Les poncifs, erreurs et contre-sens sur la pauvreté et le développement… la confusion passionnelle et compassionnelle

 

Résumé

Ne pas confondre développement et « assistantialisme »… Bénéficiaire passif ou acteur responsable ?  c’est toute la question…

… et beaucoup d’autres inepties : le colonialisme et l’excuse de l’exploitation, la dette qu’il faudrait remettre, les termes de l’échange, la Politique Agricole Commune qui ruine les pays pauvres, l’illusion des annonces politiques et journalistiques …

Des demi-vérités, vraies erreurs ou inquiétudes indéfiniment ressassées, finissent par devenir des dogmes ou se transforment en des peurs séculaires : les prophètes du réchauffement climatique après ceux du Club de Rome, le nucléaire ostracisé, les OGM que l’on fauche, … de la dictature du prolétariat à celle de l’écologisme ?

… enfin, les à peu près, idées fausses ou approximations des économistes, ingénieurs ou sociologues : attention aux standards, aux modèles et aux obsessions des spécialistes quand ils prétendent à la généralité.

Texte complet

Ne pas confondre développement et assistantialisme

 

Le travailleur-consommateur européen, a peur car il sent que le monde extérieur le pousse de plus en plus vite, que ce dernier n’est pas nécessairement bon, qu’il fera donc passer ses problèmes et ses besoins en priorité et qu’il faudra bien un jour se mettre à courir avec lui.  Mais il reste débordant de bonté, de solidarité et de compassion pour les pauvres de ce monde qui ne bénéficient pas du même confort ni de la même protection que lui. Il donne donc volontiers une part de son gâteau soit directement à la suite des grandes émissions de la télévision catastrophe soit par le biais de l’aide au développement et de ses impôts soit encore par celui des associations ou ONG. Il soulage ainsi sa conscience en faisant le bien sans toutefois, avoir la moindre notion de ce que représente son action généreuse par rapport à l’immensité et à la complexité des problèmes à résoudre.

 

C’est là que la confusion  commence : on proclame que l’on veut le bien du tiers monde mais pas la globalisation, exactement comme on exige un emploi bien payé tout en rejetant l’entreprise et le patron qui peuvent le payer, on veut bien donner mais sans altérer ses facultés de consommation ni diminuer sa protection. Cette attitude se répercute très exactement sur les conceptions de l’aide au développement de nos organisations publiques bi- et multilatérales de coopération et de nos ONG alter-mondialistes hautement idéologisées et politisées : on fait de l’assistance mais on n’a pas l’idée, la volonté ni la compétence d’encourager les gens à l’effort pour qu’ils deviennent autonomes et libres de leurs choix. On parle pour la forme, de pérennisation des actions et de développement durable mais on ne sait ni comment faire ni ce que cela implique. Bref, la pensée et l’action de nos associations de défense des droits et de promotion d’un « autre développement » sont guidées par d’excellents sentiments  mais elles se comportent  exactement comme les dames de bonnes œuvres des siècles passés, elles font la charité ou la font faire par les gouvernements qu’elles s’efforcent de culpabiliser mais jamais, elles ne parlent de « responsabilisation » des individus, des groupes ou des sociétés envers leur propre développement. Il ne s’agit pas de morale mais bien, d’efficacité à leur apprendre une approche et des méthodes qui leur permettront de se débrouiller seuls par la suite.

Cette approche n’est sans doute pas « vraiment correcte » aux yeux de ces organisations puisqu’elles pratiquent au mieux, l’assistance et pour beaucoup, se limitent à la revendication ou à l’agitation mais il est vrai aussi que la plupart ne savent pas, tout simplement, comment faire face aux problématiques du développement. Faire confiance à l’homme demande en effet, un très grand effort d’écoute pour découvrir ses motivations profondes et beaucoup de patience et d’expérience pour l’aider à développer lui même, les dynamiques latentes du contexte dans lequel il se trouve. Le discours paupériste et assistantialiste est infiniment plus facile. Assistantialisme et bonnes œuvres suffisent donc à ces bonnes âmes pour justifier leurs activités, déployer leur propagande et apitoyer le monde pour satisfaire leurs besoins de financement. On est bien loin de la conception active d’un développement responsable pouvant offrir à terme, une véritable autonomie de décision aux populations « assistées ».

 

La même « philosophie » hors des réalités, préside aux actions de la plupart des associations, pourtant largement subventionnées par l’Etat ou les collectivités locales, qui prétendent « faire » de la prévention, de l’intégration ou du développement dans les quartiers sensibles de nos banlieues. Elles se bornent en général, à « occuper » les jeunes avec quelques gadgets distractifs, sportifs ou culturels sans leur proposer de vrais projets de nature à exciter leur sens des responsabilités, du mérite, de l’effort et de la discipline. Quelques unes bien sûr, font sur le terrain, un travail de responsabilisation en profondeur qui s’avère efficace dans la mesure où les quartiers où elles travaillent sont moins ouverts à la loi des voyous et moins sujets aux troubles sociaux. Elles sont malheureusement trop peu nombreuses en tous les cas, moins nombreuses que celles qui se contentent de s’apitoyer et de remuer beaucoup de vent charitable ou de compassion politiquement intéressée et qui ne font en réalité qu’entretenir le cercle vicieux qu’elles prétendent combattre. Leur action trop souvent, conforte et développe en effet, chez les jeunes dont elles prétendent s’occuper, leur sens déjà suraigu de la revendication et du désordre dans lesquels prospèrent les trafics mafieux jusqu’au jour où l’intégrisme religieux, triomphant sur ce terreau social déstabilisé, viendra les détruire ou plutôt les capter au profit de ses objectifs de conquête totalitaire. Le phénomène est en marche dans les pays d’origine de l’émigration où les élites ont d’ores et déjà failli à leur mission et à leurs devoirs vis à vis de leur peuple comme la noblesse et le clergé français du 18è siècle. Il ne demande qu’à se développer dans les banlieues des villes françaises et européennes, en profitant de l’indifférence des populations souche ou déjà assimilées ainsi que des approches erronées, maladroites ou contre-productives des élites politiques mal informées (les policiers que l’on transforme en nounous des « jeunes » par exemple) et des insuffisances des associations d’aide pensant bien faire.

