puissances coloniales), les « droits de l’homme » sont permanents et universels même si leur application est encore loin de l’être.

Rappelons enfin, que le monde futur ne pourra faire face aux problèmes démographiques et de développement durable que grâce aux acquis scientifiques, techniques et socio-politiques que l’Europe a accumulés depuis plusieurs siècles.  Il est donc bien de faire preuve de compassion et de solidarité avec les peuples plus pauvres mais il n’est pas sain ni justifié de culpabiliser et encore moins, de faire repentance au prétexte que l’Europe a dominé ou colonisé le monde au cours des derniers siècles. Les pays en développement ont profité et continuent de profiter (certains avec un bel  appétit !) des avancées européennes depuis la colonisation. C’est bien à eux qu’il faut demander plus d’efforts pour leur mise à niveau … quitte à les y aider sans que cela puisse en aucune manière être considéré comme un dû !  Les pays émergents (ou  ré-émergents !) comme  la Chine, l’Inde, le Brésil ou d’autres peuvent à bon droit être orgueilleux de se hisser peu à peu au niveau  des anciennes puissances dominantes mais ils ne doivent pas oublier qu’ils n’émergent (Amérique latine et Afrique) ou ré-émergent (Asie et monde arabe) que grâce au « capital intellectuel et matériel » transféré par ces dernières depuis quelques décennies. Il faudra sans doute leur rappeler cette réalité dans les futures négociations pour calmer leurs ardeurs revendicatives !

L’objectif premier pour l’Europe, est de sauvegarder son identité européenne et non pas de la diluer dans un magma métissé et mondialisé sans âme et sans caractère. Il faut au contraire, la renforcer et du même coup, rétablir la confiance de l'Europe en elle-même de façon qu’elle puisse sans réserve prendre sa part du devenir du monde et maintenir sa capacité à intégrer et assimiler dignement les étrangers qu’elle veut bien recevoir plutôt que de les traiter comme des parias lorsque les flux d’immigration dépassent à la fois, ses besoins et ses capacités d’absorption. Est-il besoin de rappeler que l'Europe a sa culture et ses lois que chacun, qu'il soit européen ou étranger, doit respecter sauf  à être puni ?  L’Europe en revanche, se doit d'être ouverte et généreuse mais elle doit alors décider de ce qu’elle peut et veut accepter de la « misère du monde » sans y perdre sa propre essence ! Ceci doit être dit, répété et mis en œuvre nonobstant les criailleries bien-pensantes des sectateurs de droits de l’homme mal compris !

 

Pour son salut, défaisons-nous de la mentalité « petite-bourgeoise » dont nos brillants intellectuels mais faux-penseurs ont contaminé l’Europe dans le demi-siècle passé

 

Il est temps d’agir ! Nos intellectuels des différents Saint Germain des Prés européens (à Paris, le cri sartrien « l’enfer, c’est les autres » et les accouchements douloureux des avatars du marxisme de nos philosophes de la Rue d’Ulm des années 60) ont ouvert la voie de la déresponsabilisation de générations de jeunes gens à qui l’on a appris à penser faux, à croire qu’ils  avaient des droits sans insister sur leurs devoirs et à attendre trop de la société plutôt que de leur propre effort. Cette voie est devenue avec les élucubrations du printemps 68 (« il est interdit d’interdire », « jouissons sans entrave »), un fleuve destructeur dont les tourbillons se sont progressivement perdus dans les marécages d’une bien-pensance généralisée qui correspond parfaitement au profil égocentrique et mou de notre nouvelle société « moyenne » enrichie .  Sur ce terreau en effet, est né le petit bourgeois européen égoïste, peureux, jaloux de ses avantages mais plus encore des avantages des autres, vindicatif et volontiers autoritaire lorsqu’il s’agit d’imposer sa façon de voir (ex : les diktats de l’écologisme !) mais compatissant avec les pauvres et se voulant généreux, surtout avec l’argent des autres (forcément suspect !) ou celui de l’Etat, bref, le « bobo » moderne tel que Nietzsche, Jünger et d’autres l’avaient anticipé sans même évoquer l’approche gaullienne de la « querelle de l’homme, la seule qui vaille » … mais ce n’était pas le même « homme » !

Or, notre petit bourgeois européen est en danger. Il est en train de s’éveiller aux dures réalités du monde. Il commence à prendre conscience que nos "prophètes" des cinquante dernières années lui ont menti et qu’il va devoir très vite c'est-à-dire à l’échelle de la génération actuelle, se secouer, faire preuve de créativité et s’adapter pour faire face à la compétition des autres peuples du monde. C’est donc un crime contre l’esprit que de tromper les jeunes en les encourageant au conservatisme social et au maternage « assistantialiste » comme s’évertuent à le faire nos modernes sophistes que l’intelligence du monde n’a toujours pas éclairés,  relayés par les politiciens du laisser-faire qui préfèrent le confort immédiat du laxisme social aux exigences à plus long terme de l’effort individuel et national.

Nos gouvernants vont avoir fort à faire pour refonder l’Europe et opposer un front commun aux appétits des blocs économiques existants et émergents. L’entente affichée notamment entre la France et l’Allemagne, au Conseil des Chefs d’Etat européens  du  17 Décembre 2010 à propos de la défense de l’euro et de la convergence des politiques économiques des différents pays-membres, est un progrès majeur dans cette voie.

On attend que la Commission les y aide en se mettant à l’heure du monde nouveau. Qu’elle prenne des initiatives innovantes sur les grands sujets plutôt que de harceler les  pays membres de règles inadaptées au nom de « principes » dépassés ou de pratiques érigées en dogmes par un système qui s’est développé sur lui-même et pour lui-même depuis quelques décennies de bureaucratie !






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LETTRE OUVERTE AUX COMMISSAIRES ET DIRECTEURS GENERAUX DE LA COMMISSION EUROPEENNE

(Février 2010)

 Messieurs,

 

Je vous ai envoyé à la fin de l’année 2008, un message d’information à propos des errements de la Commission dans le domaine de la coopération au développement, puis deux rappels plus insistants au cours de l’année 2009.

Je vous invitais à consulter à ce sujet, le site « eurocooperation-contreregard.org » et en particulier l’index « Adds & Comments » où l’on trouve une synthèse de mes derniers échanges avec les acteurs et partenaires de la Coopération Européenne.

 

J’évoquais dans ces messages, l’urgence de remettre  la Coopération Européenne  en ordre de marche. Celle-ci en effet, se fourvoie depuis trop longtemps, dans des orientations politiques et stratégiques irréalistes et s’empêtre dans des lacis procéduraux inextricables. Elle se fossilise doucement et distribue ses budgets sans vraiment y croire, comme par routine, dans un cadre d’action devenu totalement obsolète.

 

Elle en devient tout simplement aussi médiocre et inefficace que la coopération de beaucoup d’autres institutions internationales, Banque Mondiale et NNUU en particulier, qu’elle surpassait largement il y a une ou deux décennies, par son originalité (aide aux plus pauvres et aux plus inaccessibles) et sa réactivité. Par ailleurs, elle n’a pas les contraintes politiques historiques des anciennes puissances dominantes (France et Grande-Bretagne par exemple) ni celles des Etats-Unis toujours en quête d’un équilibre mondial qui leur soit favorable ni bien sûr, celles de la nouvelle Chine au néo-colonialisme si gourmand de matières premières.

 

La Coopération Européenne ne devrait donc pas avoir de ces balbutiements existentiels ni de ces peurs de déplaire qui la font reculer devant le chantage de ses « partenaires » en développement, ni de ces pudeurs à exiger d’eux (et à sanctionner sérieusement) la réalisation effective des conditions politiques, stratégiques, techniques et méthodologiques garantes d’une utilisation optimale de l’aide qu’elle leur consent. L’urgence en effet, est de bâtir un véritable partenariat respectueux des identités de chacun mais qui soit clair sur leurs devoirs et leurs responsabilités, bref, qui ne soit plus un mot commode pour cacher le laxisme du donateur et le clientélisme de l’ « assisté ».

 

- L’enjeu : ce sont d’abord, la crédibilité de la politique étrangère de l’Union à l’égard des trois quarts des pays du monde, ensuite l’usage optimal des fonds européens et enfin, le progrès effectif des populations aidées, tous éléments auxquels la détérioration continue du niveau d’efficacité de notre coopération ne satisfait pas.

 

- Le problème : La situation en effet, se dégrade depuis trop longtemps et la Commission n’a toujours pas pris l’initiative des mesures drastiques de redressement politique, stratégique et opérationnel qui s’imposent. Ajoutons que les Déclaration de Paris, Consensus européen, « Accra Agenda » etc… aussi louables soient leurs intentions affichées quant à « l’appropriation et à la responsabilisation » des décideurs nationaux, ne sauraient s’y substituer. Par leur « laisser-fairisme » consubstantiel, ils ne font en réalité,qu’entretenir chez ces derniers le cercle vicieux « dépendance-malgouvernance-dépendance ». Ils masquent en fait, la regrettable aboulie voire le manque de courage politique des bailleurs ou donateurs qui préfèrent se défausser de leur responsabilité sur les administrations récipiendaires dont on sait pertinemment qu’elles ne sont fiables ni techniquement ni financièrement.

 

Peu importent donc les résultats ! Les populations bénéficiaires putatives attendront que leurs élites deviennent miraculeusement honnêtes, compétentes et responsables. Ou que les bailleurs/donateurs revenant aux réalités, veuillent bien reprendre la part de responsabilité et de pouvoir qu’ils ont imprudemment abandonnée, renonçant par là à toute éducation sérieuse desdites élites sur le long chemin de la bonne gouvernance, à savoir faire prévaloir l’intérêt général.

(Nota : pour rassurer ceux de mes amis qui pourraient être choqués par ces jugements « incorrects », je tiens à préciser qu’ils sont le fruit d’une expérience constante quel que soit le régime politique ou le lieu du constat -pays ALA, MEDA, ACP, CARDS ou TACIS- et non la généralisation hâtive d’un a priori arrogant et simpliste, … mais ces amis savent bien qu’il en est ainsi même s’ils se le cachent !).

 

- Les mesures de redressement : Une profonde réforme de l’intérieur même de notre coopération est indispensable, en particulier sur les points suivants : 1. Pertinence de l’approche pays (oser dire non sans se cacher derrière la Déclaration de Paris et pour cela mettre en œuvre un solide partenariat avec co-responsabilité des deux partenaires par le biais d’un système organisé de co-décision et co-direction quant à la destination, à l’utilisation et à la gestion de l’aide),  2.Efficacité des stratégies de terrain (les « bénéficiaires » passifs deviendront des « acteurs » responsables lorsqu’on abandonnera le laxisme « corrupteur » du laisser-faire et de l’assistanat actuellement pratiqués pour une approche de formation effective par la co-responsabilité , et ceci du niveau du Ministre jusqu’aux acteurs de terrain),  3.  Efficience du système de gestion de l’aide (l’obsession paralysante du « Règlement » cessera avec une refonte totale de ce dernier plus axée sur la facilitation de la gestion et l’obtention de résultats que sur une protection excessive de l’Institution et de ses fonctionnaires, … le développement ne va pas sans risque, il faut savoir en prendre !).

Pour plus de détails sur les mesures concernant l’approche, les stratégies de terrain et les problèmes d’efficience, voir Adds & Comments Janvier et Juillet 2009 et chapitre 3 du texte principal.

Permettez-moi d’ajouter que cette critique quant à la nécessité d’une profonde réforme  interne, s’applique aussi à toutes les coopérations multilatérales et à beaucoup de nos coopérations bilatérales. En effet, pour répondre aux exigences d’efficacité si constamment mises en avant dans les réunions internationales, il est évident que ce n’est pas en coordonnant mieux des coopérations dolentes voire figées dans leur routine, et encore moins en « s’alignant » sur les politiques et procédures souvent inexistantes (et plus souvent encore mal appliquées) des pays « partenaires » qu’on rendra l’ensemble des coopérations plus efficace !

La catastrophe d’Haïti vient nous rappeler que ce pays est la caricature la plus dramatique et la plus flagrante des errements de nos coopérations depuis des décennies !

On attend donc la mise en œuvre d’un véritable processus de « co-opération » ce qui implique une approche de co-responsabilité concrétisée par l’application stricte des principes de co-décision et de co-direction, bref une approche qu’on puisse véritablement qualifier de partenariat et non une comédie faussement égalitaire où l’un joue le rôle du cocu satisfait et l’autre celui de la maîtresse volage!

 

- Le processus de redressement : La Commission bien entendu, devrait être le premier acteur de la réforme mais devant son manque d’initiative, les autorités nationales, membres du Conseil, et les parlementaires européens concernés s’honoreraient de « l’aider » voire de la bousculer si nécessaire. Il ne suffira pas qu’ils lui expriment leur « vive préoccupation », il faudra aussi qu’ils lui donnent la vigoureuse impulsion politique et institutionnelle dont elle semble avoir le plus grand besoin. Notons avec espoir, que le renouvellement en cours de la Commission pourrait être l’occasion de cette saine remise en ordre de la Coopération Européenne.

 

- Le contexte de la réforme et les hypothèses :

La Commission s’est épuisée au cours des dix dernières années en suivant l’humeur du moment et les conseils des stratèges, à « horizontaliser ou verticaliser » les structures, à multiplier ou regrouper les instruments et à « sécuriser » la gestion des fonds en empilant règlements et procédures. Hélas, ces réformes ont été faites en pensant surtout aux contraintes d’organisation interne beaucoup plus qu’aux objectifs et à l’efficacité de la coopération sur le terrain. Il en résulte que les services de la Commission fonctionnent maintenant en circuit fermé, en dehors de la réalité des besoins et des objectifs de coopération qu’ils sont censés servir (voir chapitre 2 du texte principal … troisième faute …).

En s’obstinant à réduire ainsi la réforme à un rafistolage du vieux système administratif et à ne pas prendre les décisions fortes qu’impose une véritable mise à jour stratégique et opérationnelle, les autorités n’ont fait qu’accompagner l’inexorable dégradation de l’efficacité de l’aide, privant ainsi l’Union du leadership mondial auquel elle pourrait prétendre dans ce domaine.

