Qu’elle laisse ses fantasmes et ses peurs… et l’Europe fera face aux défis du monde

 

Résumé

Reprendre confiance et cesser de culpabiliser… le respect des autres se mérite…

Prendre la mesure raisonnée de l’évolution du monde : l’éveil de la Chine et des autres pays émergents pas plus que l’immigration, l’intégrisme musulman ou la revendication des valeurs asiatiques, ne sonnent le glas de l’Occident !

La vieille Europe a des acquis majeurs et les atouts qu’il faut. Elle doit revenir aux « fondamentaux » culturels qui ont fait sa force … la « révolution » est peut être déjà en marche et la France semble rattraper son retard… pour prendre la tête du mouvement ?

Pourquoi alors, le petit bourgeois européen ne guérirait-il pas de sa paranoïa ? journalistes et media, faites mentir Dante, redonnez-lui l’espérance au lieu de cultiver son égocentrique morosité !

Texte complet


Reprendre confiance et cesser de « culpabiliser »

 

Qui n’a pas peur, utilise les vrais mots pour dire les choses. Il se sent assez fort pour penser seul et penser juste, en faisant le tri de ce qu’il y a de vrai ou de possible et de faux ou de douteux dans ce qu’affirment sans vergogne les moralisateurs, les idéologues, les experts et autres gourous ou vulgarisateurs. Plus besoin de fuir nos responsabilités en déguisant peur ou égoïsme sous les formes d’une fausse solidarité ou d’un faux partenariat qui cachent mal une charité honteuse. Arrêter enfin de galvauder les mots car la charité ne saurait être honteuse quand elle est justifiée, de la même façon que la solidarité et le partenariat doivent être mutuellement sentis, respectés et responsables. Il faut aussi rompre avec ces manifestations déplacées de repentance et de commémoration du malheur dont se flagellent les pays occidentaux et particulièrement les anciennes puissances coloniales. L’obsession de l’excuse et de la repentance est tout simplement la manifestation d’une « dés-estime » voire d’une haine malsaine de soi-même ; elle s’apparente en fait, à un phénomène d’auto-mutilation caractéristique de la paranoïa dont souffre le petit bourgeois européen. A ce compte en effet, toutes les civilisations du monde devraient demander pardon d’avoir existé depuis l’Egypte ancienne, la colonisation grecque, les conquêtes de Rome, l’invasion aryenne des plaines du Gange, l’émergence douloureuse de l’Empire du Milieu ou des empires indiens successifs de l’Altiplano et de l’Amérique centrale sans parler des conquêtes arabes, des guerres entre tribus et royaumes africains, etc… tout cela doit passer au crible critique de l’histoire au même titre que les aspects douloureux des guerres en Europe ou de la conquête européenne du monde depuis la Renaissance. Tous ces peuples et toutes ces régions ont connu la guerre extérieure ou intérieure, l’esclavage, l’émigration, les déplacements de population, la colonisation, des massacres ou des génocides : essayons de régler nos futurs rapports de force et notre future coopération de telle sorte que cela ne se reproduise pas et que chacun respectant l’autre, contribue plutôt à l’amélioration du bien être sinon du bonheur de tous. Chacun doit pouvoir regarder l’autre, la tête haute et rester maître chez lui  sans devoir porter indéfiniment le poids d’une éventuelle dette ou malédiction du passé: cela vaut pour les peuples et les nations comme pour les individus.

 
 

Prendre la mesure raisonnée de l’évolution du monde

 

L’éveil de la Chine, de l’Inde et des pays émergents pas plus que l’immigration, l’intégrisme musulman ou la revendication des valeurs asiatiques, ne sonnent le glas de l’Occident…. Un impératif s’impose cependant : réagir intelligemment mais fermement aux évènements circonstanciels et aux changements structurels. Les autres existent, nous aussi ! certains chez nous et d’autres chez eux, doivent le comprendre et l’admettre. 

 

La Chine et l’Inde par exemple, cristallisent les nouvelles angoisses du début de ce siècle par crainte des dérèglements que leur développement engendrera sur les marchés mondiaux et des rééquilibrages géo-stratégiques qui s’ensuivront. Allons plus loin, le reste du monde pauvre, à commencer par le Brésil, le Mexique, l’Indonésie, le Bangladesh, le Pakistan, le Nigéria et des dizaines d’autres Etats plus petits, représente une masse de population encore plus formidable, avec la pression croissante qu’elle exerce sur les ressources naturelles et les flux de migration qu’on peut en attendre.