Ces erreurs d’approche commises dans les quartiers de nos villes trouvent leur pendant exact dans les zones rurales et urbaines des pays en développement. Le seul barrage efficace est de donner aux hommes la possibilité de donner le meilleur d’eux mêmes et de se prouver à eux mêmes ainsi qu’aux autres, leur capacité à se sortir par eux mêmes de leur misère économique, sociale et culturelle comme des individus responsables et autonomes. On exposera plus loin les méthodes et moyens concrets d’y parvenir. Contentons nous de dire ici que seuls, quelques rares experts ou fonctionnaires des organisations publiques de coopération et quelques ONG seulement disposent de l’expérience de terrain, du jugement et de la capacité d’innovation nécessaires pour mener ce combat. Ils ne représentent malheureusement, que quelques points d’appui dans l’immense marais de la pensée et de l’action de développement.

 

Tous les chantres de l’altermondialisme ou du tiers-mondisme sont dans cette mouvance romantique qui se résume à une réaction passionnelle à ce qui peut être légitimement considéré comme une injustice au niveau du monde. Elle ne saurait se dire pensée puisqu’une pensée est généralement fondée sur un faisceau de réalités permettant de construire un raisonnement et de tirer des conclusions pour l’action. Un éditorial du Monde de Juillet 2005 reprochait à un homme politique classé à droite son « discours (qui) fuit la complexité d’une authentique compréhension pour les simplifications d’une radicalisation idéologique » : c’est exactement ce que l’on peut reprocher au discours des associations bien pensantes comme celles qui entourent le Parti Socialiste ou encore Attac, DAL, Education sans frontières et autres associations de défense des droits de l’homme en général et des minorités en particulier qui toutes, font miroiter des droits qu’on devrait, pour certains, arracher par la violence aux méchants mais qui ne parlent jamais des devoirs des gentils. Leur discours quant aux personnes, groupes ou individus qu’ils prétendent défendre, s’arrête à la notion de « bénéficiaire » mais il ne leur vient pas à l’idée que leur véritable raison d’être serait d’aider ces bénéficiaires à se transformer progressivement en « acteurs responsables et autonomes » . C’est naturellement très louable de mettre l’accent sur les petites misères du monde, en France ou en Europe, mais il serait beaucoup plus efficace de savoir les traiter et surtout de s’occuper des grandes misères du monde là où réellement, des populations entières n’ont vraiment aucun recours et ont besoin d’un appui massif.  En cela, ils n’ont pas compris la complexité ni l’étendue du problème ; tous parlent beaucoup y compris l’éditorialiste du Monde.

Une pasionaria ex-ministre de la culture d’un pays d’Afrique de l’Ouest, affirmait aussi à la même époque que « l’altermondialisme est une façon de réinventer la solidarité entre les pays du Sud et du Nord et qu’elle ne voulait pas d’une Europe qui affame, humilie, ment, triche,… je veux une Europe solidaire et fraternelle… » : le discours est beau même s’il est faux et il oublie la solidarité entre les pays du Sud eux mêmes, qui pose des problèmes autrement plus difficiles que de demander l’aumône à cette pauvre Europe consentante, compassionnelle et repentante. La même personne déclarait aussi : « les peuples sauvages à coloniser et à civiliser, sont devenus les pays pauvres à démocratiser et à mondialiser, voilà qui est insupportable ». Que veut-on ? continuer sur le mythe du « bon sauvage » en regrettant que la colonie et la civilisation l’aient corrompu et en espérant qu’il parviendra tout seul à surmonter les défis du développement ? On a connu et il y a toujours dans certains pays d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie, des mouvements réactionnaires du type Tupac Catari, Sendero Luminoso, Armée du Seigneur, etc… qui veulent revitaliser les mythes ancestraux, pratiquer un certain collectivisme communautariste idéalisé ou célébrer quelque syncrétisme politico-religieux , mouvements qui à chaque fois, mènent à la catastrophe humaine et sociale.

« Je préfère nos valeurs » ajoute notre pasionaria : cela paraît acceptable car il semble normal que chacun préfère ses valeurs mais il faut faire très attention à ce type de discours qui a aussi été tenu par certains chefs d’Etat asiatiques vantant la supériorité des valeurs asiatiques « contre » les valeurs occidentales (Mahathir Mohammed en Malaisie, Lee Kuan Yew à Singapour …), sans parler des prêcheurs islamistes. Le risque évident est qu’un tel discours dégénère en confrontation plutôt qu’en coopération des civilisations et ce n’est pas, du moins doit-on l’espérer, le but recherché !