Hypothèse 1 : les nouveaux Commissaires prennent des décisions courageuses en matière d’approche politique, de stratégie de terrain et de gestion de l’aide.

 

Les Etats-Membres quant à eux, se sont laissé prendre au « wishful thinking » de la Déclaration de Paris, Consensus européen et autres résolutions bien-pensantes. Il leur est maintenant, bien difficile de les renier même si ces documents s’avèrent être une utopie coûteuse pour les bailleurs/donateurs et plus encore pour les populations qu’on est censé aider et qui ne voient pas grand-chose venir

Un des avantages très jésuitiquement passé sous silence, sera néanmoins que nos « responsables » ne seront plus responsables dans la mesure où la responsabilité de la mauvaise et/ou inefficace utilisation de l’aide incombera désormais sans partage au Ministre du pays récipiendaire puisque, par la magie de l’approche « budgétaire » et de « l’alignement » de l’aide sur les politiques, stratégies et procédures nationales, ledit Ministre sera « responsabilisé » !

On ne peut pas souscrire à une telle non-politique : coordonner et harmoniser certes, mais un tel « laisser-faire » demeure hautement irresponsable compte tenu des réalités présentes du monde en développement (voir à ce sujet Adds & Comments Janvier et Juillet 2009) .  

Hypothèse 2 : Les membres du Conseil abandonnent leurs utopies bien-pensantes et poussent activement les nouveaux Commissaires dans leur courageuse réforme.

 

A l’égard du Parlement, un espoir : que les nouveaux parlementaires prennent conscience de l’urgence et « questionnent » comme il convient, la nouvelle Commission sur ses intentions pour la remise en ordre de la Coopération européenne au développement en lui rappelant à l’occasion, que l’Union procède par dons (à part la Banque Européenne d’Investissement) ce qui l’autorise à être plus exigeante que les Institutions qui procèdent par prêts même s’il s’agit de prêts concessionnels, censés être remboursés par les Gouvernements « bénéficiaires ».

Hypothèse 3 : la Commission Développement et le Parlement mettent sérieusement la Commission Européenne devant ses responsabilités.

 

 

Messieurs les Commissaires, vous pouvez donc choisir de persévérer dans les erreurs de notre Coopération ou prendre l’initiative du redressement qui rendra l’Union plus crédible et plus forte ! … n’ayez pas peur ! osez !  

 

Messieurs les Directeurs Généraux, à vous de prendre en charge le grand œuvre ! L’Europe en a besoin et le monde aussi ! Merci de concevoir, planifier et mettre en œuvre ce vaste chantier !

 

 

 

Post-scriptum :

 

Au cours de l’année 2009, j’ai eu l’occasion de remercier de leurs commentaires, le Commissaire au Développement et le Directeur Général Europeaid ainsi que la Présidence du Parlement et un certain nombre d’autorités nationales même si lesdits commentaires esquivaient plus qu’ils  ne traitaient les problèmes de fond (voir ci-dessus et Adds & Comments de Janvier et Juillet 2009). Curieusement, aucune réaction du Commissariat ni de la DG Relex ! 

Je remercie aujourd’hui la Direction Générale Développement des observations qu’elle m’a récemment envoyées. Ses commentaires cependant, à l’instar de ceux des autorités précédemment citées, ne traitent pas de la problématique de base mais évoquent la réflexion à laquelle la DG Développement participe avec les autres DG et les représentants des Etats-Membres, dans le cadre de la mise au point de l’ERD 2010 (European Report on Development) qui inclurait la définition de la « future politique de développement » de l’Union.

On trouvera donc ci-après trois remarques d’ordre géo-politique qui pourraient aider à mieux cadrer la politique européenne de coopération dans le contexte mouvant de l’évolution du monde actuel. On espère toutefois, que la réflexion « ERD » ne se limitera pas à un simple constat de cette évolution mais aboutira à des mesures concrètes et rapides de réforme et d’adaptation de nos approches et méthodes comme il est suggéré plus haut.

 

NOTE : Concernant plus spécifiquement, le contenu technique des mesures de redressement préconisées ici sur l’approche politique (problème des élites et mauvaise « gouvernance », partenariat et co-décision / co-direction, …), les stratégies de terrain (insécurité du cadre de gestion et handicaps du secteur formel, priorité à donner au secteur informel i-e 60 à 80 % de la population, …), et la gestion de l’aide (le fardeau du « règlement et sa réforme, …), on trouvera les détails dans Adds & Comments de Janvier et Juillet 2009 et bien sûr, dans les résumés et chapitres dédiés du texte principal, chapitre 2 pour la critique et chapitre 3 pour les propositions.

 

Première réflexion : la Conférence de Copenhague, l’évolution du climat, les responsabilités et le partenariat pour un développement « durable »

 

Les résultats de la récente Conférence de Copenhague sur le climat (Décembre 2009) sont révélateurs de l’état actuel des relations Nord-Sud et conduisent au raisonnement suivant :

-          On peut éventuellement considérer comme acceptable la position de la Chine et de quelques pays en développement à propos des responsabilités des pays développés en ce qui concerne le stock actuel de gaz à effet de serre.

-          Mais on peut aussi leur rétorquer que leur développement présent aurait été impossible et leur développement potentiel inenvisageable à long terme, sans les connaissances scientifiques et techniques que les pays développés ont accumulées depuis cinq cents ans par leur inventivité et leur travail et dont les plus « émergents » des pays en développement profitent maintenant pleinement … et parfois sans retenue.

-          Il ne saurait donc y avoir pour l’avenir, de responsabilité ni de culpabilité des uns plus que des autres. Il y a une responsabilité de tous et tous doivent faire l’effort de consommer et de produire dorénavant de façon responsable et durable dans un monde désormais clos qu’il va falloir protéger en consommant mieux et moins « sale » …. en évitant toutefois de tomber dans les travers prosélytes au parfum totalitaire de l’écologisme et du malthusianisme propres  aux sectateurs de la nouvelle religion écolo (voir Adds & Comments de Juillet 2009).

-          On en revient donc toujours, et en particulier dans le domaine du développement durable, au concept de partenariat équilibré et de co-responsabilité et aux principes de co-décision et co-gestion, concepts et principes que la Commission a abandonnés dans ses projets vers l’an 2000 en oubliant l’étymologie du mot co-opération et que les bailleurs/donateurs ont réduits à néant lorsqu’ils ont cru angéliquement, que leurs « partenaires » pouvaient devenir subitement responsables et efficaces par la seule magie du « verbe » de la Déclaration de Paris et du Consensus européen (voir Co-direction dans Adds & Comments Juillet 2009 et chapitre 3 du texte principal ).

 

Bref, que s’établisse un partenariat assumé sereinement par les deux parties à part égale de responsabilité ou ce sera la confrontation alimentée par les rancœurs d’un passé souvent fantasmé ! La Chine et les autres pays en développement devront faire un gros effort de réajustement interne au plan politique, économique, social et environnemental. L’Occident, et l’Europe en particulier, sont disposés à les aider financièrement et par leur technologie comme ils l’ont fait depuis des décennies … mais il faudra changer la manière !  

 

 

Deuxième réflexion : Pour une vision dynamique de l’avenir du monde, il faut cesser de fantasmer sur le passé et libérer les énergies pour une meilleure cause

 

Avec Copenhague en effet, surgit l’ombre des Traités Inégaux desquels la Chine humiliée cherchera sa revanche si on ne lui montre pas la considération que mérite une vieille civilisation. De même l’Inde après les empires portugais, français et britannique et aussi le reste de l’Asie, l’Afrique, l’Amérique Latine, le monde arabe, etc… entretiennent une certaine rancœur à l’égard de l’Europe ou de l’Amérique. Cela peut paraître explicable sinon justifié au regard de l’histoire des cinq derniers siècles. En revanche, la complicité active des adeptes occidentaux de la bien-pensance et de la repentance post-marxistes ou social-chrétiennes dans le dénigrement de l’Occident, est totalement irresponsable et contre-productive dans la perspective d’un avenir qui ne peut être que commun. Ils mettent sciemment de l’huile sur le feu en les poussant à accuser l’Europe et l’Occident en général, des péchés de colonialisme, d’esclavagisme, de brutalité guerrière, et bien sûr, d’exploitation des « richesses des pauvres », …

 

Tous pourtant, ont péché avant l’Europe et certains sont prêts à pécher à nouveau : l’Empire chinois qui recommence à croire qu’il est du Milieu et dont les prétentions maintenant ne se limitent plus seulement à l’Asie du Sud-Est, les Pharaons qui allaient chercher leurs danseuses jusqu’en Ethiopie, les Assyriens qui déportaient le peuple juif, les invasions arabes de l’Espagne à l’Inde et l’Islam jusqu’en Indonésie et au cœur de l’Afrique, le commerce généralisé des esclaves dans le monde antique méditerranéen ou asiatique et celui plus récent des esclaves noirs pratiqué pendant des siècles par les marchands arabes, les pirates barbaresques qui revendaient leurs prisonniers européens sur les marchés du Sud de la Méditerranée, etc…

 

Où est l’antériorité et qui est le plus fautif ? On ne peut pas laisser ainsi oublier ni biaiser l’histoire du monde même si nos belles âmes et nos mauvais penseurs en font quelques complexes avec leurs problèmes existentiels. Ceux-ci mal guéris du marxisme et des avatars qu’en ont tiré nos « philosophes » pre- et post-soixante-huitards, prônent maintenant des placebos écolo-altermondialistes très bobos, l’enrichissement de notre civilisation par l’immigration sans limite et le multiculturalisme planétaire, l’auto-éducation des jeunes sans contrainte ni devoir, la responsabilité « essentielle » de la société à l’égard des délinquants, la distribution sociale des richesses non encore produites et la création d’emploi par la généralisation des services publics qui recruteront proportionnellement à leur taux d’inefficacité, sans parler bien sûr, de la « juste réhabilitation » que réclament nos intellectuels pour les criminels politiques qui n’ont pas hésité à tuer ou massacrer au nom de leurs multiples idéologies et révolutions ratées.

 

Ils agitent en même temps, les poncifs charitables et culpabilisants hérités du christianisme et les récriminations vengeresses dérivées du marxisme. Ils mélangent tout en pensant confusément que cette dialectique un peu sommaire pourra résoudre les petits problèmes internes de leurs pays riches en même temps que les gros problèmes de développement des pays pauvres. Ils réclament par exemple que les pays riches paient pour les pauvres et stigmatisent « les milliards qu’on a donnés (?) aux banques » pour réduire la crise ! « Avec tous ces milliards, il n’y aurait plus de pauvres dans le monde » disent-ils.

Ils oublient simplement que le problème central de l’aide n’est pas de donner plus car la plupart des pays en développement ne disposent pas des moyens humains ni de l’environnement socio-économique et institutionnel qui leur permettraient d’absorber une aide beaucoup plus importante alors que l’aide actuelle est déjà très mal orientée et très mal gérée. Le développement en effet, est une question d’approche et de méthode donc un problème d’hommes avant d’être un problème d’argent. Ils oublient aussi que sans les banques dans les pays développés, il n’y a plus d’entreprises, sans les entreprises plus d’emploi et sans entreprises ni employés, plus de ressources publiques et donc plus d’argent pour les pauvres ! … ni les pauvres « développés » ni les pauvres « en développement » !

 

Que nos belles âmes et grands récriminateurs reviennent donc sur terre et cessent de penser faux ! L’humanisme final est l’objectif commun mais les lubies du politiquement correct sont incompatibles avec la réalité du développement (voir Adds & Comments Janvier et Juillet 2009 et chapitre 1 et 3 … qu’elle laisse ses fantasmes et ses peurs…).  Il est temps de surmonter nos rancœurs  respectives … l’histoire a été ce qu’elle a été de l’Antiquité à nos jours ! Seul l’avenir  importe maintenant. Il faut rassembler nos forces au lieu de les épuiser en querelles stériles qui deviendraient suicidaires dans un monde désormais clos.

 

L’Europe a dominé le monde depuis la Renaissance parce qu’elle a développé des savoirs et maitrisé des techniques qui lui ont permis d’ériger le progrès économique et social en perspective incontournable de l’humanité tandis que les autres peuples, alors au même niveau culturel et technique, se sont endormis sur leur culture et leurs modes de vie ancestraux.

Il serait malvenu de le reprocher à l’Europe au moment où son « modèle » est devenu universel et où il s’avère le seul capable de faire face au défi démographique et d’inventer les solutions pour un développement durable au niveau planétaire.

En effet, le reste du monde s’éveille et réclame maintenant sa part. L’Europe ne demande qu’à l’aider en le faisant profiter des ses avancées scientifiques et techniques … mais de grâce, qu’on ne lui réclame pas cette aide comme si c’était un dû !

La tutelle coloniale a cessé depuis plus d’un demi-siècle et les élites des pays en développement ne sont plus excusables de ne pas gérer « proprement » leurs affaires. Assez de récrimination et d’arrogance de part et d’autre, mettons-nous sérieusement au travail !

 

Ces propos ne sont, certes pas, très « corrects » mais le développement à venir des trois quarts de l’humanité et le progrès du quart le plus avancé (à savoir le nôtre !) réclament maintenant moins d’angélisme (ou de cynisme) politique. Il faut construire un véritable partenariat pour le développement et ne plus se satisfaire de mots et de faux-semblants. Cela demande plus de réalisme dans l’analyse des problèmes et la recherche des solutions, et plus d’esprit de décision dans l’action.