Faut-il que nos pays riches et déjà développés s’affolent pour autant ? Tout d’abord et très cyniquement, il semble très probable que les effets négatifs du développement de ces nouvelles puissances soient plus dramatiques dans les pays du sud eux mêmes dont l’industrie et l’économie sont plus fragiles, que dans les pays du nord dont les capacités de réaction et de reconversion sont plus grandes. Il n’est pas raisonnable non plus, de tabler à long terme, sur des taux de croissance aussi forts que ceux qu’ont connus certains de ces pays comme la Chine dans la dernière décennie car ils sont essentiellement, le fruit des activités d’exportation et d’investissement immobilier, secteurs éminemment fragiles et fortement exposés à des retournements difficilement maîtrisables. Le grand défi pour les pays en développement en général mais plus encore pour ces gigantesques pays, est l’élévation régulière du niveau et de la qualité de vie de la masse de leur population qui demandera beaucoup plus de temps et de lenteur prudente que la croissance exacerbée d’une économie assez artificielle fondée sur ce qui pourrait assez vite devenir une bulle exportatrice et immobilière. Le ralentissement de leur croissance pourrait provenir aussi des déséquilibres engendrés par la croissance même, entre villes et campagnes et au sein des villes mêmes, berceaux de cette croissance, entre le niveau de vie des riches et celui des pauvres sans parler du rattrapage qu’il faudra faire un jour en matière de protection sociale, santé, éducation, chômage, retraite, et de qualité de vie, pollution des terres, des eaux et de l’air, qualité du logement, environnement, etc… Parlant du seul aspect salarial, le plus immédiat des facteurs de compétitivité, on voit déjà poindre les hésitations de certains investisseurs qui trouvent que les salaires chinois commencent à devenir trop élevés dans la balance des avantages et inconvénients d’un investissement en Chine! Le développement de ces pays passera donc probablement, par des crises sociales ou économiques et des périodes plus ou moins fastes voire des guerres civiles dont on espère qu’elles ne dégénèreront pas en guerres extérieures.

On comprend fort bien que les peuples et dirigeants de quelques pays asiatiques, forts de leur décollage économique récent, éprouvent quelque fierté et sans doute, un sentiment de revanche sur l’Occident mais ils deviennent déraisonnables lorsqu’ils vantent la supériorité des valeurs qu’ils qualifient d’asiatiques (discours de Mahathir Mohammed de Malaisie ou de Lee Kuan Yew de Singapour par exemple). Ces « valeurs asiatiques » en effet, ont largement emprunté à l’Occident leur part « économie libérale voire business sauvage » mais il est vrai que les valeurs confucianistes centrées sur le cercle familial, risquent d’en tempérer moins efficacement les excès que ne pourraient le faire les valeurs chrétiennes d’amour et de solidarité entre tous les hommes. Il y a là sans doute, un certain danger « impérialiste » mais le succès économique actuel de ces pays répond à une conjonction de facteurs politiques, économiques et géo-stratégiques dont les effets bénéfiques risquent de se heurter bientôt aux contraintes du rééquilibrage économique, social et environnemental qu’on vient d’évoquer. Il faut se souvenir en effet, que le Japon aussi avait provoqué quelques perturbations majeures dans l’ordonnancement des circuits économiques mondiaux du dernier demi-siècle : il inquiétait beaucoup les économies occidentales dans les années 70 et 80 mais il a fini par buter sur ces mêmes contraintes dans les années 90 sans toutefois, que la crise japonaise ne dégénère.

 

Une autre source majeure d’angoisse pour les pays riches, est le risque d’une brusque augmentation des flux migratoires. On peut en effet, facilement s’affoler en considérant le nombre croissant de pauvres du sud par rapport au nombre décroissant de riches du nord et craindre « l’invasion » en pensant aux flux latino-américains de la frontière sud des Etats-Unis, à l’immigration d’origine nord-africaine, africaine ou asiatique en Europe, ou encore aux travailleurs et commerçants chinois s’installant en Russie sibérienne. Même si elle reste encore supportable et absorbable dans les pays européens, la pression monte en proportion de la hausse du non-emploi et du sous-emploi des pays en développement.

On assiste en effet, à une immigration croissante aux causes et aux origines de plus en plus diverses mais on parle peu des migrations temporaires ou permanentes, légales ou illégales, entre pays du Sud en Asie, en Afrique et en Amérique latine or elles sont beaucoup plus importantes que celles à destination des pays du nord. Par ailleurs, l’immigration peut et doit être choisie et limitée en fonction des besoins du pays d’accueil et du comportement des candidats au séjour. Elle doit aussi être concertée avec les pays d’émigration. La création de Centres d’Information et de gestion des Migrations (CIGM), annoncée à Bamako par le Commissaire européen au Développement au Sommet France-Afrique du 15 Février 2007, est peut être une initiative intéressante à cet égard si elle permet effectivement « d’informer et d’accompagner » les candidats à l’émigration en les aidant aussi, à faire leur vie professionnelle et familiale dans leur propre pays. C’est humainement nécessaire dans la mesure où nul, individu ou pays, n’est censé devoir accueillir toute la misère du monde et n’est obligé de laisser entrer chez lui qui il ne veut pas. Et surtout, parce qu’une immigration désordonnée et incontrôlée crée de multiples problèmes d’intégration économique, sociale et culturelle avec les inévitables phénomènes de rejet qui peuvent empêcher ceux qui le voudraient et le pourraient, de s’installer correctement et devenir des membres à part entière de la communauté nationale du pays d’accueil. Personne n’émigre de gaieté de cœur et rares sont ceux qui le font délibérément pour « faire de l’argent » mais la plupart le font parce que la misère ou la pauvreté les y pousse et parce que le mirage de la richesse du Nord fait malheureusement des ravages dans les esprits : le meilleur moyen d’y faire face, est donc d’aider les peuples à surmonter leur pauvreté afin qu’ils veuillent et puissent rester chez eux au lieu de s’expatrier. Abstenons-nous également de considérer que l’émigration est un outil de développement comme un autre même si les sommes d’argent que les émigrés rapatrient, deviennent de plus en plus considérables au point d’être dans beaucoup de pays, une des premières sources de devises et de dépasser souvent les flux de l’aide internationale.