Les peuples ne sont plus « sauvages », tous ont eu un contact avec la civilisation occidentale et en ont plus ou moins assimilé les avantages, les inconvénients, les contraintes et les opportunités. Pour leur bien ou leur malheur, chacun appréciera selon sa vision du monde, ils ne peuvent revenir en arrière et ils doivent s’adapter au monde moderne, essayons donc de faciliter cette adaptation autrement que par des discours démagogiques et des injures envers ceux qui veulent y aider et ceci, quelle que soit l’efficacité de leur aide présente. Et surtout posons nous la question du rôle des élites dans la conduite de leurs peuples respectifs sur le chemin du développement : il s’agit pour ces peuples et ces élites, de se prendre en mains c’est à dire, payer ses impôts, faire les bons choix d’investissement et surtout faire prévaloir l’intérêt général des populations sur les intérêts particuliers ou ceux des clans. La démocratie locale est une bonne voie dans ce sens et lorsque les élites y seront engagées, le développement sera donné de surcroît.

 

Là encore, on en revient à la qualité des hommes et des élites. Les peuples pas plus que les individus ne sont naturellement bons ou mauvais, ils peuvent donner le meilleur mais il ne faut pas compter sur une solidarité mondiale utopique pour résoudre les problèmes du développement. L’utopie du pacifisme d’entre les deux guerres puis du Mouvement pour la Paix, instrument du communisme soviétique pour lequel nos intellectuels d’après guerre ont signé des deux mains, sont là pour nous rappeler qu’il ne faut pas tromper les peuples en les berçant d’illusions. Il peut certes, exister des solidarités entre certains peuples ou certains pays à certains moments et elles aideront au progrès commun. Mais il faut être conscient que la compétition est la règle aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement, que des blocs se constituent et qu’il faudra être capable de se défendre économiquement, culturellement, voire militairement pour survivre, pour préserver son indépendance et ses valeurs et aussi pour améliorer son sort car les autres ne le feront pas pour nous . Il faut donc abandonner dans les pays développés, le discours trompeur sur la protection et l’assistance, les droits ne sont en effet, acquis que dans la mesure où l’on fait les efforts d’adaptation nécessaires pour les conserver. Condamner également dans les pays en développement, le discours ravageur de la responsabilité des autres (le colonialisme, l’exploitation, les termes de l’échange, etc…) qui conduisent à démobiliser les bonnes volontés et geler les dynamiques des peuples dont l’émergence et la consolidation sont seules, aptes à les conduire sur le chemin de l’autonomie et du progrès.

 

 

… et beaucoup d’autres inepties

 

Elles ont été si souvent mises en avant et assénées comme explications fondamentales du sous-développement ou comme remèdes miracles, qu’elles en deviennent des articles de foi contre lesquels on ne peut lutter sans se décrédibiliser totalement dans les milieux de la « coopération » : on vous traite alors de rêveur ou d’utopiste … ou vous accuse tout simplement avec condescendance, de n’avoir rien compris au problème ! L’embêtant est que ces gens sont en même temps des décideurs or on ne remédie pas facilement aux erreurs de « casting » dans la fonction publique internationale !

 

D’abord le colonialisme, l’exploitation coloniale et le néo-colonialisme : c’est l’alibi le plus élémentaire mais aussi le plus éventé depuis qu’on ose rappeler que la colonie a disparu depuis 40 à 50 ans et qu’on en est maintenant à la 3è ou 4è génération de « l’après-indépendance ». On peut légitimement penser que si la population n’y meurt pas complètement de faim ou de maladie malgré sa multiplication par trois, quatre ou cinq depuis l’indépendance, c’est peut être grâce aux hôpitaux, aux infrastructures, au savoir faire et aux outils de production laissés par le colonisateur. Le nouveau pouvoir les aura, dans certains cas développés et améliorés, la plupart du temps avec l’appui de l’ancien colonisateur, ou dans de nombreux autres cas, laissé tomber en ruines avec le soutien idéologique des nouveaux impérialistes « anti-colonialistes ». On en a des exemples innombrables sur tous les continents et dans tous les types de régimes. On ne peut en effet, sérieusement soutenir que le colonisateur aurait dû tout laisser en friche à son arrivée et ne pas importer dans la colonie, les techniques et les équipements qui font que le pays se trouve maintenant, plus ou moins sur le chemin du développement ? De se contenter d’une économie de chasse, pêche et cueillette, on aurait résolu le problème d’emblée, par sa simple négation quitte à chanter sur la terre entière, les vertus et le bonheur des héros de Bernardin de Saint Pierre dans leur beau jardin tropical ! On en était encore là, il y a quelques années dans certaines discussions avec quelques ONG romantiques qui prétendaient défendre les droits des indiens à la vie sauvage, dans le cadre des projets de l’organisation du Traité de Coopération Amazonique ! C’était beau et gentil mais totalement surréaliste.

