2 - LES GRANDES TRISTESSES DE LA COOPERATION EUROPEENNE, …

« les chants désespérés sont les chants les plus beaux, j’en connais d’immortels qui sont de purs sanglots… »  *

 L’histoire des dix dernières années de la Coopération européenne, lève le voile sur trois grandes erreurs dans lesquelles « le Diable » semble malheureusement, vouloir faire persévérer la Commission.

La première est la confusion des genres en parlant de partenariat. La belle idée d’appropriation est en effet, le fondement des processus d’autonomisation du développement lorsqu’il s’agit des activités et des acteurs économiques et sociaux de niveau local. Elle est en revanche, inopérante lorsqu’on veut l’appliquer à la gestion de l’aide par les gouvernants nationaux sachant que les concepts d’intérêt général et de « gouvernance » sont encore loin de prévaloir dans leurs idiosyncrasies respectives. Les principes de co-décision et de co-direction dans l’orientation et la gestion de l’aide sont donc, le seul fondement possible d’un partenariat responsable qui ne relève ni de la tutelle coloniale ni d’un assistanat inconsistant. La Commission les pratiquait avec succès en Amérique latine et en Asie, elle a eu le tort de les abandonner en se défaussant de sa part de responsabilité dans la gestion de son aide.

La deuxième faute tient à une confusion stratégique étonnante qui, à l’image de la Banque Mondiale et de beaucoup d’autres, tend à privilégier le secteur « moderne », si cher aux économistes bien qu’il ne crée que très peu d’emplois, et à négliger le secteur « informel » qui à l’inverse, fait vivre entre 60 et 80 % de la population des pays en développement … Et la pauvreté urbaine quant à elle, est pratiquement ignorée ! Les approches des principaux instruments sont inadaptées : elles discourent de « bénéficiaires » au lieu de promouvoir des « acteurs responsables » ! Quant aux approches sectorielles ou à l’aide budgétaire, leur mauvaise gestion par des élites mal préparées et insuffisamment soucieuses du bien public, ne fait qu’entretenir le cercle vicieux du laxisme, de l’assistanat et de la dépendance … le contraire de ce que l’on veut !

La troisième faute est l’incompréhensible aboulie des dirigeants de la Commission devant la réforme du cadre de gestion, les « règlements » et le contrôle financier. Ceux-ci pourtant, sont progressivement devenus la plus efficiente des causes d’inefficacité de la coopération. L’abus des procédures bloque les projets, brise les dynamiques de développement, démotive les « bénéficiaires » tout autant que les fonctionnaires, décrédibilise la politique étrangère de l’Union et malgré cela, s’avère incapable de prévenir le mauvais usage des fonds de l’Union, ne permettant pas un contrôle au fond des décisions prises … là où se produisent les erreurs et les malversations véritablement importantes.

 * Lamartine