Il faut aussi se débarrasser des généreux mais très pervers réflexes de compassion ou d’aide aux clandestins qu’éprouvent nos nouvelles « dames de bonnes œuvres » pour soulager leur bonne conscience ; méfions-nous encore plus de l’utilisation de l’immigration clandestine par les organisations révolutionnaires, anarchistes ou d’extrême gauche pour justifier leurs manœuvres de déstabilisation. La gauche sur ce sujet aussi, pense faux en commençant par les professionnels de la « défense » des sans-papiers, en France par exemple, Cimade, Gisti, DAL, et maintenant Education sans frontières que ne manquent pas de soutenir la plupart des syndicats y compris ceux de l’enseignement (professeurs, étudiants, lycéens, …) sans oublier les organisations radicales ou gauchistes du type CNT, LCR, intermittents du spectacle, Attac et bien évidemment, les organisations antiracistes comme le Mrap, SOS racisme ou la Ligue des droits de l’homme.

Tous s’agitent pour proclamer les droits de l’homme sans avoir la moindre idée de la façon exacte de les concrétiser comme on vient de le voir à Paris ces derniers mois, dans quelques affaires sociales complaisamment médiatisées. Toutes ces attitudes, du moins celles qui ne sont pas inspirées par des motifs purement politiques, sont certes généreuses et compréhensibles dans la mesure où il n’est évidemment pas question de laisser mourir de faim les immigrés illégaux. Elles n’en sont pas moins totalement irresponsables car elles ne font qu’encourager l’afflux de gens dont on sait qu’ils ne trouveront pas de travail et resteront à la charge des citoyens des pays d’accueil ou de leurs compatriotes plus anciennement immigrés. Cette fausse solidarité en effet, rend toujours plus difficile leur processus d’intégration au sein de la société civile, exacerbant du même coup, les tensions ethniques, confessionnelles ou raciales que semblent précisément rechercher nos bons trotskistes (…au nom de la révolution mondiale ?). Tous doivent comprendre qu’il ne suffit pas d’entrer en France pour avoir le droit d’être en France et que la France a le droit de fixer les conditions pour bénéficier de ce privilège de même que tout individu a le droit de recevoir qui il veut, chez lui. La même chose vaut pour l’Europe et les frontières communes.

Le problème du développement ne peut être traité efficacement que dans les pays mêmes d’où les populations émigrent, il ne sera pas résolu en faisant de l’Europe et de l’Occident en général, le réceptacle de la misère du monde. On en revient à la question de l’efficacité et de l’impact de la coopération qui redevient alors un élément clé de l’équilibre et de la paix du monde : on comprend ainsi mieux l’indignation que soulève à juste titre, le « benign neglect » dont font preuve les bailleurs à l’égard des stratégies et des projets qu’ils mettent en œuvre avec tant de légèreté et d’inefficacité.

 

Une autre angoisse majeure liée d’ailleurs en partie, à l’insuffisance de la maîtrise de l’immigration, provient de l’expansion de l’intégrisme musulman qui pourrait dégénérer peu à peu vers une sorte d’« islamo-totalitarisme ». C’est évidemment l’héritage direct du refus d’évolution de beaucoup de docteurs de la loi et d’imams qui perçoivent l’intégrisme comme un moyen commode d’identification personnelle ou communautaire et de défense de la « tradition » contre des valeurs occidentales jugées trop libérales. Sentiment exacerbé par les erreurs de jugement politiques et militaires de l’Occident en particulier des Etats Unis, face au problème israélo-palestinien et au monde arabe et musulman en général. Certains n’hésitent donc plus à prêcher et agir pour étendre au besoin par la force, le champ de l’oumma islamique jusqu’à considérer que tout pays où se trouve un musulman doit être converti et les autres éventuellement conquis !