 

La dette qu’il est de bon ton de vouloir remettre parce qu’elle serait une manifestation de néo-colonialisme et d’exploitation des pauvres par les riches ( !). Dans un Figaro économie de Juin 2005, on peut lire ce titre à propos de la dette : « les ONG font monter la pression sur le G8 ». Il s’agissait d’Attac et d’Oxfam en particulier. Certes, il est difficile de rembourser la dette quand on a mal usé de l’argent emprunté mais que dire de l’injustice commise à l’égard de ceux qui ont fait l’effort d’en rembourser au moins une partie lorsqu’on accepte d’effacer la dette des autres ? Revenons plutôt à une exacte appréciation des choses :  la dette peut être publique ou privée, interne ou externe mais elle a dans tous les cas, été contractée par le pays, son gouvernement ou ses entreprises ; elle ne leur a pas été imposée ! La seule question est de savoir ce qu’ils en ont fait or ce n’est pas toujours brillant même si pour les excuser un peu, on peut admettre que, parfois, des experts ou organismes extérieurs les auront éventuellement mal conseillés et que des banquiers auront pu les pousser à contracter des prêts pas vraiment indispensables. Le pays reste évidemment responsable de sa dette ou alors, mérite-t-il d’être indépendant et de décider souverainement ? Demander ou accepter de remettre la dette relève de l’aumône et traduit tout simplement le laxisme du pays donateur et le peu de considération qu’il a pour l’irresponsabilité du pays demandeur. Dans la mesure cependant, où le bailleur et le récipiendaire conviendraient d’une remise de dette pour dépasser un moment conjoncturel difficile, celle-ci devrait s’accompagner d’une mise sous contrôle (pour ne pas employer le mot de tutelle) systématique de l’utilisation de tout nouveau prêt éventuel. Le vrai problème est de prévenir le mauvais usage des fonds prêtés ou donnés donc d’en contrôler l’utilisation.  Cela paraît évident à l’esprit le plus simple mais l’absence de fait d’un tel contrôle est la raison majeure de l’échec de beaucoup de programmes de coopération. Les banques privées elles mêmes devraient mettre sous contrôle leurs prêts aux entreprises ou aux gouvernements : elles y seraient bien obligées ou elles ne prêteraient pas si elles ne bénéficiaient de garanties adéquates ! Du côté du secteur public international, les organismes prêteurs ou donateurs bi- ou multilatéraux manquent du courage politique et de la volonté réelle de mettre en oeuvre un système de contrôle efficace. Le procédé est en effet, « politiquement incorrect » et les organismes comme la Banque Mondiale ni même la Commission Européenne, n’osent l’imposer aux gouvernements receveurs. Quant aux fameuses conditions souvent qualifiées de « draconiennes », elles ne sont en réalité, mentionnées que pour la forme dans les accords de prêts ou de dons et leur réalisation est toujours appréciée de façon extrêmement bienveillante pour ne pas dire laxiste. Ils ont tort et parlant de la Commission, ce « benign neglect » peut lui être d’autant plus reproché qu’il s’agit de dons et non de prêts, les dons étant définitivement perdus lorsqu’ils sont mal utilisés alors que les prêts sont censés être récupérés par le bailleur ce qui est un moindre mal. Nous reviendrons sur cette carence lorsque nous aborderons le sujet du contrôle de la coopération et des systèmes de partenariat en co-direction qui ont fait leurs preuves il y a quelques années, en Amérique latine et en Asie.

 

Les termes de l’échange sont aussi très souvent invoqués et on y ajoute l’exploitation évidemment « éhontée » des ressources des pays pauvres par les multinationales (les ex-grands monopoles d’autrefois si chers au parti communiste !). Il y a certes, des hauts et des bas de la demande qui se traduisent par des fluctuations souvent violentes des prix des matières premières. Cela rend évidemment très difficile la gestion de leurs ressources naturelles et de leurs finances par les Etats concernés . Il n’en demeure pas moins qu’ils profitent des hauts comme ils pâtissent des bas même si beaucoup d’efforts sont faits pour mieux réguler les prix. Malheureusement, on ne peut pas vraiment changer cet état de choses dans la mesure où on ne peut évidemment pas obliger les consommateurs à consommer ce dont ils ne veulent pas ni empêcher que le progrès technologique ne trouve parfois des substituts qui peuvent ruiner le marché de telle ou telle matière première. Ainsi vont le café, le coton, les épices, le caoutchouc, la bauxite, l’acier, le cuivre, etc…  Le pétrole mérite une mention à part dans la mesure où chaque 20 ou 30 ans, de savantes études s’inquiètent de son prochain épuisement. Ceci arrivera bien un jour mais cette date fatidique recule sans cesse grâce à la mise en œuvre de nouvelles technologies d’exploration et de production et à la possibilité ouverte par l’augmentation des prix, d’exploiter des gisements de pétrole voire de schistes ou sables bitumineux dont l’extraction n’était pas rentable auparavant. Ceci nous amène à souligner une contradiction majeure des thèses écologistes intégristes qui rejettent le nucléaire considéré comme diabolique alors qu’ils remuent par ailleurs, ciel et terre pour obliger chacun à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. Il est d’ores et déjà certain que ni les énergies alternatives (éolienne, bio-masse ou géothermique) ni les économies d’énergie ne seront suffisantes face à la demande des nouveaux pays en cours d’industrialisation…. sauf à leur demander de différer leur développement de quelques décennies ! La fusion nucléaire dont le projet ITER porte les espoirs, sera sans doute la solution dans la mesure où  elle permettra de produire sans limite une énergie propre c’est à dire sans déchets. L’idéologie ne mène vraiment à rien de bien concret ni de raisonnablement acceptable par la société ! On retrouve là, le même blocage intellectuel dont souffrent nos associations et syndicats conservateurs qui, pour préserver leur fonds de commerce, poussent leurs ouailles à s’arc-bouter sur leurs droits acquis et à refuser tout changement non dûment compensé et protégé. C’est désespérant mais il faut tenir bon !