 

 

Troisième réflexion : Le rééquilibrage mondial de la consommation, de la production, de l’emploi et des prix se fera sans affolement si l’Europe sait se montrer décidée à « co-opérer » avec des partenaires responsables

 

La grippe mexicaine dite porcine ou H1N1, est maintenant passée et n’aura probablement pas fait plus de morts qu’une épidémie ordinaire. « La crise » elle aussi passera ! Comme il était raisonnable de le penser (voir Adds & Comments de Juillet 2009), elle nous amène en France en fin d’année 2009, au niveau de chômage (catégorie A) de Mars 2005 et en dessous de ce qu’il était en 1999. On apprend par ailleurs que le pouvoir d’achat des salaires a augmenté de plus de 2 % en France au cours de l’année 2009 (Insee déc. 2009).  Ceci n’est pas précisément le reflet d’une situation sociale catastrophique. La situation varie d’un pays européen à l’autre (un peu mieux en Allemagne, un peu moins bien en Angleterre) mais reste dans ces parages.

Les journalistes encore une fois, ont parlé ou écrit trop vite sans prendre le recul nécessaire pour valider leur prétendue « information », contribuant de la sorte à la rupture de confiance et à la panique comme ils l’ont aussi fait pour le changement climatique et pour la grippe ! Ces mêmes journalistes qui, poussés par le vent dominant d’une agitation grégaire et leur obsession d’une communication frénétique, réclament qu’on « régule » les banquiers, les industriels et les médecins … mais … pouvons-nous leur faire confiance à eux ?  Leur système d’auto-régulation personnelle et professionnelle a beaucoup trop de ratés !

 

De la même manière que la dernière guerre était plus qu’un duel entre la France et l’Allemagne, cette crise à la différence des autres, est une crise mondiale dans laquelle tous les pays ont été ou seront directement impliqués. Nous sommes maintenant dans un « monde clos » où il n’y a plus d’espace libre où on puisse s’échapper et tous les pays devront coopérer pour surmonter les défis, la réduction de la crise et le développement durable du monde.

Après le sauvetage financier que les Etats viennent d’opérer à grande échelle, et au-delà de la « régulation internationale » de l’activité des intermédiaires financiers que le G 20 commence à mettre en œuvre, il faut maintenant cadrer convenablement la remise en ordre des finances publiques mais aussi des finances privées.

 

Renflouer les trésoreries privées signifie que notre moderne consommateur européen et plus encore l’américain, vont devoir réfréner leur gloutonnerie à crédit et réapprendre à consommer plus raisonnablement, c'est-à-dire acheter à la Chine et autres économies émergentes, beaucoup moins de « gadgets » peu utiles ni indispensables et acheter un peu plus de produits du « terroir » ou de services non dé-localisables, de ceux que l’on peut produire dans les régions euro-méditerranéenne ou américano-latine. Les pays en développement et en premier lieu la Chine, verront diminuer un peu leur taux de croissance artificiellement gonflé par des exportations sous-valorisées et un secteur de la construction en délire. Les prix dans les pays consommateurs augmenteront un peu mais on repartira ainsi sur une répartition internationale plus réaliste et tenable à long terme, de la production et de l’emploi comme de la consommation et des coûts … ainsi que de la valeur des monnaies (yuan, dollar, euro).

 

Renflouer les trésoreries publiques signifie pour les Etats, dépenser moins c'est-à-dire continuer de réformer les services publics pour qu’ils rendent plus de « services » à moindre coût grâce à une meilleure organisation, une plus grande flexibilité, moins de grèves corporatistes et plus de dévouement à la chose publique que les quelques heures effectives de travail qu’ils lui consacrent chaque semaine avec un « taux de rendement net » souvent assez éloigné de l’optimal !

 

Ce rééquilibrage sera facilité et s’accélérera avec l’augmentation des coûts de production et des problèmes de logistique en Chine et dans les autres pays-usines, phénomène qui incite déjà beaucoup d’entreprises occidentales à repenser leur stratégie d’investissement extérieur. Mieux vaudrait qu’il se fasse dans l’harmonie avec des Etats-Unis moins gloutons mais plus solidaires à l’intérieur comme à l’extérieur, une Chine plus préoccupée de créer un marché intérieur solide et moins maladivement gourmande de devises, et une Europe plus décidée à montrer au monde que son « modèle » est à tout prendre assez performant par l’équilibre qu’elle a su créer puis maintenir entre le social et l’économique.

C’est la tâche du G 20 que de mettre tout cela en harmonie et de montrer ce qu’il est socialement juste, économiquement possible et « environnementalement » nécessaire de faire entre les grands blocs économiques et entre ceux-ci et le reste du monde.

Et dans ce cadre, il est temps pour l’Europe de faire sa révolution mentale, à savoir se débarrasser de son obsession libre-échangiste en matière de commerce et  internationaliste en matière de concurrence, pour définir une politique européenne de production et d’échange raisonnablement solidaire mais qui donne malgré tout la préférence à ses propres intérêts économiques et sociaux. Se débarrasser de cette tendance absurde et quasi-religieuse de nos Commissaires successifs au Commerce et à la Concurrence (nouvel exemple avec les propos du Commissaire actuel quant à un éventuel cadrage des investissements de Renault en Turquie) à privilégier des règles souvent érigées en dogme par ces mêmes Commissaires, plutôt que les intérêts de nos entreprises et l’emploi des citoyens européens.

 

 

Conclusion pour action

 

A l’égard du reste du monde, l’Europe doit faire preuve de beaucoup de solidarité mais aussi d’une fermeté qui la fera mieux respecter et plus aimer par des pays et des peuples qu’elle traitera comme des partenaires responsables et non plus comme des clients assistés. Aux premiers en effet, on ose dire non car on les considère comme des égaux, aux seconds on passe lâchement toutes leurs fantaisies comme à des mineurs irresponsables. Ce sera la grande et définitive novation des relations Nord-Sud car la culture de l’excuse et du « benign neglect » s’est avérée absolument contre-productive en matière de développement.

 

A l’égard des grands blocs politiques ou économiques,l’Europe doit s’entraîner à parler d’une même voix ainsi qu’elle a commencé de le faire avec assez de succès dans le cadre du G 20. Mais elle doit aussi comme le lui intimait récemment un Chef d’Etat européen plus clairvoyant ou plus volontaire que les autres, cesser de perdre son temps à ergoter, avoir peur ou à se plaindre et rassembler d’urgence ses forces autour d’un noyau dur d’Etats décidés à aller de l’avant en laissant si nécessaire pour un temps sur le bord du chemin, les hésitants et les mous (voir conclusion Adds & Comments Juillet 2009).

Une grande politique étrangère doit être ambitieuse et courageuse. L’Europe en a les moyens, encore faut-il qu’elle en ait la volonté !

 

 

 

 

 

 

 

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SYNTHESE DES COMMENTAIRES RECUS (juillet 2009)

La coopération européenne fait fausse routeoser une autre politique

 

Les autorités n’ont toujours pas pris la mesure de la gravité de la situation … elles semblent se satisfaire du processus de fossilisation qui délite lentement le « monument » de la Coopération …

 

La présidence du Parlement nous conseille de prendre contact avec les parlementaires de la Commission Développement du Parlement et les Services compétents de la Commission.

Merci ! mais il serait plus intéressant que la Présidence au lieu de se contenter de jouer les intermédiaires, nous dise ce qu’elle peut faire et ce qu’elle va faire pour accélérer le mouvement de réforme du côté de la Commission Européenne.

On ne peut en effet, se satisfaire d’un simple échange d’opinions aussi aimable soit-il, sur le « blog » de la Présidence ou de la DG communication du Parlement. Il s’agit là, d’action politique et de responsabilité institutionnelle du Parlement dans un secteur important de compétence de la Commission (Développement et Relations Extérieures) dont le Parlement est censé assurer le contrôle en partage avec le Conseil des Ministres.

Faut-il attendre la prise de fonctions des nouveaux députés élus en Juin pour espérer que le Parlement bouge et que sa Commission Développement demande des comptes aux Commissaires concernés ?

 

Les Etats-Membres semblent hésiter à imposer à la Commission une autre vision de la Coopération. Ils se réfugient souvent derrière les accords ou consensus internationaux ou inter-institutionnels (Déclaration de Paris, Consensus européen, etc…) pour montrer qu’ils se préoccupent d’efficacité de l’aide tout en oubliant que ladite efficacité est d’abord une question d’approche politique, de stratégie de terrain et d’organisation propre à chaque coopération. Ce n’est pas en coordonnant mieux des coopérations dolentes voire figées dans leur routine et encore moins en « s’alignant » sur des politiques et procédures inexistantes ou mal appliquées des pays « partenaires » qu’on rendra l’ensemble des coopérations plus efficace ! (voir à ce sujet nos commentaires du mois de Janvier 2009).

Malheureusement, les dirigeants des institutions nationales de coopération semblent eux aussi, avoir peur du changement et n’osent pas exiger des Commissaires européens qu’ils réforment ce qu’eux-mêmes n’osent pas réformer chez eux. On peut comprendre à la rigueur, que certains Etat-membres aient des contraintes de politique internationale globale qui les obligent à accepter certains biais et certaines entorses aux principes mais ce n’est pas le cas de la Commission dont l’aide (des dons !) devrait rester purement technique et ne pas s’habiller de mauvaises raisons trop facilement qualifiées de politiques et diplomatiques.   

Est-on condamné à tourner en rond dans la médiocrité en attendant qu’une des autorités de tutelle s’en avise et réagisse ? Faudra-t-il en appeler aux Chefs d’Etat ?

 

 

Quant à la Commission, elle est aboulique, écartelée comme elle l’est entre bien-pensance, laisser-faire et rigidité bureaucratique

 

Les courriers reçus du Commissariat au Développement et des Directions Générales font aussi référence à ces fameux accords et consensus inter-institutionnels ou internationaux derrière lesquels il est commode de s’abriter. Ils conviennent que tout n’est pas parfait et affirment que la Commission n’est pas fermée à une évolution de sa politique et de son dispositif d’aide au développement ce que personne bien sûr, n’a jamais mis en doute car cela semble la plus évidente et la plus nécessaire des choses.

Sans doute faudrait-il aller beaucoup plus loin et ne pas seulement « rester ouvert »  à cette évolution  mais la rechercher activement et même la hâter ? Peut-on espérer par exemple que l’installation de la nouvelle Commission soit l’occasion pour les Directions Générales concernées (Relex, Développement, Europeaid) de préparer des initiatives fortes ? Beaucoup de temps est déjà passé et il devient urgent de décider et de mettre en œuvre une réforme profonde de l’approche politique, des stratégies de terrain et de la gestion courante de notre coopération qui la rendrait véritablement efficace et sauvegarderait ainsi la crédibilité de notre politique étrangère à l’égard du monde en développement (voir la problématique dans la page d’accueil du site).

 

Plutôt que de la qualifier d’étrange ou d’irresponsable, essayons d’expliquer cette aboulie par le mélange de bien-pensance (peur de dire non), de libéralisme mal compris ( laisser-fairisme commode) et de rigidité bureaucratique (exonération voire défaussement de responsabilité) qui étreint la Commission et empêche ses dirigeants de prendre les décisions que leur mission commanderait.

 

D’un côté, c’est la maladie anglaise d’un « laissez-passer/laissez-faire » suicidaire qu’il faut combattre pour pouvoir définir des politiques européennes fortes en matière d’aide comme aussi d’ailleurs, en matière économique et sociale !

C’est ainsi que dans le domaine de la coopération au développement on continue de financer des gouvernements corrompus et/ou inefficaces en se bornant (rarement et toujours délicatement !) à leur faire quelques gentilles observations mais sans aller jusqu’à leur imposer d’autres approches mieux contrôlées et plus efficaces de la coopération ni même oser suspendre cette dernière (les rares exceptions confirment la règle à cet égard)!

Dans d’autres domaines (commerce, investissements, concurrence par exemple), la même théologie du laisser-faire et le même angélisme libéral conduisent par exemple le Commissaire au marché intérieur à tenter de faire obstacle à toute véritable mise sous contrôle des excès de l’innovation financière (voir son projet d’encadrement de l’activité des fonds spéculatifs qui contrairement aux décisions du G 20, ouvrait grande la porte aux hedge-funds des paradis fiscaux en prévoyant tout simplement un processus de « reconnaissance mutuelle »!). Le même Commissaire que les gouvernements français et allemand doivent aiguillonner en Juillet, pour qu’il exige du responsable de l’organisme européen chargé de la normalisation comptable, qu’il adapte rapidement les règles conformément aux décisions du G 20 d’Avril 2009. De même la réticence à protéger les entreprises européennes à l’égard des prises de contrôle étrangères y compris dans les secteurs stratégiques … et pire encore les interdictions faites aux entreprises européennes, toujours au nom de la concurrence, de prendre  le contrôle d’entreprises étrangères qui permettraient de mieux armer l’Europe dans la compétition mondiale (voir les exemples cités dans l’ouvrage).

Il est tout de même curieux de constater que ces réticences à désacraliser le « tout libéral » sont presque toujours britanniques ou d’influence britannique. Décidément, les Anglais, d’incorrigibles « boutiquiers » qu’ils étaient selon de Gaulle, sont devenus de fieffés agioteurs dont l’horizon se limite au profit du jour aux dépens d’une construction à plus long terme ! Les anglo-saxons en effet, sont à nouveau prêts à replonger dans les errements d’avant-crise (relance effrénée des bonus à New-York, défense opiniâtre des paradis fiscaux à Londres, re-sanctification des marchés, ….) à l’opposé de l’encadrement de bon sens que veulent imposer aux marchés financiers, la France, l’Allemagne, le FMI et beaucoup d’autres. L’Europe devra bientôt en tirer les conséquences et resserrer les rangs pour aller sérieusement de l’avant avec ceux qui le veulent vraiment, dans le sens d’une Europe européenne avec ses politiques propres.

 

A l’opposé (et paradoxalement en même temps !), il faut décontaminer la Commission de la maladie française d’un « bureaucratisme » sclérosant car le patient est déjà essoufflé avant même de courir ! … et pourtant il lui faudra bientôt courir très vite car le monde a bougé. La rigueur en effet, règne sur les règles et procédures d’exécution des activités de coopération dont tout le monde s’accorde à constater qu’elles sont une cause majeure d’inefficience de l’aide européenne ! Jusque dans ce pur domaine d’exécution qui ne touche ni à la politique ni à la stratégie de coopération, les dirigeants de la Commission renâclent à refondre les « règlements » et à bousculer leur bouclier protecteur . Aller plus vite et se placer plus à découvert, les conduirait en effet, à prendre quelques risques !