Devant cette montée des passions, les gouvernants des pays de religion musulmane, doivent fortement inciter les docteurs de l’islam et tous les musulmans à adapter les règles et les pratiques de leur religion et les rendre compatibles avec celles de la démocratie et des droits de l’homme. Qualifierons-nous cet effort d’ijtihad ? c’est en tout cas, un important combat avec lui-même que chaque musulman devra mener. Le professeur Tariq Ramadan peu suspect d’anti-islamisme primaire en raison de ses liens intellectuels et personnels avec l’orthodoxie musulmane, semble du même avis en affirmant dans le Monde du 21 Septembre 2006 que « les enseignements islamiques appellent à la spiritualité, à la réforme de soi et que les musulmans sont tenus par le respect des législations des pays dans lesquels ils vivent » et « qu’ils doivent élaborer un discours critique qui dénonce les lectures radicales, littéralistes et/ou culturelles des textes religieux ». Espérons qu’il continue de prêcher dans ce sens et mette ces bonnes paroles effectivement en pratique avec les docteurs de la loi et les imams pour que l’Islam officiel et la pratique quotidienne rejettent enfin, la pression physique ou morale, la contrainte ou la violence comme moyens normaux de prosélytisme dans les familles, entre les communautés ou entre les peuples. Disons-lui aussi qu’il est quelque peu « jésuite » de prêcher la bonne parole tout en continuant à affirmer par ailleurs que beaucoup de « bonnes » raisons politiques, sociales ou identitaires (par exemple, « l’Occident » et ses mœurs « corrompues », l’égoïsme des élites occidentalisées ou « laïques » des pays musulmans ou encore les coutumes locales patriarcales voire abrahamiques, etc…) expliquent que la pratique de l’Islam et l’application de la chari’a restent parfois arriérées et deviennent même délibérément régressives dans beaucoup de pays : « l’explication » sur un tel sujet tourne bien vite à l’excuse et l’excuse à la justification ! On a vu à l’œuvre depuis les années 60 en France et en Europe, le même laxisme du raisonnement qui fait des criminels et des délinquants, des victimes de la société. Non ! chacun reste responsable pour sa part d’humanité et il n’y a pas d’excuse à la violence qu’elle soit religieuse ou crapuleuse.

Il faudra très certainement, initier le mouvement d’adaptation de l’Islam au monde moderne par la reconnaissance du droit des femmes à disposer d’elles-mêmes sans que la « loi » ou la coutume ne les obligent à se cacher derrière les hommes de leur famille ni que ces derniers ne se croient investis du « droit et du devoir de les protéger » alors même qu’elles ne le leur demanderaient pas. Au delà des simples relations « homme-femmes », beaucoup de frustrations dans les sociétés musulmanes, sont nées de ce comportement archaïque. Ce dernier malheureusement, tend à se renforcer dans la plupart des pays musulmans en réaction identitaire contre un « modernisme » qualifié d’occidental et donc jugé malsain voire ennemi. Ce comportement de mâle autoritaire qui existait encore il y a quelques décennies, sous une forme beaucoup moins rigoureuse il est vrai, dans beaucoup de sociétés rurales y compris dans les sociétés occidentales, a maintenant beaucoup régressé sinon totalement disparu dans la plupart des sociétés évoluées où la femme est maintenant et très naturellement, reconnue comme l’égal de l’homme. Il est donc temps que les sociétés musulmanes fassent leur mue, que les ‘ulema la théorisent et que les imams la prêchent et la fassent pratiquer.

De même, nos jeunes garçons des banlieues verraient résolus beaucoup de leurs problèmes existentiels s’ils ne se croyaient pas indûment, le droit de faire la police des mœurs à l’égard des filles de leur propre famille ni surtout, des filles des autres ! Des relations garçons-filles normalisées et décomplexées règleraient bien vite leurs problèmes freudiens et la vie des banlieues en serait considérablement facilitée. Il faudrait pour cela que leurs parents les contrôlent un peu mieux comme ils le feraient « au pays » et aussi, que les autorités morales et religieuses mettent un peu d’huile dans les rouages psychologiques un peu confus de nos « sauvageons » au lieu de justifier la « coutume » voire pour certains, d’exciter les passions. La vie sociale des banlieues s’en trouverait grandement apaisée et ces jeunes trouveraient plus facilement du travail car les investisseurs peu à peu, reviendraient dans les quartiers qu’ils ont abandonné.

Le respect et la tolérance s’apprennent. Ils ne peuvent être fondés sur les coutumes et contraintes qui prévalaient à la Mecque ou à Médine au 7è siècle mais bien comme le disait Tariq Ramadan, sur celles des sociétés du 21è siècle dans lesquelles vivent les musulmans d’aujourd’hui en France et en Europe comme dans les pays d’origine. L’Islam dans son acception de l’individu, de la société et des rapports entre les peuples, doit cesser de se comporter comme le faisait Staline, cet ancien Grand Satan, qui affirmait tout benoîtement mener son action pour l’expansion du communisme selon le principe suivant : « ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi, est négociable ». Ce retour de l’Islam à une attitude critique et plus sûre d’elle même mais non dominatrice, attitude qui fut la sienne à plusieurs reprises depuis l’Hégire, est ce que l’on peut souhaiter de mieux pour enrichir le dialogue et consolider le respect entre les religions et les peuples.