 

 « La PAC ruine les pays pauvres » : c’est probablement l’ineptie la plus répétée dans le galimatias « Europe-OMC-Développement » mais elle devient vérité à force d’être répétée par les experts et les journalistes. En réalité, hormis le fait que l’Europe est depuis des décennies, le « bloc commercial » le plus ouvert au reste monde y compris pour les produits agricoles, la proposition est tout simplement fausse car les gens du Sud ne consomment pas les mêmes produits agricoles que les gens du Nord. Les vietnamiens et les asiatiques en général préfèrent toujours le riz au blé et allez donc faire manger du blé ou du maïs à un nigérien ou un burkinabé s’il peut avoir du mil ! Produit-on de la banane, du café, du coton ou du mil en Europe ? Quant à la viande et au lait, les pauvres n’ont malheureusement pas la possibilité d’en consommer beaucoup, c’est réservé aux jours de fête et ceci jusque dans les populations purement pastorales ! Dans ces conditions, on ne voit pas bien la concurrence que les produits européens pourraient faire aux produits des pays tropicaux. En réalité et sauf rares exceptions, le problème de concurrence se pose surtout avec les pays du groupe de Cairns c’est à dire les pays développés que sont la Nouvelle Zélande, l’Australie, éventuellement l’Argentine ou le Brésil et bien entendu, les Etats-Unis et le Canada, pour certains produits agricoles hautement « technifiés » (soja, blé, viande, lait, beurre, laine). Il en est d’ailleurs, de même pour la banane dite « dollar », produite en Equateur ou au Honduras par exemple, mais dominée par les grandes compagnies fruitières des Etats-Unis.

Le vrai problème est ailleurs : la concurrence est et va devenir de plus en plus féroce entre les pays du Sud eux mêmes, par exemple, le riz du Vietnam arrive moins cher à Dakar que celui produit au Sénégal ou en Mauritanie, les vêtements chinois inondent les marchés locaux et ruinent les industries textiles africaines ou sud-américaines, etc … Là est la vraie concurrence et le vrai danger pour certaines industries non compétitives d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie. Contrairement aux affirmations commodes et convenues, l’Europe est pour eux beaucoup plus un marché qu’un concurrent.

 

Il faut aussi se garder des illusions que les annonces de politiques, de stratégies, de programmes nouveaux peuvent engendrer dans l’esprit du public qui, n’ayant pas une connaissance suffisante du sujet, ne mesure pas exactement le juste rapport des choses. Cela permet aux gouvernants de s’exonérer à bon compte de leurs responsabilités vis à vis de leur peuple et aux responsables des organisations de coopération de faire état de chiffres et d’actions mirifiques auprès de leurs mandants pour un résultat très souvent discutable mais qui n’est en fait, que très rarement discuté. Un exemple tiré du journal Le Monde qui commet un gros titre en Juin 2005 : « La Banque Mondiale vient de faire deux prêts d’un total de 280 millions de dollars pour réduire les écarts de richesse entre villes et campagne en Chine». On se réjouirait volontiers pour les pauvres chinois si ce n’était risible tant le décalage est fort entre le triomphalisme de l’annonce et l’immensité du problème de la pauvreté en Chine. Un autre Monde du 14 Avril 2006 mentionne que la même Banque Mondiale a quelques soucis avec la transparence de la gestion de son portefeuille de 80 millions de dollars pour 1000 ( sic) projets, sur six ans, au Vietnam : la somme peut paraître importante mais ne représente en fait, que très peu de chose pour une population extrêmement pauvre de plus de quatre vingt millions d’habitants, en particulier si l’argent est mal géré et la stratégie inefficace comme il semble.  Ce type d’annonce est très trompeur car il laisse entendre au lecteur non averti, que de grandes choses sont faites alors qu’il ne s’agit au mieux que d’une goutte d’eau dans l’océan et en tout cas, d’une approche très fragmentée d’un immense problème qui doit être traité autrement. On est ici, victime d’un effet d’optique de même nature qu’au Cambodge vers 1995, quand une cinquantaine d’ONG tourbillonnaient autour d’un nouveau gouvernement fort démuni et très peu expérimenté, donnant l’impression (et finissant par le croire elles mêmes !), que tous les problèmes du pays étaient pris en charge alors que chacune d’elles n’avait en fait, que les moyens de couvrir un ou deux villages sur les dizaines de milliers que compte le pays.

Le décalage étant le ressort du comique, la Coopération est en réalité, une excellente comédie. Elle ne peut en effet, que disperser ses ressources si elle prétend investir et « faire » à la place des Etats : c’est la politique largement pratiquée et familièrement qualifiée de « chiures de mouches » qui ne font que se substituer ponctuellement  à l’action normale de l’Etat et qui du fait de leur dispersion, n’atteignent pas le seuil suffisant pour avoir un véritable effet d’entraînement face à l’ampleur des défis. En réalité, l’aide internationale ne peut être que ponctuelle et partielle dans cette optique erronée mais elle pourrait jouer un rôle majeur dans le développement des pays pauvres si seulement, elle voulait catalyser les énergies des gouvernements et des populations, en démultipliant leur action au lieu de s’y substituer. Il existe à cet effet, des approches et des stratégies efficaces qu’on doit « inciter vivement » voire « obliger » les gouvernements à mettre en œuvre dans la mesure où ils voudraient bénéficier de l’aide. Le développement est en effet, d’abord un problème d’approche et de méthode pour créer les synergies et faire émerger les dynamiques latentes : le problème de l’argent ne vient que bien après et en tout état de cause, il ne sera efficacement dépensé que si les approches et les méthodes utilisées sont les bonnes. Là encore, on en revient à la question centrale de la qualité des élites nationales qui seules, pourraient entraîner leur pays dans le cercle vertueux du développement par leur compétence dans le choix des actions prioritaires et par leur rigueur dans l’utilisation de ressources bien évidemment limitées. Actuellement, compétence et rigueur n’existent pas au niveau requis ce qui met en cause la pertinence des objectifs et surtout des méthodes de la Coopération