 

Tout ceci est proprement consternant. Le « politique » (i-e les autorités de tutelle, Etats-Membres et Parlement) doit reprendre le gouvernail sans tarder et les Commissaires et Directeurs Généraux obtempérer à défaut de prendre les initiatives qu’ils devraient prendre.

 

 

 

Les consultants et les fonctionnaires se désolent que rien ne bouge et attendent sans y croire qu’ « on » prenne enfin les décisions qui s’imposent !

 

 

Commentaires des Consultants

 

Chez eux, c’est une colère rentrée devant le blocage et l’inertie du système. Certains parlent des « talibans » de la bureaucratie ! Beaucoup se plaignent du « surtout pas de vagues » avec lequel on réduit à néant leurs velléités de faire un peu bouger les choses. Mais tous parlent de frustration généralisée en parlant d’eux mais aussi des fonctionnaires avec lesquels ils travaillent. Ces derniers en effet, ne peuvent que constater l’inertie de leur système et surtout déplorer à mots couverts celle de leurs chefs à le réformer !

Certains se préoccupent du « politiquement correct » qui vicie les approches politiques et stratégiques de la coopération. Ou encore, ils évoquent l’argument « diplomatique ou politique » qui sert de paravent pour justifier les décisions positives dans les cas où on devrait dire non, contribuant par là au développement du laxisme et des mauvaises habitudes de gestion. Une mendicité et un chantage raisonnés et cyniques deviennent ainsi la règle du jeu : si on n’en trouve pas là, on ira demander l’argent ailleurs, et si la Commission est si complaisante, n’hésitons pas, elle ne sera pas trop regardante sur les dérives non plus … etc, etc…

Beaucoup critiquent les effets de simple substitution de l’aide au budget normal de l’Etat qui permet aux dirigeants nationaux de consacrer les ressources nationales qu’ils devraient y consacrer à d’autres « priorités » … pas toujours très claires ni réellement prioritaires ! Cette dérive ne fera évidemment que s’amplifier avec l’orientation vers l’aide sectorielle et l’aide budgétaire globale.

D’autres encore, parlent de mauvaise conception des projets qui ne s’appuient pas sur les dynamiques locales et regrettent que leurs effets s’arrêtent avec les projets : il s’agit là en particulier, des projets de développement du secteur rural ou du secteur informel en général, dont la Commission a eu toutefois, le mérite d’en faire un cheval de bataille de son action dans les années 80-90. Ce problème de qualité dans la conception des projets encore malheureusement le cas assez général dans les pays ACP et MEDA. Pourtant, la bonne approche est connue et a même été assez largement pratiquée par la Commission dans les pays ALA depuis une quinzaine d’années. Mais elle est difficile et « demanding » d’où la réticence assez malheureuse de la Commission à la généraliser comme une politique centrale de son aide aux pays pauvres, et son intérêt apparemment décroissant pour ce secteur essentiel des activités de développement… Dommage ! car cela touche directement les deux tiers de la population de ces pays et reste le seul moyen d’y développer un véritable marché intérieur.

 

Commentaires des fonctionnaires et responsables opérationnels

 

Les Chefs d’Unité et Chefs de Délégation ont des réactions dramatiquement désabusées. Ils sont généralement d’accord sur le constat mais dubitatifs voire désespérés quant à la possibilité des réformes compte tenu de l’état de sclérose bureaucratique où on en est arrivé et des frayeurs des dirigeants à toucher au « monument de la coopération » .

-          Les moins conscients n’apprécient pas qu’on parle des « errements » de la Commission. Qu’ils soient loués de défendre ainsi l’Institution mais ils doivent savoir que la critique ne concerne pas leur travail et qu’elle s’adresse à des politiques et à un système de gestion auxquels ils ne peuvent malheureusement se soustraire et dont ils ne sont pas responsables. Certains cependant, se montrent plus royalistes que le roi : souvent d’anciens consultants devenus fonctionnaires !

-          D’autres font remarquer qu’il y a déjà eu des évaluations non suivies d’effets… les unes commanditées par la Commission elle-même ( DG Développement et ECHO en particulier), une autre commanditée par le Parlement (Fondation Mayer 1999) ou enfin, celles des « confrères bailleurs » (évaluations de l’OCDE). Certes, mais ces évaluations aussi pertinentes soient-elles sur certains points concernant le fonctionnement de l’aide, n’ont jamais vraiment remis en cause le « cadre » de gestion lui même ni les stratégies de terrain avec les populations ni les approches politiques avec les pays bénéficiaires, là où il faut porter le fer et où se trouvent les opportunités majeures d’amélioration de l’efficacité de notre coopération.

-          La plupart sont découragés et les plus désabusés finissent par dire que la coopération « n’a servi à rien » et qu’une nouvelle génération « peut être » (« et dans les PVD eux mêmes ») y arrivera puisqu’ « on » n’a pas l’air de vouloir changer les choses. C’est évidemment faux et ils ont tort pour l’avenir (à condition bien sûr, que quelqu’un mette la réforme en mouvement ! ) mais ils sont usés par des années d’impuissance à faire entendre les réalités du terrain et le simple bon sens.

 

Les dirigeants de la Commission sont-ils conscients de cet état d’esprit et de sa progression depuis quelques années ? On se heurte en effet, à un mur de non-décision et d’inertie quant aux réformes nécessaires … d’où l’exhortation des pages d’accueil et de conclusion du site : c’est votre travail et votre haute responsabilité, n’ayez pas peur, Messieurs les Commissaires et les Directeurs Généraux !

 

 

 

Quelques concepts et approches mal cernés qu’il convient de remettre en perspective

 

Après analyse des commentaires reçus, il importe de remettre les choses en perspective sur certains points particuliers pour éviter les malentendus ou jugements hâtifs qui mélangent des faits ou des concepts qui n’ont pas vraiment de rapport entre eux ou qui ne s’appuient pas sur les réalités du contexte dans lequel on doit agir. 

 

 

Aide budgétaire

 

L’efficacité de l’aide budgétaire est fortement mise en doute et son principe mis en cause dans la plupart des commentaires reçus en raison de la convergence sur cette approche de problèmes d’ordre politique (manque de sens de l’intérêt général de la part des élites dirigeantes dans les pays aidés), d’ordre technique (absence trop fréquente de compétence des administrations) et d’ordre sociologique (forte sensibilité à la concussion et à la corruption des dirigeants comme des exécutants) … tous problèmes amplement expliqués dans l’ouvrage.  

 

Quelques-uns s’efforcent néanmoins de défendre l’idée de l’aide budgétaire, en affirmant que les modalités actuelles de gestion de l’aide, apparemment trop directives de leur point de vue, « ont affaibli les capacités des acteurs nationaux … et qu’il faut bien après tout, leur laisser faire leurs bêtises pour leur apprentissage de la gouvernance … » ! D’autres mettent en avant à l’instar des Déclaration de Paris, Consensus Européen, Accra Agenda et autres bonnes intentions affichées des bailleurs et de leurs partenaires, les « wishful thinkings» d’appropriation et de responsabilisation que l’expérience de la gestion de l’aide par eux-mêmes serait censée apporter à ces acteurs nationaux.

C’est un raisonnement assez spécieux (et très coûteux !) car on peut à l’inverse penser que trop de laisser-faire (osons même le mot de laxisme !) dans notre gestion de l’aide n’a fait qu’encourager de très mauvaises habitudes de gestion qui trouvent leur racine dans une idiosyncrasie dont on oublie trop souvent, qu’elle est très différente de la nôtre ! En continuant de la sorte par le biais d’une aide budgétaire que l’on rêve « responsabilisante », nous ne ferons qu’entretenir le cercle vicieux assistanat-inefficacité/laxisme-dépendance. Le problème est réel mais il ne faut pas le prendre à l’envers !

 

L’aide budgétaire pourrait être la bienvenue à la condition de l’encadrer par un solide système de partenariat qui implique co-décision et co-direction comme tout partenariat qui ne soit pas simplement un mot commode pour cacher notre abandon de pouvoir et de responsabilité dans les décisions et les modalités d’utilisation de l’aide. De plus, un partenariat exigeant sera toujours plus respectueux de « l’autre » qu’une aide octroyée dont on sait à l’avance (sans que la bien-pensance permette de le dire) qu’elle a les plus grandes chances d’être mal utilisée.

Lire à ce sujet ce qui est dit aux chapitres 1 (…les élites locales et la gouvernance …), 2 (… première faute, le mauvais usage du concept de partenariat …), 3 (… accompagner les élites, un partenariat qui ne soit plus une comédie …) et repris dans Adds & Comments de Janvier 2009.

On peut en effet, parler d’appropriation et de responsabilisation au niveau des organisations locales où il existe un réel sentiment d’appartenance et de solidarité mais c’est une lubie que de parler de responsabilisation (voire une farce quand on parle « d’appropriation » !) au niveau des décideurs nationaux qui n’ont qu’un sens assez ténu de l’intérêt général pour des raisons culturelles, sociales et sociologiques qui ont été longuement expliquées dans l’ouvrage ! L’accompagnement desdits décideurs par un véritable partenariat est encore le meilleur moyen de formation des élites à leurs devoirs, missions et fonctions hors duquel on ne voit qu’un retour à quelque succédané de tutelle « néo-coloniale » dont on ne veut plus ou la continuation d’un laisser-faire excessif qui ne fait qu’entretenir un laxisme inefficace et plutôt « déformateur » que formateur.

Il est en effet, trop facile de s’abriter derrière les belles et bonnes intentions de « responsabilisation » des élites dirigeantes des pays partenaires dont on sait pertinemment que la gouvernance restera calamiteuse et le sens de l’intérêt public inconsistant, pour encore longtemps. La coopération n’est pas une « entreprise » mais elle ne doit pas être non plus « une angélique dame de bonnes œuvres » !  Nous sommes en effet, d’accord pour que les financements aillent aux populations qu’ils sont censés toucher et non à des investissements discutables, ni qu’ils se substituent à l’effort budgétaire normal du pays aidé ou pire encore, qu’ils « s’évaporent » avant de toucher leur cible. Lesdites populations ont assez attendu depuis les indépendances, il faut aider leurs élites à faire proprement leur travail en les « accompagnant » sur le long chemin de la bonne « gouvernance ». Et en ce qui concerne l’aide européenne qui est généralement un don, ce n’est pas seulement souhaitable techniquement pour l’efficacité de l’aide, c’est aussi un devoir à l’égard du contribuable européen !

 

Egalement difficile à comprendre est la mode intellectuelle qui voudrait rompre avec « l’approche projet » pour la remplacer par la « sector wide approach » ou l’aide budgétaire globale. Il y là encore une certaine confusion car cette idée est typiquement l’expression d’un faux problème ou du moins d’un problème mal posé mais elle est très prisée dans les cercles dirigeants de nos coopérations bi- et multilatérales !

Ce ne sont là en fait, que des canaux différents de distribution de l’aide ou si l’on veut, différents niveaux d’agrégation de cette dernière et quoi qu’il arrive, tout doit nécessairement se terminer par un ou des projets y compris l’aide sectorielle ou l’aide budgétaire globale …. et si les financements n’aboutissaient pas à un ou des projets, actions ou programmes bien identifiés, il y aurait lieu de s’inquiéter !

Cette distinction ne peut être comprise que si l’intention de ses thuriféraires était de limiter leur accompagnement et leur contrôle au seul niveau des budgets sectoriels ou globaux et de s’abstenir de facto d’entrer « dans les détails » de l’utilisation et de la gestion de ces budgets à savoir dans les projets et activités financés par l’aide : or on doit absolument aller jusqu’au niveau des projets car tout peut évidemment «  s’évaporer » par là … c’est donc inacceptable ! et le fait que cela faciliterait le travail de gestion des fonctionnaires et allègerait leur éventuelle responsabilité personnelle et celle de la Commission, ne rend pas les choses plus acceptables !

Dans le cas des aides sectorielles et budgétaires en général, les procédures de co-décision et de co-direction deviennent donc encore plus indispensables du fait de la plus grande généralité de ce type d’aide, pour « accompagner » les décideurs sur la bonne voie en évitant le gâchis dans les choix, les pertes de temps et le développement des mauvaises habitudes de gestion des gouvernements partenaires comme de leurs administrations.

 

 

Co-direction

 

Les cadres de la Commission et les consultants qui ont connu le principe et l’application pratique du système de co-décision et co-direction tel qu’il a été mis en oeuvre en Amérique latine et en Asie, en regrettent amèrement l’abandon. Certaines délégations ont même tout fait pour retarder l’application du « nouveau règlement » qui a fait revenir les projets et programmes ALA aux errements institutionnels et de gestion dont ont souffert et continuent de souffrir les projets et programmes ACP et MEDA.

Il faut se souvenir en effet, que le système de co-direction a été mis en œuvre dans les années 85-90 au moment où la coopération européenne s’est véritablement développée dans les pays ALA, en réaction aux approches jugées trop « laisser-fairistes » et aux processus trop pesants des ACP. Rappelons-nous aussi, que la Commission a connu par la suite, au tournant de l’an 2000, une sorte de cabale « anti-co-direction » menée par des gens, consultants et fonctionnaires, ne connaissant pas bien le sujet comme il ressort des échanges conduits à l’époque avec les DG -DGA concernées et leurs cabinets respectifs. Habitués qu’ils étaient aux façons de faire des ACP ou encore de MEDA, ils avaient du mal à concevoir d’autres approches et leurs arguments relevaient plus de la routine et de vues très théoriques voire même angélistes en matière d’organisation institutionnelle que de l’expérience pratique et du souci d’efficacité. Et déjà pointait le souci de ne pas prendre trop de responsabilités dans la gestion de l’aide ni de risque personnel ou institutionnel !