Le prosélytisme par la force ou la pression morale et sociale, n’est pas plus tolérable de la part des groupes islamistes à l’égard des chrétiens en général qu’il ne l’est des sectes protestantes américaines à l’encontre du catholicisme ou des autres religions. Il faut cependant, savoir que la situation des minorités chrétiennes devient véritablement dramatique dans certaines parties du monde et qu’elles sont peut être en train de mourir dans le « dar el islam ». Elles subissent un déni de droits qui va bien au-delà du statut traditionnel des « dhimmis » et souffrent parfois d’interdictions pures et simples voire de véritables chasses aux chrétiens dans de trop nombreux pays musulmans (Arabie, Nigéria, Irak, Iran ou même Algérie, Egypte, Turquie ou Pakistan, …). Elles se heurtent aussi à des législations de plus en plus intolérantes et à des persécutions de plus en plus nombreuses dans l’Inde hindouiste, au Sri Lanka bouddhiste et bien entendu dans les pays qui s’affirment encore communistes comme la Chine ou le Vietnam. Même si on a dit que le vingt et unième siècle devait être religieux ou ne pas être, le temps des croisades, de la « reconquista » et des « missions » est terminé ; celui du « Jihad » doit maintenant cesser et le « communisme appliqué » finir de mourir ! Et de grâce, que les bouddhistes et les hindouistes reviennent bien vite à la sagesse dont ils sont censés donner si pacifiquement l’exemple.

 

Du côté « occidental », il est tout aussi urgent qu’on éduque les hommes politiques et les peuples à reconnaître et comprendre les civilisations des autres pour éviter les erreurs actuelles même s’il ne s’agit pas, bien au contraire, de renier les principes de liberté, d’égalité et de fraternité sans distinction d’origine, de religion, de race ou de sexe. On ne reviendra pas ici sur l’aberrante politique des Etats Unis face au problème israélo-palestinien ni sur la folie de leur intervention militaire en Irak. La démocratie ne s’exporte pas plus par la force que ne saurait l’être la foi religieuse. A cet égard, le comportement des décideurs américains actuels semble aussi fou que celui des islamistes : Dieu n’est pas plus avec nous qu’avec les autres et la démocratie n’est pas sainte même si elle est au bout du compte, le moins mauvais des régimes. Quant à l’Europe, le fait de suspendre son aide au gouvernement palestinien en 2005, sous prétexte que le Hamas, pourtant légalement porté au pouvoir, n’a pas reconnu formellement Israël et qu’il est considéré par l’UE comme une organisation « terroriste », était une aberration de plus. Est-il nécessaire de rappeler que la résistance française des années 40-44 était aussi considérée par l’occupant comme une organisation terroriste ? Ce n’est donc pas parce qu’il est islamique que le Hamas n’est pas une organisation de résistance. Si un jour, le problème palestinien étant réglé, le Hamas continuait de tuer au nom de la religion et non plus pour la cause palestinienne, on serait alors effectivement face à une dérive islamo-terroriste mais pour l’instant, le Hamas se bat pour l’indépendance de son pays. Le même raisonnement vaut d’ailleurs pour le Hezbollah jusqu’à ce qu’Israël ait évacué tout le territoire libanais et que l’Etat libanais en ait pris le contrôle. Heureusement la Commission ou tout au moins le Haut-Représentant de l’UE, s’est un peu rattrapé lors de l’affaire libanaise, dans le sillage du Président français dont la pugnacité a finalement permis d’imposer un arrêt des combats à Israël et au Hezbollah en Août 2006.

En revanche, le comportement de nos Commissaires et en particulier de l’ancien comme du nouveau Président de la Commission qui agissent comme si la Turquie était déjà membre de l’UE, est incompréhensible ( « maintenant que nous sommes voisins…. » s’exclamait l’un d’eux lors d’un voyage en Géorgie : non ! quelle que soit notre amitié pour la Géorgie et les autres pays voisins de l’Est ou du Sud, ils ne sont pas en Europe et la Turquie non plus). Si on accepte la Turquie, pourquoi ne pas intégrer alors, tous les pays de la rive sud de la Méditerranée qui nous sont au moins aussi proches y compris la Syrie, Israël et la Palestine… jusqu’au Maroc ? On pourrait de la sorte reconstituer l’Empire Romain, ce serait grandiose … mais contentons nous pour l’instant, d’un solide partenariat qui fasse vraiment avancer les peuples et les nations de la Méditerranée. MEDA, le partenariat euro-méditerranéen et la politique dite de « voisinage » ont été créés pour cela.

 
 
 

La vieille Europe a des acquis majeurs et les atouts qu’il faut, pourquoi les gâcher bêtement ?

 

On a amplement expliqué pourquoi et comment la population européenne se complaisait dans la médiocrité de son état de petit bourgeois récemment parvenu à l’aisance. Dans sa peur existentielle, elle devient à la fois revendicative et molle. Ses gouvernants suivent et n’osent pas la bousculer.

Paradoxalement, on peut dire que partant de si loin, la vieille Europe a tous les atouts en mains. Il lui faudra bien sûr faire beaucoup d’efforts pour se montrer à la hauteur du défi qui l’attend mais l’Agenda de Lisbonne faisant de l’Europe la zone la plus compétitive du monde, peut ne pas être une vue de l’esprit même si les réformes dans chaque pays membre, prennent plus de temps que souhaitable.