 

 

Par ailleurs, des demi-vérités, vraies erreurs ou inquiétudes indéfiniment ressassées, finissent trop souvent par devenir des dogmes ou se transforment en des peurs séculaires.

 

On peut par exemple, classer dans cette catégorie, l’affolement qu’on cherche à créer sur le réchauffement climatique, sans cesse mis en avant par le GIEC (groupement intergouvernemental d’études sur l’évolution du climat ou IPCC en anglais). Celui-ci fonde  la plupart de ses travaux sur les données et conclusions de quelques universités, instituts de recherche ou équipes de chercheurs dont certains, apparemment assez activistes, profitent du GIEC pour assurer la vulgarisation de leurs idées. L’OMM -organisation météorologique mondiale-, le PNUE, Programme des NNUU pour l’environnement et beaucoup d’autres organisations y participent y compris le World Resources Institute dont l’objectif affirmé, beaucoup plus politique que scientifique, est d’« orienter les décisions des élites sur la question de la dégradation de l’environnement ». Le relais est pris en Octobre 2006 par le rapport de Nicholas Stern, universitaire et conseiller du gouvernement britannique après ses passages à la BERD et à la Banque Mondiale. Ce rapport commandé par Gordon Brown, alors ministre des finances de Grande Bretagne, dans la foulée du « spectacle politico-écologiste » de l’ex-vice-président américain Al Gore, prédit pour la fin du siècle des catastrophes économiques « de l’ampleur de celles qui ont suivi les grandes guerres et la grande dépression de la première moitié du vingtième siècle ». Les stratégies préconisées, bourses de permis d’émission, coopération mondiale pour développer les technologies propres, lutte contre la déforestation, aide au développement, restent très consensuelles. Rien à redire à tout cela à part le bruit et le spectacle politique et médiatique qu’on en fait . Au palmarès du GIEC/IPCC, on trouve évidemment les Etats-Unis gros utilisateurs de technologies voraces en combustibles fossiles mais aussi la Chine, la Russie et bientôt l’Inde dont le développement industriel provoque des pollutions multiples extrêmement ravageuses et se révèle très émetteur de gaz à effet de serre au regard de leur niveau de développement alors que les nations européennes se montrent aujourd’hui, relativement plus respectueuses de la planète en raison de l’origine nucléaire d’une forte proportion de leur production d’électricité (un tiers en moyenne européenne avec un pic à 78 % pour la France).

Contentons-nous ici, de noter que des milliers de scientifiques, plus nombreux encore que ceux qui tournent autour du GIEC et de ses organisations-satellites, ne se contentent pas de positions politiquement et « environnementalement correctes » et s’abstiennent de participer à cette campagne pour des raisons de déontologie scientifique. Le géophysicien Claude Allègre pense qu’il est contre-productif d’apeurer le monde comme on le fait et qu’il y a beaucoup d’autres raisons que les émissions de gaz carbonique au développement de l’effet de serre et au réchauffement constaté (activité solaire, axe de rotation terrestre, alternance naturelle de périodes froides et chaudes, …) et que l’interaction des océans et de l’atmosphère est encore mal cernée.  En fait, personne n’a encore répondu aux deux questions fondamentales : quelle est la part de l’effet de serre dans le réchauffement climatique par rapport aux autres causes possibles ? quelle est la part des activités humaines dans le développement de l’effet de serre ? Notons seulement qu’il y a déjà eu de nombreuses périodes de glaciation et réchauffement dans les siècles passés par exemple, le refroidissement du 17è siècle en Europe, l’établissement des vikings au Groenland à la fin du premier millénaire, le recul des glaces en Europe et la désertification de l’actuel Sahara il y a quelques milliers d’années sans même parler des cycles de l’époque des premiers hominidés, Toumaï, Lucy il y a quelques millions d’années, etc…). Revenant à notre époque, observons encore que la NASA (Goddard Institute for Space Studies) après correction des erreurs de ses modèles climatiques, a finalement reconnu que les six années les plus chaudes aux Etats-Unis ont été enregistrées dans les décennies 1930 et 1940 et non dans les décennies 1990-2000 c’est à dire bien avant que la plus grande partie des émissions humaines de gaz à effet de serre ne se soit produite. Enfin, la simple référence aux années d’avant-guerre ou au 19è siècle pour stigmatiser les étés « caniculaires », les hivers doux, les tempêtes exceptionnelles ou les précipitations diluviennes, montre que ces « catastrophes » s’étaient aussi produites autrefois sans qu’on ait besoin d’évoquer le réchauffement climatique à tout bout de champ. A l’opposé on évoque la fonte de la banquise, le recul des glaciers, le changement des périodes de nidification et des habitudes de migration des oiseaux, etc… pour en démontrer l’existence. De nombreux exemples ou références à tel ou tel événement peuvent ainsi être cités dans un sens ou dans l’autre.