On peut comprendre le côté très banalement humain de cette attitude mais les populations bénéficiaires tout comme les contribuables européens sont en droit d’attendre de la coopération qu’elle mette tout en œuvre pour obtenir des résultats effectifs et non qu’elle se contente d’un aimable assoupissement administratif au doux bruissement des flux financiers qui irriguent imperturbablement les administrations de nos partenaires.

 

Quelques commentaires, assez rares il est vrai, affirment cependant que la « co-direction » n’est pas la panacée et qu’il y a eu des échecs. Ce sont apparemment, des personnes qui n’ont pas vraiment pratiqué en profondeur, le système de co-décision et co-direction. Leurs critiques mettent en avant quelques arguments dont la valeur est examinée ci-après mais elles ne mettent toutefois, aucunement en doute la série des avantages très décisifs de la co-direction et c’est là l’essentiel. Ces derniers ont été décrits au chapitre 2 (voir dans « Première faute : le mauvais usage du concept de partenariat … », « le système de gestion par co-direction assurait un partenariat responsable … ») à savoir essentiellement, souplesse et rapidité dans l’action, transparence et sécurité de gestion financière à la source, accompagnement-formation des cadres locaux, gestion centrée au niveau des co-directeurs évitant la remontée des problèmes au niveau Délégation (voire à Bruxelles) et au niveau du Ministre, côté national, avec les risques diplomatiques et/ou de blocage que cela comporte.

 

Les arguments avancés par ces quelques commentateurs sont en général, le reflet de malentendus et/ou d’une certaine confusion dans les concepts et les constats :  

-          « Les projets nous dit-on, sont jugés au décaissement et non aux résultats ». C’est, malheureusement, de plus en plus le sort de tous les projets de la Commission (et ceci de façon caricaturale depuis une dizaine d’années) mais l’expérience nous fait dire que c’est un reproche que l’on doit adresser beaucoup plus aux projets ACP ou MEDA qu’à ceux d’ALA et encore moins aux projets qui étaient sous co-direction pour la simple raison que ce système de gestion allège et accélère considérablement le processus administratif, d’où moins de retard au décaissement et moins de pression à ce sujet de la part de la hiérarchie.

-          « Les règles d’approvisionnement des équipements et les pesanteurs bureaucratiques handicapaient les projets » : certes, mais cela n’a rien à voir avec le fait qu’un projet soit ou non géré sous co-direction (la co-direction permettait au contraire d’alléger et d’accélérer considérablement les procédures ).

-          « Beaucoup de projets ont été (et sont toujours) mal conçus car ils n’appuient pas ou ne génèrent pas de dynamique locale de développement » : tout à fait d’accord (voir les chapitres 2 … deuxième faute… et 3 … choisir les politiques efficaces, le secteur informel est la priorité absolue ..) mais cela n’a rien à voir non plus avec le principe de Co-direction d’une part et ne condamne aucunement l’approche « projet » d’autre part. Ce sont simplement des projets mal conçus dont les missions d’évaluation ne devraient pas hésiter à réorienter les politiques et les stratégies ! C’est la responsabilité des « identificateurs, préparateurs et décideurs » de projets avant leur lancement et cela n’a rien à voir avec le système de gestion par Co-direction.

-          Le « nouveau » règlement financier » contrairement à l’opinion du commentateur, n’a absolument pas facilité les choses. Au contraire, il y a eu un beau désordre au moment de l’abandon du système et les Délégations qui avaient connu le système de « Co-direction » ont tout fait pour en retarder l’application et conserver la Co-direction pour les projets en cours !

-          « Il y a eu de mauvais consultants ou experts co-directeurs » : tout le monde a connu de mauvais consultants ou experts comme aussi de mauvais fonctionnaires mais on ne voit pas bien le rapport avec la co-direction. Cette dernière a même souvent permis d’éviter le pire dans les cas où il s’agissait de mauvais fonctionnaires ! …. mais on a aussi connu beaucoup de bons fonctionnaires et beaucoup plus de bons co-directeurs que de mauvais !

-          « Les effets s’arrêtent trop souvent avec le projet quand ce dernier est dirigé par des experts étrangers et il faudrait idéalement donner le pouvoir aux populations » : il faut en effet, concevoir des projets dont la mission centrale soit « d’autonomiser » les organisations locales pour enclencher un processus de développement propre qui survive au projet et s’amplifie après lui. Il y a souvent une confusion à ce sujet : ce n’est pas le projet qu’il faut rendre pérenne mais bien ses activités et au-delà ( plus important encore), les organisations ou groupements qu’il aide à émerger (voir la critique sur ce point au chapitre 2 et les propositions au chapitre 3). Quant à donner le pouvoir aux populations, il faut faire très attention de ne pas confondre l’« autonomisation » des organisations aidées avec les vieilles rêveries d’une « autogestion » mal comprise. La co-direction permet de mieux mettre en œuvre un tel processus par l’apport de compétences qu’elle permet : ces compétences sont encore trop rares dans le monde de la coopération et plus encore dans les administrations des pays aidés. 

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Pour conclure, disons qu’il y a eu bien entendu, des échecs de quelques équipes de Co-direction mais beaucoup moins qu’ailleurs et qu’en matière technique et méthodologique, les projets sous co-direction ont logiquement beaucoup mieux atteint leurs objectifs qualitatifs et quantitatifsdu fait même de la souplesse et rapidité de gestion dont ils bénéficiaient. La comparaison technique et méthodologique entre ALA d’un côté où la co-direction avait été étendue à presque tous les pays, et ACP ou MEDA de l’autre, est très éloquente à cet égard.

 

 

Autonomisation et responsabilisation niveau local // niveau national (développement rural, urbain ou péri-urbain, secteur informel)

 

Beaucoup de commentaires concernant « l’autonomisation et la responsabilisation » dénotent une certaine méconnaissance des réalités du terrain et des approches qui les permettent. Ce n’est pas la même chose de parler de solidarité et responsabilité au niveau des individus ou des groupes et associations du niveau local et de parler « d’appropriation et de responsabilisation » des élites dirigeantes à propos des projets de niveau national. Il y a là une regrettable confusion des genres et des niveaux.

 

Le projet de développement d’un bailleur n’a pas besoin d’être « approprié » car, on l’a déjà dit, ce n’est pas le projet qui doit durer et s’épanouir mais bien ses activités ou mieux encore les acteurs qu’il est censé « aider à s’autonomiser ».

On a expliqué par ailleurs, que le sens de l’intérêt général était malheureusement encore, la chose la moins bien partagée dans le monde en développement pour toutes sortes de raisons culturelles et sociologiques déjà longuement exposées et que laisser les élites dirigeantes gérer l’aide à leur fantaisie était très risqué, évidemment coûteux et absolument contre-productif en matière d’éducation à la bonne gouvernance. C’est la perpétuation du cercle vicieux assistance-laxisme-excuse-dépendance-assistance !

 

En revanche, il est absolument nécessaire d’impliquer totalement les populations et les élites locales dans la conception, la création, le financement et la mise en œuvre de leurs propres projets locaux car solidarité et responsabilité économiques et sociales existent réellement à ce niveau-là. D’où l’objectif qui devrait être celui de tous les projets à savoir, encourager l’émergence et la consolidation de structures locales (associations, groupements, en particulier d’épargne-crédit …) capables d’enclencher des processus de développement autonome allant jusqu’à la planification-programmation-exécution par les populations concernées et les autorités locales, de leur propre Plan de développement local, municipal voire régional. C’est l’objet des explications critiques du chapitre 2 (… deuxième faute, secteur informel …) et des propositions correspondantes du chapitre 3 (…viser juste, choisir les priorités correctes et les politiques efficaces …). L’approche et les méthodes sont maintenant parfaitement au point et beaucoup de projets de la Commission les ont mises en oeuvre avec succès notamment dans les pays ALA, mais la Commission a semble-t-il voulu les ignorer parce que ce sont des projets difficiles dans lesquels il faut prendre quelques responsabilités et dont les résultats ne se voient qu’à moyen terme !

Ce sont en matière de développement rural, urbain ou du secteur informel en général, les projets dits de 3è génération après ceux de 2è génération qui se limitaient à une certaine participation des populations (sans implication financière ni vraiment de gestion) et plus en amont les projets de 1ère génération où il s’agissait de « faire pour les gens et à leur place » en espérant qu’ils « s’y mettraient » ! Les projets de 3è génération restent malheureusement l’exception (certains projets du FIDA/IFAD également) et la plupart s’en tiennent à la 2è catégorie voire à la 1ère que ce soient ceux de l’UE, ceux de la Banque Mondiale et des Banques Régionales de Développement, des NNUU ou ceux des coopérations bilatérales. Quant à ceux des ONG, en supposant qu’elles sachent et puissent appliquer la démarche correcte (problèmes de budget et de délais d’exécution), ils sont en général trop petits pour avoir un effet d’entraînement quelconque.  

 

Le retard méthodologique que l’on prend ainsi, est consternant quand on pense à l’enjeu et à l’urgence du développement rural et péri-urbain dans les pays pauvres (60 à 80 % de la population est concernée dans les deux tiers des pays du monde) !

 

 

 

 

Au-delà de la bien-pensance et du politiquement correct, les fantasmes et les réalités du contexte socio-économique mondial

 

Certaines considérations (pas très bien-pensantes ni politiquement correctes il est vrai !), sur le contexte socio-économique ou culturel français, européen ou mondial, ont fait réagir quelques lecteurs. Reprenons-les avec les commentaires correspondants et expliquons encore.

 

« Les élites nationales qui ne font pas leur travail »

 

Concernant les problèmes de « mal-gouvernance » (absence de sens de l’intérêt général, inertie et manque de compétence des administrations, « erreurs » d’investissement, corruption, etc…), on ne reviendra pas sur leurs causes ni sur ce qui a été dit plus haut à propos de la nécessaire « sécurisation » de la gestion des projets et de l’utilisation efficace et optimale des financements de la Coopération.

Cette critique même si elle est abrupte, n’est malheureusement pas un a-priori ou un jugement hâtif comme l’écrit un correspondant haut placé dans la hiérarchie de la Commission mais plutôt une expérience assez constante dans tous les pays et dans tous les types de régime politique avec lesquels l’Union coopère.

 

Ceci étant dit, on ne peut trouver d’excuse politique, économique, culturelle ou sociologique aux élites des pays en développement qui ne font pas leur devoir à l’égard de « leur peuple » comme il en fut des élites françaises ou russes d’avant les « grandes » révolutions.

Il en va en effet, non seulement de l’amélioration des conditions de vie de ces peuples mais aussi de la sécurité du monde lorsque la pauvreté les pousse à migrer vers les « eldorados » occidentaux et pire encore, vers les banlieues d’autres pays du Sud où ils trouvent une autre forme de misère et l’insécurité physique. Le danger s’accroît lorsque les religions commencent à « s’idéologiser » et à pervertir les esprits par le biais des associations et œuvres sociales que ne veulent pas ou ne savent pas créer les gouvernements en place. On en a vu le processus à l’œuvre de façon violente en Algérie ou à Gaza et il se développe dangereusement au Pakistan. L’Egypte est largement contaminée ainsi que l’ensemble du monde musulman bien qu’à un moindre niveau de violence. Bref, ce processus de désagrégation politique et sociale se répand partout où les élites accaparent le pouvoir, la richesse et la culture sans avoir la moindre intention de les faire fructifier au bénéfice de leur pays et d’abord des plus pauvres de leurs concitoyens. 

Ce processus bien évidemment, n’est pas l’apanage des seuls pays musulmans. Il est identique dans les pays subsahariens et ceux d’Amérique latine ou d’Asie qui connaissent aussi des troubles malgré les mesures sociales que certains ont prises (réformes agraires souvent bâclées, embryons difficilement viables de systèmes de santé ou de protection sociale, …).

Si la gabegie de leurs gouvernants ne cesse pas très vite, tous ces pays deviendront le théâtre de troubles beaucoup plus graves en raison de la pression démographique croissante et du développement anarchique de la population des villes. Mais cette situation malsaine revêt un caractère particulièrement explosif en terre d’islam où la religion musulmane, déjà naturellement très présente, tend à se faire de plus en plus activiste et à se pervertir en islamisme radical devant l’incurie des dirigeants comme cela a pu, à un moindre degré, être aussi le cas de certains pans de l’église catholique en Amérique latine dans les années 70-80 ou pourrait l’être de l’hindouisme ou du bouddhisme si on laissait faire les choses . De même en Europe, les mouvements xénophobes voire racistes ou ultra-conservateurs sont nés en réaction contre le « benign neglect » de nos dirigeants qui, pendant les trois ou quatre dernières décennies, ont refusé de voir que l’immigration mal contrôlée, le communautarisme et la permissivité dans l’éducation des jeunes pouvaient créer des problèmes graves de cohésion sociale comme ceux que nous connaissons à l’heure actuelle. 

Le radicalisme politico-religieux est décidément insupportable car il est faux mais l’incurie des élites qui en est le terreau, est impardonnable car elle est imbécile et malhonnête à l’égard des générations futures.

 

Considérant les problèmes de pauvreté (60 à 80 % de la population des deux tiers des pays du monde sont concernés), les risques de déstabilisation liés à une migration de plus en plus massive, mal contrôlée et mal assumée dans les pays développés (sans parler de celle entre pays du Sud) et ceux que fait courir au monde l’exacerbation religieuse des passions politiques et des problèmes sociaux, il est particulièrement condamnable de notre part, de continuer à mettre en œuvre des approches de développement inefficaces et à tolérer la mal-gouvernance des élites des pays que l’on aide.

 

 

L’inflation de « l’info », la crise des gloutons, les râleurs du secteur protégé, …. et la concurrence des vrais pauvres !   

 

Les errements des économistes sont connus

 

La dernière aberration en date est celle du professeur Robert Fogel aux Rencontres du Cercle des Economistes d’Aix en Provence de Juillet 2009 : universitaire américain et Prix Nobel, il pronostique pour la Chine, un PIB de plus de 120.000 milliards de dollars en l’an 2040 soit trois fois plus que ne donne la bête extrapolation du taux de croissance chinois des dernières années, à supposer encore que ce dernier taux soit tenable par la Chine pendant encore trente ans ! Même les Prix Nobel ont le droit de dire n’importe quoi et d’oublier les autres paramètres politiques, sociaux et environnementaux du développement qui risquent fort de contrarier les calculs d’économie mathématique !