 

Ces pays restent en effet, ceux dont le niveau de vie est le plus élevé et où les mécanismes de solidarité sont les plus étendus. Ses entrepreneurs et leurs salariés font quotidiennement la démonstration de leur capacité d’adaptation et de leur exceptionnelle productivité et inventivité. Ils ont relevé avec succès la plupart des défis de la mondialisation accélérée de ces dernières années. Le rapport Pébereau sur la dette, le soulignait pour la France dont les entreprises ont non seulement pu surmonter trois décennies d’immobilisme social fondé sur les droits acquis et sur le « toujours plus » des secteurs protégés, dénoncé en son temps par le célèbre essai de François de Closets mais aussi, survivre et repartir après les aller-retours des nationalisations-privatisations, après les mesures hors de propos des 35 heures et l’incapacité des gouvernements à réformer le secteur public qui continue de fonctionner à l’ancienneté et non au mérite, etc… Faut-il que nos entrepreneurs soient dynamiques et créatifs et que le travailleur français soit productif et inventif pour résister à de pareilles inepties sans que l’écart de compétitivité ne s’accroisse irrémédiablement avec nos principaux concurrents ! Comme le souligne Yvon Gattaz parlant de l’entreprise et de l’emploi, « la multiplication des emplois passera par la multiplication des entrepreneurs » et ajoute-t-il, « il faut lever l’inhibition à l’embauche des employeurs potentiels qui risquent chaque jour leur argent et la vie de leur entreprise, en allégeant le code du travail, fort de 2540 pages » : cette évidence est occultée par ceux qui ne connaissant pas l’entreprise ou obnubilés par leurs bons sentiments ou par des idéologies ou des slogans politiques dépassés, réclament encore qu’on sauve l’emploi en rendant les licenciements encore plus difficiles ou qu’on réduise le chômage en créant de l’emploi public ! Ils réagissent comme les enfants qui veulent résister à la marée montante en construisant des châteaux de sable.

On pense faux mais cela n’empêche pas nos bonnes âmes d’enfourcher encore ces lubies malgré les progrès qu’ont pu faire à cet égard mais de façon intermittente et encore incomplète, nos syndicats dits représentatifs et les partis du toujours plus. Le penser faux des pays riches a son exact pendant en matière de développement des pays pauvres : il y a d’un côté ceux qui pensent « assistanat » et de l’autre, ceux qui veulent que les « bénéficiaires assistés » deviennent des « acteurs responsables », d’un côté le statu quo passif et de l’autre la dynamique créatrice. C’est en réalité, la même opposition des philosophies qui conduit au même gâchis dans les pays en développement comme dans les pays riches.

 

Un effort collectif est nécessaire et il y faudra un certain courage politique. Les progrès sont lents car le temps politique n’est pas celui de l’économie ni du social mais on voit poindre quelques lueurs dans les pays européens les plus réfractaires au changement, même en France où le changement a la réputation de ne pouvoir se faire que par crises ou par révolutions. On y a engagé la réforme des retraites, celle de la couverture maladie, une analyse de la valeur et des coûts des services publics en commençant par les ministères centraux, une meilleure maîtrise du retour à l’emploi accompagnée d’un assouplissement des contraintes du Code du Travail, et en même temps, l’Etat développe une politique industrielle active permettant de préserver les intérêts stratégiques nationaux dans les secteurs de l’énergie, de la défense et des industries de pointe tout en pratiquant une politique de promotion active de pôles nationaux, européens et mondiaux de recherche et de compétitivité sur le territoire français. Ce n’est pas le fruit du hasard si le chômage commence à reculer et si la croissance revient peu à peu. Beaucoup reste à faire pour achever la réforme et en particulier celle de l’Etat et du secteur public à commencer par l’éducation nationale et les universités, mais on est sur la voie. On peut désormais espérer que le petit bourgeois français ait fait sa mue lors des dernières élections présidentielles et législatives et que l’ouverture de 2007 vienne heureusement effacer le souvenir des blocages et des peurs de 1995 que le gouvernement Juppé avait eu la folie d’affronter mais le mérite de faire mûrir. On peut aussi espérer à voir leur empressement autour des « calendriers sociaux » et différents « grenelles » multipliés par le nouveau gouvernement, que nos « bêta-bloquants » syndicaux et associatifs aient enfin compris qu’il fallait bouger et que l’évolution du monde exigeait d’autres approches des problèmes à résoudre. Mieux vaudrait conclure sur cette note optimiste plutôt que sur les quelques sondages de Septembre 2007 qui indiquent que les français comprennent la nécessité des réformes pour lesquelles ils ont voté mais entendent toujours qu’elles s’appliquent aux autres sans que leurs sacrés droits acquis individuels n’en pâtissent un tant soit peu. Nous ne sommes pas encore au bout du chemin mais il y a un progrès indéniable qui amènera bien un jour prochain, notre bon français et les défenseurs auto-proclamés de ses droits, à « briser l’armure » selon l’expression de Lionel Jospin, pour s’ouvrir au monde qui change et y prendre sa part.