Bref, les causes du réchauffement climatique sont très discutées et encore incertaines et il serait, semble-t-il, plus sage de s’occuper sérieusement d’écologie plutôt que de verser dans l’écologisme. Une urgence est par exemple, de soigner la qualité et de la distribution de l’eau dans les différentes régions du monde où elle manque, de prendre les mesures concrètes nécessaires pour prévenir et combattre les déséquilibres climatiques locaux, de sensibiliser les gens aux excès et gâchis de leur consommation d’énergie et de matières premières. A cet égard, il faut sans doute revenir à la sagesse de nos grands mères qui, avant que le petit bourgeois ne se mette à « consommer » trop goulûment, économisaient ce qui était rare mais il faut faire attention au choix des priorités d’investissement pour éviter un gâchis plus considérable encore. Par exemple, les économies de chauffage et la diminution corrélative des émissions de gaz carbonique qu’on peut attendre d’une meilleure isolation des bâtiments ne semblent pas justifier l’investissement si on les compare aux avantages économiques et écologiques beaucoup plus considérables qu’on pourrait tirer, en particulier dans les pays en développement, du même montant d’investissement en production d’électricité nucléaire se substituant au charbon, au gaz ou au pétrole (voir à ce sujet les discussions en cours sur les mesures prévues du « Grenelle français de l’environnement » et l’intéressant article du professeur Rémy Prud’homme de Paris XII dans le Figaro du 3 Janvier 2008).

Il semble donc que la voie la plus efficace pour « durabiliser » le développement de la planète soit surtout, de continuer à développer activement les industries ou technologies qui se substitueront peu à peu aux activités actuelles, trop polluantes ou trop consommatrices de ressources naturelles non renouvelables. On peut légitimement préférer cette vision de l’avenir au malthusianisme de ceux qui continuent de préconiser les utopies de la croissance zéro voire de la décroissance qui seraient nécessairement accompagnées d’une réglementation toujours plus dictatoriale ! 

 

On a subi le même type de campagne dans les années 70, avec les recommandations du rapport Meadows et de ses collègues du MIT, commandé par le Club de Rome dont l’idée de croissance 0 était seule apte selon eux, à concilier développement et exploitation à long terme des ressources naturelles. Quelques années plus tard, l’étude Interfuturs conduite par J. Lesourne pour l’OCDE, est heureusement venue remettre les choses en perspective et a replacé le concept de croissance positive sur les rails en démontrant qu’il n’y avait pas de « limites physiques insurmontables » au développement tout en confirmant cependant, qu’il faudrait « dorénavant se préoccuper de plus en plus de l’impact des activités humaines sur l’environnement sous toutes ses formes ». Il fallait à la nouvelle économie post-industrielle, une « autre forme de croissance » plus économe des ressources naturelles non renouvelables et fortement orientée vers la recherche de nouveaux types d’énergie et de matériaux qui permettent de faire face à l’énorme augmentation des besoins d’une population mondiale croissante et en développement rapide.  La voie était ainsi ouverte vers les déclarations des Conférences de Rio de Janeiro (1992) puis Kyoto (1997) puis Johannesburg (2002) sur le développement durable et la responsabilité des Etats à cet égard. La CNUCED définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». L’économiste Jean Paul Fitoussi dans un article du Monde de Septembre 2006, résume d’ailleurs très justement la situation en disant que notre évolution est gouvernée par deux forces complémentaires : d’une part, notre consommation avec l’épuisement consécutif des ressources non renouvelables auquel s’ajoutent les effets environnementaux de notre activité et d’autre part, l’augmentation de nos  connaissances et de notre capacité à faire face aux goulots d’étranglement et à trouver des solutions aux effets négatifs de la croissance. Aux gouvernements de réguler et aux chercheurs de trouver des solutions techniques. On en est là pour l’instant et l’agitation actuelle ne change pas la donne.

 

Le débat sur le nucléaire qu’il faudrait ostraciser et le réchauffement climatique qu’il serait vital de combattre, est typique de la contradiction où s’enferment les idéologues et activistes de l’environnement sauf à ne fonder toute politique de développement que sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables.  Il faut évidemment ré-apprendre à économiser l’énergie polluante comme on le faisait autrefois de l’électricité ou de l’essence avant que le consommateur enrichi ne soit pris dans le tourbillon de la dépense, trouver des techniques de production moins gourmandes de cette même énergie et développer les énergies alternatives. Mais ce ne sera pas suffisant considérant les milliards d’individus qui veulent consommer et produire plus pour vivre un peu mieux. Une croissance mieux équilibrée doit certes, être promue mais on ne peut pas leur refuser le développement avec la croissance de consommation d’énergie que cela suppose.