Les économistes en effet, se laissent trop souvent emporter par leur confiance en leurs modèles alors que ces derniers ne sont pas forcément très bons ni très complets et comme ils sont aussi des « animaux politiques de droite ou de gauche », ils laissent souvent leur subconscient interpréter voire déformer la réalité socio-économique pour justifier comme par hasard et toujours très logiquement, leurs préférences idéologiques ou leurs dadas aux dépens du simple bon sens.

Les sociologues et socio-économistes n’ont pas de « modèles » aussi sophistiqués et peuvent ratiociner sans risque. Généralement universitaires à vie, ils se limitent prudemment, à couper les cheveux en quatre dans des analyses aussi savantes que confuses sans jamais vraiment fouiller les solutions pour l’action comme on le voit dans leurs cours magistraux, études, colloques, symposiums et forums ! …

 

Le cancan des médias

 

Ils cherchent toujours à se placer dans le sens du vent le plus porteur pour répandre la bonne mais de préférence la mauvaise nouvelle, celle qui attire le plus l’attention du lecteur, de l’auditeur ou du téléspectateur. L’audiovisuel public français n’hésite pas à leur servir de modèle en se faisant la caricature de l’esprit français qui serait toujours prompt à la critique systématique plutôt qu’à la construction au long cours : il semble ainsi se donner pour mission d’entretenir la morosité des « masses » en ânonnant le « politiquement correct » et les poncifs du jour, plutôt que de leur redonner confiance, espoir et dynamisme pour les aider à se sortir des mauvais pas où les plongent les soubresauts de l’évolution du monde. Ce serait assurément d’un meilleur « service public » que ses journalistes évoquent pourtant sans cesse comme s’ils étaient les gardiens du Saint Graal tout en n’hésitant pas à faire la grève dudit service dès qu’ils estiment qu’on attente à leur « dignité » … ou à leur « statut » ! Pourtant, même s’ils se prennent pour tels, ils ne sont pas « l’opinion » ni un quelconque « quatrième pouvoir ».

Il y a à cet égard, les media « bien-pensants et modernes » (en France, Le Monde, le Nouvel Observateur, Libération, Canal + et malheureusement, une grande partie du « service public » en particulier France Inter, Radio France Internationale et France 3) qui semblent se faire un devoir d’abreuver leurs lecteurs ou auditeurs de mauvaises nouvelles et de leur remâcher les grands poncifs en se retranchant derrière leurs « experts » et en mettant leurs « amuseurs » en première ligne de façon à mieux décrédibiliser ce qui pourrait être incorrectement positif (vous pauvres gens n’êtes pas responsables, le malheur, c’est les autres, regardez-les comme ils sont vilains !). Ainsi se referme le cercle vicieux de la morosité, de la complainte permanente et du « no future ». Les « mal-pensants et incorrects » au contraire (en France, Le Figaro, Valeurs Actuelles par exemple) s’efforcent dans la tourmente, de faire la part des évènements positifs et de mettre en évidence les dynamiques qui nous permettraient de sortir de la crise en agissant en tant que personnes ou entités responsables et de reprendre confiance en nous-mêmes. Remercions ces derniers de leurs efforts et déplorons le gaspillage que font les premiers de l’intelligence et de l’énergie de leurs journalistes sans profit pour quiconque … sauf à coup sûr, pour l’ego de ces derniers. 

 

On a vu par exemple, avec quelle rapidité est montée la panique du mois d’Avril à propos de la « grippe mexicaine » qui devait ravager le monde ! Cette fois, le gouvernement s’est précipité et a évité l’erreur de la « canicule de 2003 » où il n’avait pas suffisamment pris en compte les frayeurs de nos « petits-bourgeois fragiles » donnant ainsi aux media et à l’opposition du moment, l’occasion de délirer sur le maternage des peuples et en l’occurrence sur celui des vieux et des « urgentistes » débordés ! De même le bruit médiatique fait autour du film « terrific » d’Al Gore sur la prochaine catastrophe climatique, suivi des belles images d’auto-promotion télévisuelle de Nicolas Hulot et de la masse ennuyeuse des non moins belles photos de Yann Arthus-Bertrand, à tel point que la tendance « bobo » vient de faire un triomphe aux candidats écolo des dernières élections européennes.

Il y a bien sûr, un problème environnemental mais parlons des solutions plutôt que d’affoler le peuple ! C’est plus technique et moins facile mais ce serait plus utile à « la cause ». A ce propos, restons vigilants et veillons à ce que les défenseurs de ladite « cause » n’y mêlent pas d’autres objectifs d’ordre politique ou idéologique qui n’ont rien à voir avec le développement durable et la préservation des qualités et des potentialités de l’environnement : en effet, lorsqu’on pense à certains énergumènes qui se réclament de l’écologie après avoir fait leurs classes dans « la révolution » déjà petite-bourgeoise et pre-bobo de 68, que les jeunes pousses écolo continuent de se revendiquer d’une quantité incroyable de billevesées économiques et sociales gauchisantes, que les autres s’essaient à une fumeuse synthèse altermondialiste du marxisme et de l’écologie et que tous font preuve d’un malthusianisme et d’une rigidité très sectaires sur ce qu’il convient de faire, l’idée vous vient que la dictature de l’écologisme pourrait faire autant de dégâts au monde qu’en a fait la dictature du prolétariat … et tout ceci bien entendu, pour le bonheur de l’humanité dont les théoriciens de la socio-économie s’échinent, après l’IDH (indicateur du développement humain), à inventer les meilleurs « indicateurs » (ah ! mesurer le bonheur !).

 

La « crise » est là

 

Devant ces errements de la pensée socio-économique et le manque de jugement des media, on comprend que « La Crise », dernier en date des soubresauts de l’évolution du monde, ait surpris le consommateur et ses financiers en pleine euphorie de goinfrerie effrénée (et ceci à crédit !! ) et qu’elle ait fait l’objet d’une telle résonance et d’une telle amplification.

Une véritable folie s’est emparée de l’esprit public : chacun à tous les niveaux de revenus, a cru qu’il pouvait acheter toujours plus sans gagner plus ni travailler plus et la bulle a éclaté !

Les media se sont alors laissé aller à radoter au cours des derniers mois, sur les mêmes « plans sociaux » de quelques dizaines, centaines et parfois quelques milliers d’emplois laissant ainsi croire qu’ils se multipliaient à l’infini, et n’ont jamais parlé des embauches alors que près de 10.000 personnes changent d’emploi chaque jour en France comme en Allemagne, en Angleterre ou en Italie et que le nombre d’emplois qui ne trouvent pas preneur, se compte par dizaines de milliers mais ces emplois semble-t-il, ne sont pas du niveau de nos jeunes gens trop ou mal diplômés ! Ce manque de recul et de sens des proportions dans l’exposé des choses par rapport aux réalités sociales et économiques, dénote un regrettable manque de rigueur professionnelle parfois dû au manque de temps pour la vérification et la mise en perspective (il s’agit alors d’une annonce imprudente) mais trop souvent explicable par la fausse évidence d’une bien-pensance incontournable ou la simple mauvaise foi, l’une servant l’autre (il s’agit alors de mauvaise information, de biais politique ou même de désinformation de nature à créer, volontairement ou non, l’angoisse et le malaise social). On peut l’accepter de la part des journaux d’opinion ou de propagande mais c’est inacceptable de la part des journaux dits de référence et plus encore du « service public de l’audiovisuel »…. car on attend de leurs journalistes qu’ils nous donnent une information remise en perspective et honnête sans commentaire, mimique, interjection ou réflexion qui trahisse leur opinion ou leurs préférences personnelles ou institutionnelles dont on n’a que faire.

 

Toujours est-il que la crise est bien là mais l’affolement heureusement, commence à s’estomper et il semblerait que le niveau du chômage, en France et en Allemagne tout au moins, doive simplement retrouver dans l’année 2009, son niveau de 2005 ou au pire celui de 1999-2000 tandis que les gouvernements ont pris les mesures d’accompagnement qui permettent d’atténuer la souffrance de ceux qui auront perdu leur emploi pour un temps. Allons ! personne à l’époque des gouvernements Jospin ou Villepin, ne jugeait la situation catastrophique. Quant au niveau de revenu et de consommation, il n’a pas cessé d’augmenter d’année en année depuis la guerre, pour toutes les catégories sociales, du « décile » des plus bas revenus jusqu’au « décile » des plus hauts revenus selon la terminologie des économistes sociaux … tandis que le temps de travail et sa pénibilité physique ont considérablement diminué.

 

Il y a dès lors quelque-chose d’inconvenant en même temps que de vain, dans nos pays riches, à « râler contre la crise et les efforts demandés » quand on connaît la situation de pauvreté et de non-emploi ou sous-emploi généralisé dans les pays en développement.

 

 

Qui est responsable ?

 

Nous sommes tous responsables de la crise par notre laxisme et notre gloutonnerie à crédit. Le processus a commencé avec les formules inconséquentes de nos intellectuels de Saint-Germain des Prés et autres lieux européens où sont censés souffler l’esprit et régner l’intelligence. Des légèretés coupables qui vont de « l’enfer, c’est les autres » de l’ineffable Jean-Paul Sartre à nos « pédagogistes » (« les jeunes doivent se construire eux-mêmes avec leurs propres savoirs ») en passant par la « badintérienne » part de responsabilité de la société à l’égard des délinquants ou la « langienne » affirmation que « tout est art », etc…. Ils ont bientôt été suivis par le chœur des belles âmes, défenseurs des « grandes causes » à la mode et des bons sentiments, mauvais penseurs et autres mondains qui, reprenant et développant ces formules « modernisantes » et oubliant que les « droits » ont des « devoirs » en contrepartie, ont totalement déresponsabilisé les « masses » devenues dès lors, des agrégats aléatoires et protéiformes d’individus consommateurs et sur-protégés aux exigences et appétits insatiables … c’est à ces sophistes qu’on aurait dû donner la ciguë … quod juventutem corrumperant ! Le processus s’est amplifié avec les slogans imbéciles de Mai 68, « il est interdit d’interdire » et mieux encore, le « jouissons sans entrave » dont le laxisme dans les dernières décennies, a dangereusement conflué avec celui d’un laisser-faire excessif dans le domaine économique et financier. Il est plus que temps de rejeter la culture de l’excuse sur les sujets dits de société (délinquance, immigration-intégration, éducation en particulier) d’un côté, et de revenir à une gestion plus rigoureuse de notre « économie sociale de marché » de l’autre.

 

On peut et on doit avoir de l’empathie pour ceux qui souffrent mais il est difficile d’éprouver le même sentiment à l’égard des râleurs professionnels ou d’excuser ceux qui, se prétendant les porte-parole des pauvres, préconisent des solutions à contre-sens ! Par ailleurs, nos syndicats, nos fonctionnaires ou « employés para-publics » inquiets pour la qualité et la continuité de leur service et nos jeunes angoissés devant la vie qui s’ouvre à eux, devraient méditer sur la nécessité de l’effort et du changement et, délaissant la propagande corporatiste ou crypto-révolutionnaire de leurs « minorités agissantes », analyser ce qui ne va pas en eux-mêmes car ce qui ne va pas n’est pas nécessairement « la faute des autres ». 

 

Dépasser nos obsessions du moment et s’armer pour le changement

 

La gauche « responsable » doit rompre avec son discours économiquement inculte et sa fausse générosité (« le social d’abord ») ainsi que ses slogans primaires (« les riches paieront »). La droite « libérale » de son côté, doit cesser d’accorder une importance démesurée à la motivation des investisseurs par les gains à court terme comme moteur de l’économie en oubliant la motivation sociale sans laquelle la machine à produire manquera bientôt d’oxygène.

On doit évidemment célébrer l’entrepreneur qui crée, investit et organise avec les actionnaires et les salariés de son entreprise mais on ne peut pas aimer ni laisser faire le « manager appointé » qui, perdant le contact avec les réalités fondamentales de l’activité humaine, est soudain frappé d’égotisme absolu et, abusant de ses actionnaires comme de ses salariés, malmène l’entreprise qui lui a été confiée.

La réalité économique comme toujours, échappe aux théoriciens. Elle n’obéit en tout cas ni à la vulgate marxiste ni à la « friedmanienne » ! 

 

Enfin et surtout, au-delà de la crise actuelle qui passera, de l’obsession du service public en France, de l’obsession de la monnaie en Allemagne, de la frénésie libéralisante en Angleterre et de la bien-pensance écologiste des pays occidentaux, il faut bien comprendre que le tiers-monde est maintenant, entré dans la compétition en tant que producteur et consommateur ce qui ne manquera pas de perturber profondément les équilibres socio-économiques et écologiques du monde. C’est le phénomène primordial qui dominera l’évolution du siècle et on comprend bien que, dans ces conditions, le refus du changement dans nos modes de consommation, nos façons de travailler, nos lieux de travail ou d’habitat, nos statuts et nos droits « acquis », nos métiers et nos secteurs d’activités, etc… est tout simplement suicidaire ! Il faudra chercher, trouver et s’adapter pour vivre, sans doute aussi bien, probablement mieux mais à coup sûr, autrement … vivons-nous d’ailleurs comme nos parents ou grands parent vivaient ? Alors ?