L’Allemagne aussi, remonte la pente rapidement grâce à quelques mesures structurelles fortes prises par le chancelier Gerhardt Schröder et le gouvernement de coalition d’Angela Merkel. Lorsque la France l’aura rejointe, cela commencera à faire un fameux noyau dur européen avec les pays du Benelux en attendant l’Italie. De l’autre côté, on voit le balancier de la Grande Bretagne, de l’Espagne ou des pays nord-européens qui ont déjà fait leur mue libérale, revenir et se rapprocher du point d’équilibre entre l’économique et le social, là où se situe l’humain : on arrive peu à peu à la nécessaire prise de conscience que le social ne peut progresser que si l’économie est libre de se développer et que celle-ci ne peut s’épanouir que si l’homme s’y sent bien. Il ne faut donc pas brimer l’un ni bloquer l’autre. La belle idée d’association capital-travail ne concernait pas seulement l’entreprise mais couvrait aussi toute une philosophie du développement où chacun doit trouver son juste compte sans systématiquement suspecter l’autre de vouloir accaparer les fruits de son travail ou ceux du capital qu’il aura risqué.

L’Europe doit réussir cette synthèse, elle a les réussites institutionnelles, industrielles et commerciales qu’on lui connaît, elle est le plus grand marché du monde, elle a sa monnaie, elle commence à avoir des politiques communes. Elle a l’expérience de son passé, c’est un acquis majeur pour peu qu’elle renonce à s’y enfermer. L’Europe en a les moyens, il suffit qu’elle le veuille et qu’elle ait confiance en elle même.

 
 

Pourquoi alors, le petit bourgeois européen ne guérirait-il pas de sa paranoïa … journalistes et media, aidez le !

 

Si on accepte l’idée que l’homme n’est pas absolument bon ni nécessairement mauvais mais qu’il peut avoir d’une région à l’autre ou d’un continent à l’autre, des intérêts divergents ; si on pense que ces intérêts peuvent devenir complémentaires et qu’il existe toujours des solutions de bon sens ; si on admet encore que les relations entre les peuples, les nations et les continents sont beaucoup plus complexes que les idées simplistes de guerre des civilisations ou d’assistance aux pauvres, il devient plus facile de guérir notre petit bourgeois occidental de la paranoïa qui le caractérise dans ses rapports à l’autre. Il ne se sent même plus en sécurité dans son cocon familial, il se méfie de son patron, de son voisin, de l’immigré et plus largement du monde extérieur où des « méchants » lui en veulent, en veulent à son travail, à son mode de vie voire à son pays. Pour guérir cette angoisse paralysante et dangereuse de nos peuples riches et développés, il faut remettre les choses à leur vraie place et rendre aux problèmes leur vraie dimension. En cela, il faut évidemment que les media s’impliquent honnêtement et sérieusement. Ils peuvent être en effet, la meilleure ou la pire des choses  dans le combat qu’il faut mener contre nos maladies de nantis, la morosité, l’angoisse, la peur de l’autre, l’égocentrisme, le négativisme et le penser faux.

 

La première des choses bénéfiques que les journalistes pourraient faire, est d’éviter de donner une fausse dimension aux évènements et à leurs conséquences par rapport à la réalité des faits. Trop de présentations sont partielles sinon partiales voire mensongères par omission ou exagération. Demandons-leur de relativiser les choses en en faisant une analyse préalable plus approfondie qu’ils ne le font généralement, avant de « lâcher » sur les ondes ou sur le papier, une nouvelle qui est souvent moitié vraie et moitié fausse à la fois. La rapidité de l’information en effet, n’est pas le seul critère ; elle doit être mise en balance avec l’exactitude et la proportion des faits pour éviter les effets pervers et souvent malsains d’affolement ou d’euphorie, de dégoût ou de haine, que l’annonce peut produire sur la masse des gens. Ceux-ci en effet, « subissent » l’information fournie et n’ont pas à leur disposition les éléments suffisants pour en évaluer la pertinence et remettre les choses en perspective. Que cesse donc le cirque des opinions et jugements péremptoires, sollicités de passants ou de vedettes du show-business qui n’ont pas la moindre connaissance du sujet traité ! La réalité de « l’opinion » est mieux reflétée par les sondages qui restent malgré tout, plus professionnels que les micro-trottoirs ou les réflexions des auditeurs ou téléspectateurs. Par ailleurs, une plus grande neutralité du ton et l’emploi plus fréquent du conditionnel seraient aussi les bienvenus, évitant de gonfler trop de baudruches qui éclatent plus ou moins rapidement mais toujours après que le mal soit fait. Il faut aussi que les journalistes de la radio et de la télévision, comprennent que ce qui intéresse l’auditeur ou téléspectateur est ce que pense, dit (ou ne dit pas) l’invité de leur émission qui est censé connaître le sujet dont il parle et non pas ce que pense ou dit le journaliste : qu’ils laissent donc parler leurs invités !

 

La deuxième recommandation est plus difficile à mettre en oeuvre : il s’agirait de calmer les plus ambitieux ou les plus pressés de nos jeunes journalistes (comme il conviendrait d’ailleurs de le faire aussi pour certains jeunes magistrats), dans leur recherche forcenée de l’information qui marque ou qui scandalise ce qui les conduit trop souvent, à faire un travail d’émotion plutôt que d’information sous prétexte de journalisme d’investigation ou tout simplement par désir de se faire rapidement une renommée. Sans parler des animateurs des émissions ou revues volontairement iconoclastes, souvent plus grossières que drôles, les présentateurs des « informations » par exemple, sont trop enclins à vouloir se faire remarquer par des observations, un ton ou des mimiques hors de propos pour qui connaît le sujet dont on parle… et ceci devient difficile à accepter lorsqu’il s’agit de journalistes du service public dont la mission est d’abord d’information. France Inter et France 3 en sont coutumiers mais cela arrive aussi parfois à RFI et Antenne 2. Un présentateur n’est pas un commentateur !  