Il convient en conséquence, dans ce premier demi-siècle, non seulement d’accepter mais de développer systématiquement cette énergie nucléaire tant décriée en commençant par les réacteurs EPR (European Pressurised Reactor) de troisième génération et la mise au point accélérée puis la promotion généralisée des réacteurs de quatrième génération qui, démultipliant des dizaines de fois le taux effectif d’utilisation de l’uranium dont on les alimente, permettent d’accroître d’autant la durée des réserves et de diminuer considérablement  les déchets finaux par la ré-utilisation des déchets intermédiaires . A l’horizon du second demi-siècle, il faudra mettre au point les énergies du futur et en particulier l’énergie de fusion en espérant que le programme ITER de Cadarache donne les fruits attendus vers 2050 .  Il faut enfin, prendre en compte et éventuellement activer la recherche et la mise en œuvre des techniques qui permettront de remplacer les ressources naturelles non renouvelables ou d’en consommer moins. Les recherches et les débuts d’application des bio-carburants, et autres bio-matériaux en dépit des effets pervers qu’ils peuvent avoir sur la disponibilité et les prix des matières premières alimentaires, devraient également permettre de créer de nouvelles activités productives et de réduire dans une certaine mesure, l’appel aux hydrocarbures dans les vingt ou trente années à venir.

La querelle sur les OGM relève du même obscurantisme que celle du nucléaire : les OGM ne sont pas diaboliques en soi, il faut évidemment en mesurer les risques mais ne pas empêcher les recherches qui aboutiront sans doute un jour, à des créations qui permettront de nourrir la planète à meilleur compte tout en la polluant moins. Les combats d’arrière garde de quelques écologistes obtus n’y changeront rien car le monde doit avancer.

Entre temps cependant, le malthusianisme sévit et nombre de politiciens et de chefs d’Etat perdent leur temps et celui de leur peuple. Gardons nous de remplacer la dictature du prolétariat par celle de l’écologisme ! En réalité, les vraies limites au développement et qui probablement, ralentiront aussi le rythme effréné de la croissance des pays en phase d’émergence et donc contribueront incidemment à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, sont la pollution des nappes phréatiques et des eaux de surface avec les pénuries qui s’ensuivront ainsi que la pollution atmosphérique et marine : le phénomène est déjà très avancé en Chine où le régime obnubilé par le plan et les industries dites de base, a fait preuve comme les ex-pays soviétiques, d’une négligence coupable à cet égard ; de même dans la plupart des autres pays industriels émergents, grands comme l’Inde ou petits comme le Liban.

 

 

… enfin, les à peu près, idées fausses ou approximations des économistes et des autres spécialistes

 

Dans la même veine des erreurs qui deviennent des vérités à force d’être répétées, il est souvent risqué de faire une totale confiance à certaines études savantes des économistes et spécialistes des différentes disciplines. Là aussi, les modèles mathématiques méritent souvent d’être recadrés et les conclusions qu’on en tire, sérieusement révisées. C’est le cas par exemple, des études et des cartes sur la pauvreté qui ne prennent en compte que quelques paramètres, qui, une fois projetés ou extrapolés, font commettre des erreurs stratégiques grossières à ceux qui adoptent leurs conclusions sans les passer au crible du moindre jugement critique quant aux hypothèses de base, aux paramètres choisis et aux méthodes de calcul. De même les calculs de PIB qui additionnent des millions de tonnes de pétrole nationalisé avec quelques rares productions industrielles ou de services et des millions ou des milliards de micro-opérations de centaines de milliers de micro-entreprises ou de transactions du secteur informel qu’on est bien incapable d’évaluer.  Quant aux outils de mesure du taux de chômage ou de sous-emploi, ils ont été conçus pour mesurer les emplois du secteur formel (secteur public ou secteur privé déclaré) alors que le secteur informel fait vivre dans le tiers monde, entre 60 et 80 % de la population selon les pays !  Méfions nous aussi des moyennes : on peut avoir dans une communauté rurale, une taille d’exploitation moyenne par famille de 3 hectares mais cela peut aussi vouloir dire que 90 familles disposent d’un tiers d’hectare et que les 10 autres en ont 27 chacune ce qui est très différent ; de même la population d’un pays où le PIB par tête est de 2000 euro mais où le pétrole ou une autre matière première fait plus de la moitié dudit PIB, n’est pas dans la même situation que la population d’un autre pays où l’activité productive et donc les revenus, sont diffusés entre tous les secteurs. Le plus beau reste à dire des calculs de taux de rendement interne (TRI) de projets dont il suffit de faire varier un des paramètres pour inverser les conclusions et le sommet est atteint lorsque les fonctionnaires exigent que l’on calcule ce fameux TRI sur des projets ou programmes dont les impacts sont essentiellement sociaux ou visent la création de dynamiques de développement qui ne sont tout simplement pas mesurables ! Bref, les moyennes et les projections des économistes doivent être très finement analysées et vérifiées par leurs utilisateurs potentiels. On verra qu’il en est de même des conclusions de tous les spécialistes qu’ils soient économistes, sociologues ou ingénieurs dès lors que leurs conclusions ne sont fondées que sur les données ou standards de leur spécialité alors qu’elles prétendraient à la généralité.

Combien de fois ne m’est-il pas arrivé d’écouter ce qui se disait dans les milieux politico-économiques de la coopération internationale et des administrations gouvernementales puis, après vérification, de devoir contredire ces à peu près, ces purs fantasmes ou simples erreurs qui à force d’être répétés, deviennent des articles de foi qui amènent trop souvent les « experts » à raisonner faux et à recommander à côté . C’est heureusement, un phénomène limité aux capitales qu’un peu de discernement et quelques visites sur le terrain arrivent à dissiper. Cependant, supposant que l’on ait le discernement requis et que l’on ait effectué les analyses de terrain nécessaires, encore faut-il avoir le front d’aller contre le consensus ambiant au risque de déplaire voire de perdre quelques contrats … mais c’est finalement, une grande jouissance et très profitable pour tout le monde !!