 

 

Pour conclure sur la construction de l’Europe et d’une politique étrangère respectable et respectée …

 

Dans le sillage des réflexions de Nietzsche sur la nature humaine, Ernst Jünger, honnête homme allemand et européen du 20è siècle, penseur et guerrier à la fois, critique lucide mais optimiste quant à la capacité de l’Europe à se reconstruire après la guerre, décrit ainsi le processus de « médiocrisation » de l’homme qui allait devenir l’archétype de notre désespérante société petite-bourgeoise : … « bien qu’il ne soit pas dépourvu de lieux communs spécieux, il sera dispos, intelligent, actif, méfiant, sans amour pour les belles choses, dénigreur par instinct des types et des idées nobles, attentif à ses avantages, épris de sécurité, docile aux propagandes, enflé de théories philanthropiques, mais tout aussi enclin à recourir à la contrainte pour peu que ses proches et ses voisins ne se plient pas à son système ». Mais dans son ouvrage La Paix,  il ajoute de façon plus positive à propos de l’Europe : …  « voici venue l’heure de la réunion, celle où l’Europe, se fondant sur le mariage de ses peuples, est en demeure de se donner sa grandeur et sa constitution …plus ancien que la couronne de Charlemagne etc… … ». Le constat d’aujourd’hui vérifie la vision d’après-guerre. Il n’y a rien à ajouter.

Puis vient l’exhortation plus récente d’un dirigeant européen qui ose dire les choses , Guy Verhofstadt : … « dans un monde qui avance, l’Europe doit cesser d’ergoter, cesser de se plaindre, adapter son modèle pour être compétitif dans le monde nouveau, définir les politiques communes nécessaires au sein d’un noyau dur et ouvert qui aille de l’avant sans attendre les hésitants ni les mous » . 

 

Pour construire l’Europe Européenne que voulait De Gaulle, il faudra en effet resserrer le dispositif si l’on veut construire une Europe-puissance qui se fasse respecter et cesser les palinodies de l’élargissement-dilution dans une zone de libre-échange sans âme pour faire plaisir aux « boutiquiers et agioteurs anglo-saxons toujours prêts à vendre la corde qui les pendra », aux ralliés récents de l’Est européen qui ont encore peur et ne font pas suffisamment confiance à l’Europe pour les défendre ou aux Etats-Unis qui ne tiennent compte évidemment, que de leurs intérêts géo-stratégiques. Le fait qu’ils soient aussi nos amis n’est pas une raison suffisante pour retarder l’action des Etats-membres qui veulent aller de l’avant. C’est maintenant une question de survie et même d’honneur vis à vis du reste du monde !

On attend sur ce point, les propositions de nos Directeurs Généraux et de nos Commissaires mais surtout les décisions des Chefs d’Etat et en particulier, les propositions et décisions quant à la constitution et à l’organisation du « noyau dur » des Etats qui veulent avancer. Les autres suivront quand ils seront prêts ou quand ils le voudront.

 

                                                                                                                      

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SYNTHESE DES COMMENTAIRES RECUS AU 31 / 01 / 2009

 

Après avoir fait connaître le site eurocooperation-contreregard.org aux autorités nationales chargées de la coopération et aux parlementaires européens concernés ainsi qu’aux dirigeants et cadres  de la Commission, aux chefs de délégation et enfin, aux consultants partenaires de la Commission, ceux-ci ont bien voulu nous faire parvenir leurs commentaires après lecture de l’ouvrage « Europe et Coopération … oser une autre politique » . L’analyse de leurs commentaires conduit aux constatations suivantes :

-          Les autorités nationales et communautaires s’en tiennent à des commentaires très politiquement et diplomatiquement corrects : elles revendiquent les progrès qui auraient été faits tout en reconnaissant que tout ne va pas pour le mieux et semblent se satisfaire des accords ou « consensus » inter-institutionnels échafaudés au niveau international qui répondraient de leur point de vue, à l’objectif d’améliorer l’efficacité de l’aide.

CE N’EST PAS SUFFISANT …. IL FAUT ALLER AU FOND

-          Les réactions des consultants sont comme il fallait s’y attendre, beaucoup plus nettes. Elles soulignent combien il devenait urgent que les choses soient dites quitte à faire offense au langage diplomatique habituel et se concentrent en général sur les aspects pratiques, approches de terrain, systèmes de gestion de l’aide, impact socio-économique,  implication des acteurs, etc…

POUR AMELIORER LES METHODES ET STRATEGIES DE TERRAIN

 

La synthèse de ces échanges est  résumée dans les rubriques suivantes. 

 

 

Problématique du développement et vision de l’aide à l’échelle internationale

 

On ne peut évidemment qu’approuver les bonnes intentions de la Déclaration de Paris (2 Mars 2005), du Consensus Européen (24 Février 2006), de  l’Accra Agenda for Action (Septembre 2008) et de toutes les recommandations faites par les différentes missions de suivi de l’efficacité de l’aide : concentration des efforts sur la lutte contre la pauvreté, alignement sur les priorités nationales de développement, appropriation et « responsabilisation » des décideurs des pays partenaires, meilleure coordination des politiques et des programmes d’aide dans le respect des politiques plus larges concernant par exemple, l’environnement, le développement durable, etc… 

 

Tout cela est bel et bon mais ne trouvez-vous pas que ces documents se bornent en fait, à remâcher un certain nombre d’évidences et quelques bons principes dûment adoubés par quelques autorités universitaires ou chercheurs en développement qui semblent avoir du mal à connecter le conceptuel et le réel ? Les anglo-saxons n’hésiteraient sans doute pas à les qualifier de « wishful thinking » s’ils n’avaient participé à leur élaboration !

On n’y voit pas en effet, de propositions concrètes sur le « comment ? ». Bien sûr, il convient de « suivre, appuyer ou accompagner » autant que possible, les orientations politiques, les programmes et les processus des pays aidés mais ne prend-on pas nos désirs pour des réalités quand la plupart des pays dits « partenaires » n’ont ni les administrations pour programmer ou exécuter correctement les actions ni surtout les élites porteuses de l’intérêt général que l’on rêverait d’avoir pour interlocuteurs responsables ? 

Bien sûr, il conviendrait aussi de mieux coordonner  l’action des différents bailleurs, des gouvernements partenaires et de leur société civile mais n’est-ce pas ce que l’on s’efforce de faire depuis toujours, tout au moins au niveau de chaque pays ? L’idée de programmation conjointe entre les autorités nationales, les bailleurs et la société civile est certes, très séduisante mais est-elle réaliste lorsqu’on sait que la définition d’une politique ou une simple programmation entre deux ou trois administrations prend déjà des mois sinon des années ?

 

Ces déclarations d’intention sont évidemment très louables et doivent servir de guide pour la réflexion comme toute chose de bon sens mais elles souffrent d’un angélisme rédhibitoire. Elles risquent aussi d’avoir pour effet de créer un élégant écran de fumée devant les problèmes de fond qui sont d’abord, la peur de dire non à nos partenaires quand ce serait nécessaire en raison de leurs insuffisances de « gouvernance », ensuite l’inaptitude des stratégies de terrain à créer des dynamiques locales ou nationales de développement autonome, enfin, les pesanteurs administratives qui sont devenues la première cause d’inefficacité de l’aide.

Quand ces problèmes-là seront résolus, on pourra efficacement parler « d’appropriation/responsabilisation » des décideurs ou  « d’alignement  sur les priorités et processus » de nos partenaires ainsi que de « coordination et d’harmonisation » des politiques et des programmes. Il ne serait guère utile en effet, de coordonner des systèmes de coopération peu efficaces dans l’espoir de satisfaire des priorités mal définies avec des « partenaires » dont la fiabilité est douteuse comme ambitionnent de le faire, les accords ou consensus internationaux mentionnés précédemment. C’est donc une sorte de « retour sur terre » que chaque organisme de coopération est invité à faire après s’être trop facilement laissé séduire par les sirènes des conférences internationales de « haut niveau ».

 

On a en fait, le sentiment que les organismes de coopération nationaux et multilatéraux se sont ligotés eux-mêmes dans une sorte de fuite en avant conceptuelle, peut être sans en avoir vraiment conscience ou par erreur de diagnostic sur les causes du mal (ce qui serait déjà grave) mais plus vraisemblablement pour échapper à l’effort du retour sur terre qu’on vient d’évoquer et par facilité politique et institutionnelle, ce qui serait pire. Ils semblent en effet, attendre de « l’international » la guérison de problèmes que chaque coopération et d’abord l’européenne, devrait traiter de l’intérieur avant toute autre chose.

Les Déclaration de Paris, Consensus Européen et autres accords d’Accra pourraient ainsi devenir l’excuse internationale insurpassable qui permettrait à chaque coopération de faire l’économie des réformes drastiques d’approche qui conditionnent l’efficacité de son aide : la voie serait tracée, on ne pourrait faire autrement que de la suivre d’autant que tout le monde ayant eu la même vision, ce ne pourrait être une erreur ou du moins s’agirait-il d’une erreur politiquement correcte !

 

 

 

Aide budgétaire et gouvernance

 

Les effets secondaires escomptés de l’aide budgétaire (appropriation et responsabilisation des élites dirigeantes, alignement sur les priorités et processus nationaux ) sont certes, très alléchants … encore faut-il que les élites nationales veuillent bien « se responsabiliser » et que les priorités soient correctement définies ! Les questions fondamentales restent à cet égard, l’absence trop fréquente du sens de l’intérêt général du côté des décideurs et la faible capacité de planification/programmation d’administrations trop souvent inefficaces et corrompues.  Les objectifs recherchés revêtent alors un caractère assez théorique face aux réalités du terrain.

 

Les problèmes de « gouvernance » en effet, ne seront pas résolus par les incantations habituelles ni par tous les programmes ou séminaires de sensibilisation que l’on voudra sur la bonne gestion des finances publiques, sur la responsabilité des décideurs ou sur la formation des cadres. Le mal ne relève pas de cette médecine-là et une approche aussi irénique peut même se révéler contre-productive en habituant nos partenaires à se satisfaire de mots ! Le pari cependant, n’est pas nécessairement perdu dans la mesure où l’expérience montre qu’un dialogue constructif avec nos « partenaires » peut passer par un dispositif de co-décision et de co-direction qui permettra progressivement aux décideurs partenaires d’acquérir les bons réflexes tout en assurant entre-temps, une gestion efficace. Cela prendra beaucoup de temps, exigera beaucoup de patience et un fort appui institutionnel sur le terrain. Il faudra aussi et c’est sans doute le plus important, que les bailleurs et d’abord la Commission, n’hésitent plus à prendre leurs responsabilités de co-décideur. Hormis cette voie-là, à savoir un partenariat qui ne soit pas une expression diplomatique commode mais un pouvoir et une responsabilité effectivement partagés, il ne reste que le retour à l’administrateur colonial dont on ne veut plus ou la continuation d'un laisser-faire excessif qui ne fait qu’entretenir le cercle vicieux « laisser-faire-inefficacité-assistanat-dépendance »  voire mendicité puis récrimination et culpabilisation.

 

En réalité, l’approche budgétaire pourrait devenir applicable dès lors que l’orientation de l’aide et sa gestion quotidienne seraient le produit d’un dispositif partenarial de co-décision et de co-direction, c’est à dire dans la mesure où les bailleurs (et plus encore les donateurs et au premier rang, la Commission !) ne se contenteraient pas de simples promesses ou de bonnes intentions ni de prétendus plans d’amélioration de la gouvernance dont on sait bien que la maîtrise leur échappe totalement. Cela demandera un peu plus d’assistance technique mais il est notoire que des actions bien définies et encadrées donnent toujours de meilleurs résultats que des subventions beaucoup plus importantes qu’on laisserait à la fantaisie de décideurs dont la gestion est trop rarement fiable, politiquement, techniquement et financièrement (et sans que cela soit un jugement de valeur hâtif mais plutôt une expérience assez constante).

 

 

 

 

Réformes et efficacité des Services de coopération de la Commission

 

 

A ce sujet, il est difficile d’être aussi enthousiaste que les évaluateurs de l’OCDE (« peer reviews ») sur les progrès d’efficacité réalisés depuis les « réformes » de l’an 2000 et des années suivantes (voir Communication du 16 Mai 2000) comme il a été amplement expliqué dans l’ouvrage. Reconnaissons par ailleurs, qu’il était difficile et qu’il aurait même été malvenu pour les évaluateurs américains et australiens auteurs de l’exercice, de dire autre chose sur la coopération européenne d’autant que leur propre coopération est loin d’être exempte de reproches. Certes, des réformes de structures ont été faites que nous connaissons bien, et quelques avancées méthodologiques, mais elles ont été effectuées en conservant le système de gestion existant dont l’inefficacité patente a réduit à peu de chose, les effets bénéfiques qu’on pouvait attendre de ces réformes. On peut donc dire que des réformes ont été faites mais il serait désastreux de se bercer d’illusions sur leurs effets comme ont pu le constater ces dernières années, les fonctionnaires opérationnels de la Commission et leurs partenaires consultants. 

 

 

Pour l’avenir et pour que les choses soient claires, l’efficacité de la coopération européenne dépend d’un changement de comportement à l’égard de nos partenaires mais aussi d’une réforme de fond au niveau de l’exécution :

-          La Commission doit être moins angélique dans ses concepts et moins « laisser-fairiste » dans son approche des problèmes et des hommes des pays « partenaires ». Qu’elle se donne la force morale et les moyens institutionnels, en tant que partenaire responsable, de faire valoir son point de vue, voire de le faire prévaloir ou de dire non quand il le faut ! 

-          Ceci étant acquis, il resterait alors à réformer profondément les règles et procédures pour éviter les coûteux blocages ou retards qui handicapent l’efficacité d’ensemble de notre coopération et adapter les stratégies de terrain pour réellement lancer les dynamiques de développement autonome que le système de gestion actuel ne permet pas de faire naître ou fait avorter par son manque de souplesse et de réactivité.

Bref, une réelle amélioration de l’efficacité de l’aide ne peut être conçue sans une profonde révision de notre pratique du partenariat (ce n’est pas seulement un mot commode mais un pouvoir et une responsabilité partagés … et qu’il faut vouloir partager) ni en s’obstinant à penser la réforme en conservant le cadre actuel de gestion.