Le petit bourgeois que nous sommes devenus dans notre moderne société de médiocre classe unique, a été drogué au scandale, le plus souvent « gonflé » à partir d’un événement banal et trop de journalistes lui fournissent complaisamment sa dose quotidienne au lieu de le prendre par la main pour le sortir de cet univers malsain de sur-information… et parfois de désinformation lorsqu’on s’aperçoit qu’il n’y avait en fait, pas de scandale du tout.

 

Allant plus loin, le troisième souhait serait que les media au lieu de privilégier le sens du vent qui fait évidemment plus d’audience ou de tirage, multiplient les réflexions suffisamment approfondies à savoir celles qui ne transforment pas systématiquement les débats en combat idéologique ou en simple dérision, pour que ladite « audience » étant mieux informée des problématiques réelles et de la relativité des choses, devienne progressivement plus ouverte à la recherche et aux propositions de solutions. Les émissions qui s’efforcent de faire le point objectivement sur des sujets économiques, sociaux ou de politique internationale comme par exemple, Rue des entrepreneurs sur France Inter ou C dans l’air/Mots croisés sur France 2 sont trop rares ou deviennent insuffisamment audibles sous le flot du passionnel et du compassionnel qui déborde par ailleurs jusque dans la présentation trop souvent biaisée des simples « informations » . La mission de l’audiovisuel public reste pourtant d’éducation et d’information. Ne serait-il pas plus convenable en effet, et de meilleure information, de laisser les gens s’expliquer ou de rechercher très professionnellement leurs explications voire même se faire l’avocat du diable pour présenter toutes les facettes d’un problème, plutôt que chercher à déstabiliser (« se payer ») les interlocuteurs invités, les contredire à peine ont-ils prononcé leur première phrase ou pire encore, commencer à tourner les choses en dérision dès lors qu’on est à court d’arguments comme le font systématiquement les amuseurs de la télé ou de la radio ? Cette attitude est évidemment le signe d’un jugement a priori, très peu professionnel, et d’un blocage intellectuel fâcheux à l’encontre de la personne que l’on reçoit et de ce qu’elle va dire ou de ce qu’on croit qu’elle va dire.

Ne serait-il pas enfin, plus honnête, plus exact et tout aussi intéressant de fournir au moins autant d’information sur ce qui marche que sur ce qui ne va pas, sur les réussites et le positif que sur les échecs et le négatif ? La balance n’est pas tenue égale entre les deux et, à la longue, le moral du pays s’en ressent nécessairement.

 

Les citoyens ont besoin des « media » pour sortir de la morosité et reconquérir la confiance et l’élan qui leur permettront de surmonter les défis qui les attendent. Que les journalistes fassent mentir Dante, « vous qui entrez ici, laissez toute espérance » : ce n’est pas ce discours pervers qu’ils doivent tenir, il s’agit au contraire, de redonner l’espoir et la volonté d’en sortir. Les media sont en effet, garants de notre information et le signe visible de l’existence de notre liberté mais ils ne doivent pas se rendre complice de la « médiocrisation » de l’esprit public. Ce serait leur honneur et sans doute leur devoir de ne pas toujours suivre ou flatter les mouvements premiers de la masse de leurs lecteurs ou auditeurs même si c’est commercialement et donc financièrement, plus difficile.

Nos jeunes journalistes sortent de très brillantes écoles de journalisme où ils sont formés au moule d’une culture générale, sans doute trop aseptisée et convenue, mais où on réussit la gageure de leur apprendre l’insolence tout en restant dans le conforme : ils seraient probablement tout aussi capables de « sortir du cadre » et de relever d’autres défis, dans la compréhension du monde et l’éducation des peuples. Cela aurait plus de gueule et d’utilité que de rechercher quelque « coup » médiatique pour une gloire éphémère ou de cultiver systématiquement la morosité des masses, dans le « correct politico-social » du moment, par obsession du tirage ou de l’audience. Bref, les journalistes n’ont aucune légitimité à se prendre pour « l’opinion », ils ne sont pas les représentants du peuple ni un quelconque « quatrième pouvoir » : ils n’ont qu’un rôle, essentiel cependant, celui d’informer les masses sur les évènements du monde, les facteurs et les acteurs …. et il serait très suffisant que leur intelligence des choses et leur esprit critique les amènent à le faire sereinement ! En France, des journaux comme le Monde et le Figaro mais aussi le fameux « service public de l’audiovisuel », qui se prétendent ou sont qualifiés « de référence », devraient montrer la voie en débarrassant leur ligne éditoriale de leur conformisme respectif. On pourrait en attendre raisonnablement que les autres media les suivent au plus près de la réalité du monde plutôt que de ses fantasmes et au plus près de ses perspectives d’avenir plutôt que de ses chimères.