 

Et pour terminer sur une note d’espérance, la coordination avec les coopérations des Etats-Membres et celles des autres bailleurs et l’harmonisation avec les autres politiques mondiales et régionales (les fameuses «wider policies »), pourraient alors s’établir et se développer sur une base vraiment saine. La Coopération Européenne pourrait devenir pionnière à cet égard et elle serait alors très naturellement amenée à prendre aussi le « leadership » de l’aide en termes de crédibilité politique et technique et plus seulement en termes de volumes financiers.

 

Il faudrait pour cela que des décisions politiques drastiques soient prises dont la Commission devrait certes, prendre l’initiative mais qu’il conviendrait sans doute d’élever au niveau du Conseil et du Parlement pour en faire « une ardente obligation ».

                                                                                                                            

 

 

 

Processus d’appropriation avec les entités locales, oui !  … mais c’est encore utopique au niveau des élites nationales

 

Les réactions de beaucoup de lecteurs nous conduisent à insister ici sur la distinction qu’il faut absolument faire entre appropriation/responsabilisation au niveau des élites dirigeantes et appropriation/responsabilisation au niveau des communautés, associations ou groupements locaux

 

Il ne faut pas en effet, rester dans l'angélisme en parlant d'appropriation par les élites dirigeantes et de leur « responsabilisation » … ni dans l’humour involontaire connaissant l’appétit de certains pour l’argent de l’aide ! On sait qu'il s'agit, pour toutes sortes de raisons, de quelque chose d'encore lointain en raison de l'absence quasi-générale de la notion d'intérêt public chez les décideurs et de leur difficulté à mettre en place et gérer des services publics efficaces avec leurs pauvres moyens, le problème n'étant pas le plus souvent, un problème de moyens mais surtout un problème d'hommes et de comportement. Voir à ce sujet ce qui a été dit dans « les élites locales et la gouvernance » au chapitre 1, et « accompagner les élites sur le chemin de la bonne gouvernance » au chapitre 3.  

En revanche, il faut jouer à fond le processus d'appropriation/responsabilisation avec les associations et groupements locaux dont les membres sont très généralement et effectivement responsables, solidaires et socialement actifs. C’est par ce biais en effet, que peuvent s'enclencher les processus locaux de développement autonome et donc devenir effectifs la durabilité et l'épanouissement des actions entreprises par nos projets. Voir à ce sujet, les explications données dans « le vrai défi est de mettre en mouvement l’immense secteur informel » au chapitre 2 et « le secteur informel est la priorité absolue » ainsi que « les dynamiques de développement local » au chapitre 3.

 

On trouve en effet au niveau local (communautés, groupements, tribus, voire municipalités, bassins-versants ou régions homogènes) un sens suffisamment profond de la responsabilité et de la solidarité ainsi que des mécanismes suffisamment puissants de contrôle social pour pouvoir y appuyer une politique de développement local autonome. Il est en revanche totalement utopique et même contre-productif de vouloir fonder la coopération inter-étatique sur un sentiment de responsabilité civique et sociale qui pour diverses raisons sociologiques, politiques, institutionnelles et humaines, n’existe encore que très rarement chez les élites dirigeantes de niveau national ou même au niveau des grandes circonscriptions administratives.  

 

 

 

Bien-pensance, laxisme et intellectualisme … justice sociale, effort et responsabilité de l’individu

 

Beaucoup de commentaires ont été reçus également sur cette partie de l’ouvrage (voir chapitre 1). A la question « pourquoi avoir fait tout un chapitre sur le contexte et ne pas avoir concentré la réflexion sur la seule critique de la coopération et sur les propositions ? », on a envie de répondre que c’était bien nécessaire pour mieux cerner les peurs, les non-dits et les tabous qui étreignent nos sociétés européennes, c’est à dire le bain culturel, institutionnel, politique voire idéologique dans lequel la Commission doit penser, décider et agir. Ceci pour mieux comprendre sans l’excuser, son manque de réactivité devant les risques et les enjeux d’une profonde réforme des approches, des stratégies et du cadre de gestion de sa coopération 

Il y a également dans ce chapitre des explications sur la problématique de la pauvreté et du développement, des remarques sur les approches de quelques institutions multilatérales ou bilatérales, des considérations de géopolitique et une analyse du problème des élites et de la gouvernance, toutes réflexions qui permettent de mieux situer la critique du chapitre 2 et les propositions du chapitre 3.

Il convenait d’abord de remettre dans la perspective du sens commun, quelques idées, affirmations et comportements irrémédiablement perturbés par les idéologies mortes et la nouvelle religion des bons sentiments. Ces dernières ont régné sur les générations d’après-guerre et continuent d’imprégner l’esprit public par le biais de notre moderne « politiquement correct » qui aliène le jugement de trop de nos concitoyens et fausse jusqu’à l’esprit de nos « intellectuels » les plus adulés et de la majorité de nos « faiseurs d’opinion(s) ». 

 

On peut par exemple, être plus que lassé par les complaintes permanentes des professionnels de la bien-pensance ou de l’agitation politique, syndicale voire « révolutionnaire » qui veulent obstinément faire croire au citoyen européen moyen, qu’il est très malheureux et absolument brimé par ses gouvernants. Entre le discours des belles âmes socialisantes en mal de bonnes oeuvres et celui de « l’agit-prop » des gauchistes en mal de raisonnement, notre petit bourgeois européen est un peu perdu mais finit par s’inquiéter même s’il ne les croit pas vraiment. Au lieu de perdre leur âme dans l’affolement des « masses » en cultivant leurs angoisses, tous ces beaux-parleurs feraient mieux de s’en faire l’éducateur en leur redonnant confiance. Nous sommes en effet, dans un mouvement mondial d’adaptation permanente du fait de l’émergence et donc de la concurrence du monde en développement : les refuser serait disparaître, il faut en atténuer les chocs autant que possible mais il est vital de faire face. Or, la France, toujours à l’avant-garde des bons comme des mauvais combats, se distingue en ce début d’année de crise 2009, en laissant ces histrions tenter de bloquer les réformes et critiquer les mesures prises pour remettre l’économie en route et sauvegarder l’emploi. Au lieu de cela, ils devraient prendre leur part de responsabilité et faire œuvre de salut public en participant à l’effort commun d’explication aux français !

 

Le fait est pourtant, que le niveau de consommation et de protection sociale de l’européen moyen s’améliore constamment même si le mouvement est plus lent maintenant que pendant les « trente glorieuses » et même s’il risque du fait de la crise actuelle, de stagner voire de diminuer un peu en 2009 comme cela a déjà été le cas de quelques rares années depuis la guerre à l’occasion d’autres crises. Bien sûr, il y a des riches qui ne le méritent pas autant que d’autres et des pauvres qu’on doit mieux protéger mais pour qui connaît la situation socio-politique des riches et des pauvres dans le tiers monde, il y a quelque chose d’indécent dans la contemplation de lui-même où se complaît notre petit-bourgeois occidental moyen, abusé et déprimé par ses mentors culturels, politiques et syndicaux.

 

Il faut certes, faire preuve de beaucoup d’empathie avec nos concitoyens dans le besoin et leur assurer le filet de sécurité qui leur permettra de passer un mauvais cap avant qu’ils reprennent leur destin en mains.  Mais rien n’est plus démotivant pour les individus et la société dans son ensemble, que de se laisser aller à une compassion excessive qui aboutit généralement à créer la morosité puis la passivité en engendrant bientôt mécontentement et récriminations stériles. Il en est de même d’ailleurs de l’aide au développement quand celle-ci, par trop de compassion et trop peu de fermeté, se transforme en un pur « assistantialisme » qui ne fait qu’entretenir le cercle vicieux de la pauvreté et de la dépendance.

 

 

 

Dans ce contexte, le penser-faux et l’agitation politico-mondaine de notre intelligentsia germano-pratine deviennent insupportables, tout autant d’ailleurs, que les contre-vérités et poncifs de ses consœurs européennes et américaines. Comme ceux du temps de Socrate, nos nouveaux sophistes corrompent la jeunesse, à la fois par le poison d’idéologies primaires et faciles à brailler dans les manifestations (« les riches paieront ») et par la drogue des bons sentiments dont s’enivrent nos « bobos »* politiquement corrects (« le normal n’a aucun intérêt, il est même suspect donc seul l’a-normal mérite d’être célébré »). Comme eux, ils en accusent Socrate mais au bout du compte, Socrate est resté, eux ont disparu ! On ne pouvait passer cela sous silence dans cet ouvrage. Voir au chapitre 1 « le petit-bourgeois européen … ou l’aliénation par le penser-faux et la peur de l’autre » et en particulier « le germano-pratinisme ». ( * bourgeois-bohème : un bobo est un consommateur politiquement correct avec des idées « libérales » au sens américain du mot et une certaine préoccupation pour les modes environnementales … il affecte de vivre dans des quartiers populaires à condition, bien sûr, qu’il puisse y jouir de l’espace et du confort qui conviennent !)

 

En fait, tout est dans l’équilibre que chacun réussit à concevoir et maintenir entre les deux termes du titre ci-dessus « bien-pensance, laxisme et intellectualisme » d’une part, « justice sociale, effort et responsabilité de l’individu » d’autre part. C’est une antique querelle que les philosophes et les politiciens n’ont pas encore fini de vider. Il n’est donc pas question ici, de « faire du brutalisme libéral et anti-social » mais il faut savoir reconnaître l’importance de l’effort, de la discipline et de la solidarité qui permettent à l’individu de se réaliser pour lui-même et pour le plus grand profit de la société à laquelle il appartient. Contrairement au catéchisme qu’un angélisme bien-pensant issu des théories confuses de l’ère post-idéologique, voudrait nous imposer, l’individu aussi est responsable et la société ne lui doit pas tout. Les carences de la seconde n’excusent pas les fautes du premier : la société doit donc être réformée quand il le faut et les individus rappelés à l’ordre quand c’est nécessaire.

Savoir maintenir ce subtil équilibre est l’honneur des politiques.  Il faut dire à leur décharge, que les « intellectuels » ne les aident guère par « leur intelligence » des choses de ce monde et que trop de journalistes préfèrent penser qu’ils « font l’opinion » en allant dans le sens du vent plutôt que sacrifier au labeur plus humble mais plus méritant de l’information et de l’éducation des gens ! Ne serait-ce pas là, une conception plus noble de la mission du service public de l’information que d’accompagner les grèves ?

 

 

Quant au traitement réservé aux services publics dans cet ouvrage, on veut préciser ici que personne ne les « attaque » et qu’il faut en finir avec la paranoïa d’autant qu’ils ne sont pas la propriété des syndicats ou autres groupements qui prétendent « les défendre ». Les services publics sont en effet, la colonne vertébrale d’un Etat digne de ce nom et leur absence ou leur insuffisance est la cause première du sous-développement d’où l’importance des considérations égrenées tout au long du présent ouvrage sur la « gouvernance » et les problèmes d’hommes. Ceci étant dit et réaffirmé, il s’agit tout simplement de les rendre plus efficaces et moins coûteux pour la communauté nationale qui en est seul propriétaire et qui en a donné délégation de gestion à l’Etat. La communauté nationale ne l’oublions pas, se trouve maintenant en concurrence directe et donc en compétition de production et d’emploi non seulement avec les autres pays développés mais aussi avec les économies beaucoup moins exigeantes du monde en développement .

 

Dans cette situation, il n’est pas admissible de ne rien vouloir changer dans la gestion desdits services publics. Ceci remettra nécessairement en cause certains droits acquis ou plutôt certaines habitudes confortables mais coûteuses acquises de haute lutte par nos fonctionnaires et employés publics à l’encontre de gouvernements trop faibles et timorés. Rappelons quand même, que ces agents publics bénéficient statutairement d’une solide garantie de l’emploi. Dans ces conditions, il ne serait aucunement « injuste » de « flexibiliser »  leurs conditions de travail et avantages sociaux en les alignant par exemple, sur ceux du secteur privé dont les salariés ne bénéficient pas de la même garantie ! Il est par ailleurs, évident que l’amélioration permanente du fonctionnement et de la réactivité des services sera le meilleur garant à long terme, de la satisfaction de leurs usagers et par là, de leur durabilité et de leur capacité à assurer un service public pour tous.

 

Tout le monde le sent bien mais certains, obnubilés par la peur du changement, par tel ou tel fantasme politico-institutionnel ou tout simplement pour la défense de leurs intérêts propres, refusent de l’admettre et n’hésitent pas à faire supporter leur entêtement stérile à leurs camarades ainsi qu’à leurs administrés, usagers ou clients. On en a l’illustration la plus claire dans la série des manifestations et grèves orchestrées et soutenues en France depuis des années et jusqu’en pleine crise 2008-2009 au risque de faire capoter les efforts de redressement, par quelques syndicats, associations et partis qui prétendent rompre des lances « contre les réformes et pour la défense du service public » ! Les universitaires et « enseignants-chercheurs » eux-mêmes s’y mettent et préfèrent rester dans leur bulle plutôt que de « trouver » un peu plus et s’adapter au monde qui change. Cette attitude irresponsable met en relief la contradiction ainsi niée entre droit de grève et continuité du service, entre coût du service et capacité de financement de la communauté nationale, sans même parler des simples problèmes de coût/efficacité dont on refuse d’admettre qu’une meilleure organisation du travail pourrait les résoudre aisément. La solution pour eux, c’est toujours plus de personnel, plus d’équipements et plus d’argent sans trop se préoccuper de leur utilisation optimale, et l’idée ne les effleure pas que la qualité et la continuité du service pourraient éventuellement dépendre d’abord, d’un changement de leur propre comportement !

 

Il est vrai que cette faiblesse conceptuelle s’explique par l’idiosyncrasie de l’administration puisqu’un « administrateur » est censé administrer l’existant selon des règles bien établies, et non pas le changer. Elle est donc le propre de toute grande administration et la Commission Européenne n’y échappe pas … d’où l’intérêt de ces commentaires sur le contexte culturel dans lequel la Commission doit penser, décider et agir .

Faut-il dès lors renoncer et perdre espoir ? Certes non, mais il faut qu’un volonté politique forte s’empare du sujet et incite, ou oblige si nécessaire, les autorités administratives à prendre les décisions qui s’imposent.